Suicide

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- C'est du suicide !

Hermione soupira et ferma les yeux, priant pour que tout ça se termine enfin. Elle voulait plus que tout se retrouver seule avec Severus, et savoir pourquoi il l'avait embrassé à son tour.

Après la bataille sur le chemin de Traverse, alors que Severus l'éloignait de Bellatrix de force pour s'occuper d'elle, les Aurors étaient arrivé, et rapidement, les Mangemorts avaient été mis en déroute. Ils avaient fui en laissant les lieux dans un désordre terrible, mais heureusement, il n'y avait pas eu de morts. Quelques blessés, qui seraient vite sur pieds après un passage à Sainte Mangouste.

Sans surprise, Sirius et James faisaient partie des Aurors et ils avaient immédiatement repéré Severus et Hermione. Les Maraudeurs n'avaient pas fait la moindre réflexion alors qu'ils les avaient vu enlacés et visiblement bien plus proches que de simples amis ou colocataires.

Preuve que les choses avaient changé, les deux jeunes hommes dans leur uniforme sévère étaient immédiatement venus s'assurer que leur ancien souffre-douleur allait bien.
A mi-voix, après avoir lancé un Assurdiato autour d'eux pour que leur conversation ne soit pas épiée, James avait annoncé qu'il existait une prophétie et que sa famille était désormais une cible pour Voldemort.

Hermione et Severus avaient échangé un regard inquiet, et la jeune femme s'était demandé qui avait pu révéler l'existence de la fameuse prophétie à Voldemort...

Puisque son fils était en sécurité auprès de Lily - James semblait avoir toute confiance en Severus pour garder le secret de sa maison - l'Auror était décidé à se placer en premier ligne pour tendre un piège au Mage Noir. Il voulait attirer Voldemort et tenter de le mettre hors d'état de nuire.

Severus avait immédiatement protesté, trouvant ce comportement inutilement stupide et dangereux. Il se moquait bien des risques que pouvait prendre l'ancien Gryffondor, mais il n'admettait pas qu'il puisse attirer l'attention sur lui - et donc sur sa famille - de cette façon.


Face à la dispute stérile qui se profilait, Hermione trancha, agacée.
- Et lorsqu'il t'aura tué, qui protégera ton fils et ta femme ?

James montra les dents, agacé.
- Je ne compte pas me terrer toute ma vie, me cacher en tremblant à l'idée que ce foutu mage noir ne me trouve ! Plus on attend, plus il devient puissant.
Severus ricana.
- Quelle grandeur d'âme, Potter ! Prêt à te sacrifier en bon héros...

James se hérissa, poings serrés.
- Je veux juste mettre à l'abri ceux que j'aime !

Le Maître des potions fixa longuement Hermione, et soupira.
- Moi aussi Potter. Mais avant de foncer sans se préoccuper des conséquences, il faudrait peut être réfléchir à toutes les solutions possibles ?


Pour une fois - probablement pour la première fois de sa vie - Sirius joua la carte de l'apaisement.
- Il a raison James. Si on veut changer les choses, il va falloir se préparer sérieusement et s'assurer que nous n'oublions aucun détail.


**

Finalement, Hermione et Severus étaient rentrés chez eux, laissant les deux Aurors sur place après avoir arraché la promesse à James qu'il ne tenterait rien de stupide dans l'immédiat. Au moins, pas sans avoir plus d'éléments en main.

Les deux colocataires avaient fait le chemin en silence, marchant si près l'un de l'autre que leurs épaules se frôlaient à chaque pas.

Une fois dans leur appartement, leur sanctuaire, Hermione hésita avant de se diriger vers sa chambre pour s'isoler et réfléchir. Mais Severus la rattrapa par le bras pour l'attirer contre lui, dans une étreinte possessive.
- Pardonne-moi Hermione, je suis stupide. Je... n'aurais pas du m'en aller comme ça mais j'avais besoin de réfléchir un peu.

La jeune femme sourit tristement.
- Tout va bien Sev.

Le Maître des potions n'en avait cependant pas terminé, et il ne comptait pas laisser la jeune femme fuir, au risque qu'elle ne se renferme sur elle même.
Il la serra un peu plus contre lui et se pencha pour nicher sa tête dans son cou, déposant au passage un baiser léger sur la peau fine.

Le souffle de la jeune femme s'emballa, et elle se figea, attendant de voir ce que Severus allait faire, le coeur battant la chamade.
- Je suis stupide et aveugle en fait. J'ai été incapable de me rendre compte que j'avais tout ce que j'ai toujours désiré, et je suis resté... fixé sur une illusion qui n'a probablement jamais existé.

Hermione écarquilla les yeux, totalement attentive à chaque mot prononcé. Severus caressa doucement son dos, avec toute la tendresse qu'il éprouvait pour sa fille du futur.
- Lily... Elle a été ma première amie. La toute première personne à faire attention à moi en dehors de ma mère, à ne jamais se moquer de moi. J'ai grandi en la voyant comme... une déesse presque, et je la voulais pour moi seul. J'étais certain de l'aimer tu sais. Je crois que je l'aimais vraiment peut être. En tous cas, j'aurais fait n'importe quoi pour elle, y compris donner ma vie.

Hermione se tendit, en repensant à la vie du Professeur Rogue qu'elle avait connu, ruinée par son amour envers la mère de Harry. Severus soupira et la ramena au présent en déposant un autre baiser dans son cou qui fit naître des frissons sur sa peau. Il reprit, un peu hésitant.
- Tu es arrivée ensuite et tu as tout changé. Je veux dire... j'étais perdu, j'allais... ruiner mon avenir parce que Lily m'avait rejeté pour Potter. Les Maraudeurs me... Enfin. Et puis toi, tu as commencé à me défendre sans rien attendre de moi. Tu t'es imposée, tu as refusé de me laisser tomber. Un jour, je devrais aller à Poudlard remercier Madame Pomfresh de m'avoir ouvert les yeux : c'est grâce à elle que j'ai compris que je ne voulais pas être séparé de toi après Poudlard. Mais malgré tout, j'étais totalement aveugle.


Le jeune homme laissa échapper un léger ricanement, son souffle chatouillant le cou de Hermione qui ne put s'empêcher de sourire.
- Quand tu m'as embrassé, j'étais... perturbé. Perdu. J'ai été voir Lily, parce que je croyais l'aimer elle. Et puis... elle m'a ouvert les yeux. J'ai pris conscience que ce n'était pas auprès d'elle que je voulais rentrer le soir. Ce n'est pas à elle que j'ai envie de raconter ma journée. Et ce n'est pas elle que j'ai voulu protéger sur le chemin de Traverse. J'étais sincère, Hermione. Je ferais tout pour toi, tout ce que tu voudras de moi.

En réponse, Hermione le serra plus contre elle, la gorge nouée, incapable de parler, mais le coeur débordant d'amour pour cet homme exceptionnel. Par ses mots, il venait de faire voler en éclats les fantômes du passé et toutes ses peurs, et elle était prête à affronter tous les obstacles, avec lui à ses côtés.

Une autre vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant