Complot

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Après un mois de cours, Hermione était totalement satisfaite. Enseigner à Poudlard était étrangement plaisant, bien qu'elle ne se soit jamais douté qu'elle puisse avoir la vocation de devenir professeur. Professeur de potions qui plus est.

Si elle était d'un naturel joyeux, elle se comportait dans la salle de cours comme le Severus qu'elle avait connu enfant, la partialité en moins. Elle était terriblement intransigeante et ne souffrait pas le moindre bavardage.
Elle avait expliqué sa position dès le premier jour à ses élèves, leur rappelant qu'ils allaient manipuler des ingrédients rares ou dangereux, et que les potions n'étaient pas un jeu. Un chaudron qui explosait pouvait avoir de terribles conséquences et elle plaçait la sécurité de ses élèves en tête de ses préoccupations.

En plus d'avoir sa famille autour d'elle, l'accès à Poudlard lui avait permis de mettre la main sur un horcruxe de plus : le diadème de Serdaigle.


Elle avait longuement débattu avec Severus, Lucius et Narcissa, se demandant si elle pouvait prendre le risque de détruire ceux en sa possession ou si elle devait attendre. Il restait toujours la coupe de Poufsouffle à localiser après tout, et agir de façon trop précoce pourrait conduire Voldemort à recréer des horcruxes.

Puisque Harry Potter n'existait plus de façon officielle et qu'ils avaient la majorité des horreurs renfermant l'âme du mage noir en leur possession - bien à l'abri dans un coffre de Gringotts - ils décidèrent de patienter encore un peu.

Le seul regret de Hermione était de voir que l'inséparable Trio d'or de Poudlard n'existait plus. Harry était à Serpentard et Ron ne lui jetait pas le moindre regard, accroché à ses à priori sur la maison des verts et argent. L'amitié entre Harry et Drago était également un obstacle de taille puisque le rouquin et le blond ne perdaient pas une occasion de se disputer - bien que Harry essaie au maximum de les séparer et d'apaiser les choses. Le petit garçon n'avait jamais aimé les disputes, et il préférait intervenir plutôt que d'assister à une bataille.
Son double était aussi avide de connaissances qu'elle avait été, passant son temps seule à la bibliothèque. Hermione savait qu'elle avait eu de la chance. Le soir d'Halloween, face au Troll, si Harry n'avait pas entraîné Ron à sa suite, elle n'aurait jamais eu d'amis...


Halloween arriva rapidement, et cette fois-ci, il n'y eut aucun incident. Aucun professeur affolé n'arrivant brusquement dans la Grande Salle, aucun Troll se baladant dans une école pleine d'enfants innocents. Juste une petite fille pleurant parce qu'elle était seule, toujours seule, humiliée par ses camarades de maison, dans les toilettes hantées par Mimi Geignarde.
Hermione vit Severus échanger quelques mots avec leur fils avant de la rejoindre, et il déposa un léger baiser sur sa tempe en prenant place près d'elle. Ils échangèrent un sourire tendre.
En tournant la tête, Hermione surprit le regard amusé de MacGonagall sur eux et le regard tendre de Pomfresh - qui avait accueilli Severus comme un fils perdu de vue. Dumbledore, lui, avait les sourcils froncés.

Un frisson glacé dévala l'échine d'Hermione alors qu'elle se demandait à quel point la vie du Harry qu'elle avait connu faisait partie d'un sombre complot ourdi par Dumbledore. Voldemort était peut être le méchant à abattre, le mage noir sanguinaire, mais le Directeur ressemblait de plus en plus à un marionnettiste fou, agissant dans l'ombre. Aussi fou que sa Nemesis.

Elle masqua son malaise du mieux qu'elle put, forçant sa mémoire pour tenter de se souvenir de chaque fait qui pourrait prouver la culpabilité de Dumbledore.

Il était celui qui avait déposé Harry Potter dans le monde moldu sans même vérifier qu'il était en sécurité. En dix années, il n'avait pas une seule fois pris des nouvelles du petit garçon, attendant juste son arrivée à Poudlard.

Il était celui qui avait choisi de placer la pierre philosophale à Poudlard, protégée par des sortilèges que des enfants avaient pu contourner. Il n'avait jamais freiné Harry dans ses explorations, même lorsqu'il désobéissait au règlement. Il avait laissé le petit garçon et ses amis se mettre en danger, encore et encore. Jusqu'à ce que Harry soit face pour la première fois à Voldemort. À un ersatz de Voldemort, vampirisant le corps d'un professeur de Poudlard. Quirell était mort de la main d'un enfant de onze ans, et Harry avait été blessé. Et probablement marqué à vie bien qu'il n'en ait jamais reparlé.

Nauséeuse, Hermione ferma un instant les yeux, masquant son malaise du mieux qu'elle le pouvait. Ils étaient des enfants, et Dumbledore les avait manipulés. Il les avait laissé affronter le danger, sans aucune aide.

Elle ouvrit les yeux pour tourner la tête vers la table Serpentard et trouver celui qu'elle considérait comme son fils. Mais il n'était pas à table, pas plus que Drago. Leur place était vide, comme s'ils étaient partis précipitamment.

Elle se pencha vers Severus, essayant de ne pas montrer son affolement soudain.
- Où est Harry ?

Severus passa la main derrière elle pour lui frotter tendrement le dos. S'il resta impassible, ses yeux onyx brillaient d'une lueur malicieuse, inhabituelle chez lui.
- Ne t'en fais pas, il va bien. Il est avec Drago ils avaient oublié quelque chose...

Elle plissa les yeux, mais l'air confiant de Severus la rassura et elle soupira.

Elle n'eut pas longtemps à attendre puisque Harry arriva, les cheveux ébouriffés, les joues rouges et un large sourire sur le visage. Il traînait par la main une jeune Hermione Granger aux yeux rougis, visiblement un peu hésitante. Drago suivait, d'un pas plus mesuré, mais avec un sourire satisfait.

Hermione cligna des yeux, un peu perdue, voyant son fils raccompagner la petite fille qu'elle avait été autrefois à sa table et échanger quelques mots avec elle avant de repartir vers la table des Serpentard, visiblement content de lui.
À ses côtés, Severus hocha la tête. Il adressa un clin d'œil à sa compagne, et murmura, de façon à n'être entendu que d'elle.
- Je n'allais pas te condamner à une scolarité solitaire alors que tu as eu le courage de tout bouleverser.

La jeune femme baissa la tête, regrettant son chignon serré qui empêchait sa lourde chevelure de masquer son visage et donc son trouble. Elle captura le regard vert de Harry, et lui adressa un sourire tendre, essayant de lui montrer la fierté qu'elle ressentait envers lui. En même temps, elle attrapa la main de Severus discrètement et la serra doucement, le cœur sur le point d'exploser.

Peut être que complot ou non elle avait finalement réussi. Elle avait changé l'enfance de Harry, elle avait rassemblé les horcruxes en grande partie, elle avait empêché l'entrée de Quirell - possédé par Voldemort. La pierre philosophale était peut être à Poudlard mais elle était en sécurité.

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