État liquide

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Certains jours, lorsqu'elle enseignait à la classe des Gryffondor et Serpentard - celle de Harry et Drago, de Ron et la jeune Hermione - elle comprenait l'humeur détestable qu'avait eu le Severus Rogue de l'époque.

Les Serpentard semblaient avoir pour unique but de provoquer inlassablement les Gryffondor, multipliant les réflexions et n'hésitant pas à jeter des ingrédients dans les chaudrons bouillonnants. En face, les rouge et or n'étaient pour autant pas innocents puisqu'ils répliquaient allégrement et provoquaient dès que les choses s'apaisaient.

Sous son regard furieux, Harry faisait profil bas et Drago se montrait autant que possible discret puisque les deux garçons savaient qu'elle étaient implacable et qu'elle ne faisait aucun favoritisme. Ils échangeaient cependant des regards complices avec la jeune Hermione.

Ron Weasley était identique à celui qu'elle avait autrefois connu : prompt au démarrage, incapable de garder son calme dès qu'il était provoqué. Seule la crainte d'une retenue l'empêchait de se mettre à hurler après l'autre groupe. La professeure regrettait juste que Ron ait été conditionné à haïr les Serpentard sans chercher à comprendre.

Lorsque le chaudron devant Ron explosa - provoquant un éclat de rire du côté vert et argent - Hermione grogna.
- Weasley ! Ce qui est dans votre chaudron doit rester à l'état liquide et non pas terminer sur les murs de cette salle !
Le rouquin rougit brusquement, et baissa le nez, tandis qu'Hermione lançait un regard noir à Pansy Parkinson qui gloussait comme une petite dinde.


D'un geste brusque de baguette, Hermione fit disparaître les restes du travail de Ron et soupira.
- Retenue ce soir. Monsieur Rusard se fera une joie de vous superviser pendant que vous me referez cette potion. Si d'aventure, il vous venait à l'idée de ne pas travailler sérieusement, j'ai des chaudrons qui nécessitent un récurage complet.

Ron baissa la tête, les joues rouges, visiblement furieux mais n'osant pas protester. Il se laissa tomber sur son siège, attendant la fin du cours puisque sa préparation était gâchée.


À la fin du cours, à l'instant où tous les adolescents se levèrent pour quitter les cachots, elle intervint sèchement.
- Assis !
Face à son ton sec, tout le monde se réinstalla, et Hermione prit quelques secondes pour les regarder les uns après les autres, savourant les regards coupables.
- Votre comportement est inacceptable. Je me moque bien de vos stupides rivalités inter maisons ancestrales, ou de n'importe quelle autre raison qui vous pousse à jeter des ingrédients dans les chaudrons de vos camarades. Je vous avais prévenu en première année : l'art de brasser une potion peut se révéler dangereux et ce n'est pas une activité à prendre à la légère. L'incident d'aujourd'hui est une preuve de plus. Aussi désormais, chaque fois que je surprendrais un parole négative entre vous, qui sera suivie d'une explosion de chaudron, toute la classe sera en retenue. Et ce jusqu'à ce que vos relations soient cordiales.

Il y eut des murmures de protestation ainsi que des regards furieux en direction de Neville Longdubas qui finissait toujours avec une explosion, et elle haussa les sourcils, prête à réprimander ceux qui oseraient protester.
Sans grande surprise, ce fut Ron qui protesta en premier lieu.
- Mais Madame ! C'est les Serpentard !
Elle plissa les yeux, intérieurement amusée.
- Vraiment ?
Sans se rendre compte du piège tendu, il se précipita.
- Tout le monde sait que c'est une mauvaise maison !

Hermione secoua la tête et grogna.
- Réellement ? Je vis avec un Serpentard et mon fils en est un. Pour ma part, j'appartenais à votre maison. Qu'en concluez-vous ?

Le rouquin ouvrit la bouche et la referma, puis il baissa la tête et haussa les épaules, préférant se taire. Hermione hocha la tête d'un air satisfait et les regarda tous à nouveau.
- Aucune maison n'a raison, aucune maison n'est meilleure. Elle est votre maison, votre famille pendant votre scolarité. En dehors des murs de cette école, ça n'a plus la moindre importance. Vous côtoierez des gens de toutes maisons, de tous horizons. Monsieur Weasley, si un jour vous allez à Sainte Mangouste, ça sera peut être un Serpentard qui vous sauvera la vie. Et l'inverse est également vrai.

Il y eut un lourd silence. Puis Parkison laissa échapper un rire amer.
- Alors pourquoi on nous traite comme des criminels ?

Hermione soupira et s'assit sur le bord de son bureau.
- Voldemort...
La professeure roula des yeux aux mouvements de crainte des adolescents, et elle grogna.
- Ce n'est qu'un nom ! Aucune raison de craindre un simple nom. Donc, je disais, Voldemort était à Serpentard, et il a malheureusement attiré beaucoup de négatif sur votre maison. Il a recruté ses Mangemorts au sein de sa maison, qui ont a leur tour entraîné leurs descendants.

Seamus Finigan plissa le nez.
- Mais ils sont plus des sang-purs à Serpentard ! Ceux qui ne veulent pas se mélanger aux nés de moldus.
Hermione sourit.
- Mon propre fils est un sang-mêlé. Monsieur Malefoy est un sang pur, et ils sont amis tous les deux avec Miss Granger, née de moldus. Il y aura toujours des gens intolérants, ou des camarades éduqués selon des préceptes dépassés. Mais n'en faites pas une généralité !


Ron intervint de nouveau, visiblement perplexe.
- Alors la réputation de Serpentard, c'est juste à cause de... Vous-savez-qui ?

Hermione laissa échapper un rire amusé et se pencha vers sa classe, les yeux pétillants d'amusement. Elle savait qu'elle allait leur donner à réfléchir et elle s'en délectait d'avance.
- Et bien, je vous laisse juger par vous même. Parmi vous, qui savait que Merlin avait été élève ici et qu'il appartenait à la maison Serpentard ? Ceux qui doutent pourront vérifier dans tout bon livre d'histoire disponible à la bibliothèque.

La brunette dut se pincer fortement pour ne pas éclater de rire à leurs expressions. Seul Harry était resté calme, connaissant déjà l'histoire, un léger sourire aux lèvres.
Elle leur accorda un dernier regard et se leva en claquant des mains, les faisant tous sursauter.
- Bien. Vous pouvez y aller, je ne pense pas que mon cher et tendre soit ravi si vous arrivez tous en retard.

Ils s'éparpillèrent tous comme une volée de moineaux et Hermione put se laisser aller à rire une fois la porte fermée. Elle était certaine que le soir même Severus se plaindrait de la quasi catatonie de la classe et lui demanderait ce qu'elle avait bien pu leur dire pour les mettre dans cet état... Elle espérait juste que sa petite remise à niveau porterait ses fruits.

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