Tu ne devineras jamais ce que j'ai vu

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Hermione était dans sa salle commune, finissant de remplir les parchemins que Jiggers lui avait demandé lorsque deux des Maraudeurs arrivèrent, bruyants comme à leur habitude. Plus exactement James parlait fort alors que Remus se montrait plus discret.

Sirius ne tarda pas à les rejoindre, exubérant comme toujours, et Hermione grogna légèrement, agacée. Elle ne tenait cependant pas à entamer une dispute avec eux : même s'ils avaient laissé Severus tranquille depuis que Pettigrew avait montré son vrai visage, elle restait méfiante.

D'un coup, Sirius se pencha vers James avec un large sourire moqueur.
- Tu ne devineras jamais ce que j'ai vu !

Toujours penchée sur ses papiers, Hermione se tendit, crispant les doigts sur sa plume, mais s'obligea à rester immobile. L'enthousiasme de Sirius était bien trop prononcé à son goût.

Il y eu des rires des Maraudeurs et ils chahutèrent, avant que Sirius ne finisse par s'exclamer, visiblement amusé.
- Snivellus était avec ta Lily tout à l'heure.
James grogna et lança des menaces, rapidement modérées par Remus. Apparemment ce dernier avait fini par se rendre compte que leur comportement n'était pas normal.

Hermione resta silencieuse, comme si elle n'avait rien entendu, mais elle ne put s'empêcher d'avoir un coup au coeur. C'était stupide, elle connaissait depuis le début l'amour que le Serpentard portait à Lily Evans. Mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'être... jalouse.

Elle ferma les yeux, respirant profondément, essayant de comprendre sa réaction.
En entendant l'exclamation de James, "Lily est à moi !", Hermione sursauta brusquement, et écarquilla les yeux.

Troublée, ignorant les Maraudeurs qui lui jetèrent un regard surpris, elle se retrancha dans son dortoir, et se laissa aller sur son lit. Les yeux fixé sur le toit du baldaquin, elle laissa échapper un soupir.
Elle était jalouse de l'amour que Severus portait à Lily. Elle aurait voulu être celle qui importait pour le Serpentard.

Quelque part entre le futur où elle avait côtoyé un homme sarcastique et aigri, et le passé où elle apprenait à connaître un adolescent mis à l'écart, elle était tombée amoureuse.
Elle était pleinement consciente de qui il était, elle savait qu'il serait son professeur et qu'il n'hésiterait jamais à l'humilier. Mais le Severus qu'elle fréquentait était un garçon adorable sous sa carapace d'indifférence. Il était intelligent et vif d'esprit et elle aimait passer du temps à discuter avec lui. Même rester en sa compagnie, en silence, était plaisant. Elle se sentait en sécurité et apaisée.

Elle aurait pu accuser le plaidoyer de Harry en faveur de leur professeur de l'avoir influencée, mais au fond d'elle, elle savait que ça n'avait aucun rapport. Elle avait immédiatement fait confiance au jeune Severus, et elle avait eu envie de le protéger.
Severus aurait pu la rejeter, mais il s'était peu à peu ouvert à elle, et l'affection qu'elle avait peu à peu développée s'était transformé en quelque chose d'autre. Quelque chose de plus profond.

Elle eut une pensée pour Harry et Ron, qu'elle avait laissé dans l'avenir, et une larme coula sur sa joue. Cependant, sa décision était prise depuis longtemps, elle savait que désormais sa vie était à cet endroit, dans le passé. Elle n'était pas certaine de pouvoir retrouver la vie qu'elle avait perdu et elle ne voulait pas vraiment savoir ce qui s'était produit après son départ. Les Harry et Ron qu'elle connaissait étaient morts, et si elle parvenait à changer l'avenir, elle serait une étrangère à leurs yeux.


Elle soupira et secoua la tête, en se traitant d'idiote. Severus n'avait d'yeux que pour Lily. Elle savait qu'il avait une fois sacrifié sa vie entière en son souvenir, alors même qu'elle n'avait jamais fait le moindre geste vers lui.
Visiblement, elle venait de se condamner à une vie semblable, à soupirer après un homme qui ne lui jetterait jamais le moindre regard.

Hermione Granger cependant, était une pure Gryffondor. La situation semblait peut être inextricable mais il lui en fallait plus pour l'abattre. Elle se résolut à rester aux côtés de Severus, et à veiller sur lui. Cette fois, Severus Rogue aurait droit au bonheur, et ne serait pas obligé de risquer sa vie en espionnant Voldemort. Il ne serait pas tué lâchement dans une cabane poussiéreuse, il ne serait pas considéré comme un traître.

Décidée elle se frotta le visage, avant de se lever. Elle avait le courrier à envoyer à Jiggers, pour son apprentissage.


*

Sirius et James étaient occupés à se chamailler bruyamment, mais Remus avait parfaitement noté la présence de Hermione près d'eux, et il avait vu sa fuite précipitée.
Il aurait pu attirer l'attention de ses amis, mais il resta silencieux, se demandant ce que cette fille étrange faisait avec le sarcastique et désagréable Severus Rogue.

Lorsque Lily entra, James fondit sur elle, pour exiger des explications. Il était si furieux qu'il ne remarqua pas ses yeux rouges, contrairement à Remus.

Cependant, bien que secouée par la conversation qu'elle venait d'avoir avec Severus, Lily gardait son caractère entier et lorsque James commença une dispute idiote, elle ne tarda pas à hurler plus fort que lui, furieuse.
- Je ne t'appartiens pas, Potter ! Je parle avec qui je veux !

James allait répliquer, mais Remus leva les yeux au ciel, et s'interposa, posant une main sur le bras de son ami.
- Tu devrais te calmer, James.
Sirius renifla et acquiesça.
- Y'a pas de quoi fouetter un niffleur, cornedrue.

Le bref instant de calme permit à Lily de rejoindre le dortoir des filles à grands pas rageurs, les joues rouges de fureur et ses yeux verts lançant des éclairs.

James, entre ses deux meilleurs amis, grogna.
- Elle est à moi !

Remus secoua la tête et gloussa doucement.
- Si tu continues à jouer les hommes des cavernes, ta jolie Lily va te coller un coup de massue sur la tête et aller voir ailleurs.
Sirius ricana, moqueur.
- Un coup de massue ? Oh Lunard, elle va le réduire en miettes oui !

James se frotta le visage et passa une main nerveuse dans ses cheveux noirs, les ébouriffants davantage encore. Puis, il souffla, et regarda ses deux amis l'un après l'autre désemparé.
- Je ne veux pas la perdre...

Sirius passa un bras sur ses épaules pour le réconforter, mais Remus leva les yeux au ciel, et clôtura la conversation.
- Alors cesse de faire l'idiot !

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