N'être jamais suffisant

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Hermione laissa échapper un ricanement grinçant à l'affirmation de Drago.
- Pas amis ? Bon sang, vous étiez incapables de vous croiser sans vous battre. Tout était bon pour attirer l'attention de l'autre...
Harry gloussa.
- Je préfère maintenant alors.

Hermione secoua la tête, avec un sourire attendri. Puis elle soupira et ferma les yeux un long moment avant de reprendre.
- La mort de Sirius... a exposé au grand jour le retour de Voldemort. Fudge a du démissionner et a été remplacé par le chef des Aurors. Scrimgeour, je crois que tu le connais Sirius ?
- Ouais. Attaché aux règles. Honnête également. Et farouchement contre Voldemort. Il était de toutes les batailles à l'époque...

La maîtresse des potions hocha la tête.
- Donc. Sixième année, début de la seconde guerre puisque les Mangemorts ne se cachaient plus pour mener des expéditions punitives. Drago a été marqué et avait comme mission de faire entrer les mangemorts à Poudlard et... et de tuer Dumbledore. Dumbledore qui a... entraîné Harry toute l'année dans des expéditions secrètes pour mettre la main sur les horcruxes.

Le blond eut l'air horrifié, mais Harry l'attira à lui pour qu'ils soient collés l'un à l'autre, épaule contre épaule. Le brun lui murmura quelques mots à l'oreille ce qui eut pour effet de détendre son camarade, et Hermione ferma les yeux.
Le souvenir de Harry fixant Drago Malefoy en permanence, le suivant, incapable d'abandonner, lui revint en mémoire, et elle pensa qu'ils avaient été aveugles de ne pas se rendre compte qu'ils étaient déjà liés, même s'ils étaient en apparence ennemis.
Elle soupira.
- Les Mangemorts sont entrés dans Poudlard, semant le chaos, et... Dumbledore a été tué.

Lucius avait les poings crispés, et il intervint brusquement, d'un ton rageur.
- Pourquoi je ne l'ai pas empêché de prendre la marque ?
- Parce que tu étais à Azkaban, Lucius. Le jour de la mort de Sirius, tu étais présent et tu as été arrêté. Voldemort s'est invité ici, dans ton Manoir et Drago a accepté la marque pour te sauver et protéger sa mère.

Lucius eu l'air malade, fixant son bras avec répugnance. Narcissa posa la main à l'emplacement de sa marque, comme pour l'assurer de son amour malgré ses erreurs.
Hermione continua, pressée de terminer son histoire. Elle en était à la partie la plus compliquée pour elle, la partie qui provoquait bon nombre de ses cauchemars.

- La septième année... nous ne sommes pas retournés à Poudlard. L'école était sous le contrôle des Mangemorts même si Severus continuait de jouer son double rôle et protégeait autant que possible les élèves. A la place, nous avons erré dans le monde magique, nous cachant des rafleurs, pour terminer la mission que Dumbledore avait donné à Harry : rassembler le reste des horcruxes et les détruire. Par miracle, je ne sais même pas comment nous avons pu nous en sortir indemnes, nous avons réussi. Alors, nous sommes retournés à Poudlard où il restait trois horcruxes.

Sirius grogna.
- Trois sur six ? Avec l'aide de Dumbledore, vous aviez seulement mis la main sur la moitié de ces horreurs ?

Hermione soupira.
- Il y en avait sept à ce moment. Il en a fait un supplémentaire en revenant à la vie. Donc. Nous sommes entrés dans Poudlard par un passage secret, et...

La voix de Hermione se brisa et Severus l'attira brièvement dans ses bras. Il savait bien évidemment chaque élément qu'elle avait exposé, mais l'entendre tout raconter d'un coup l'avait choqué, comme s'il prenait conscience de ce qu'elle avait réellement traversé alors qu'elle n'était qu'une enfant.
Harry se rapprocha d'elle et se redressa pour l'enlacer maladroitement, nichant son visage dans son cou comme lorsqu'il était petit. Hermione le serra contre elle, puis reprit, presque à voix basse, ignorant son auditoire captivé.
- Nous avons trouvé un horcruxe dissimulé dans Poudlard et nous l'avons détruit. Puis... Severus... a été tué sous nos yeux.

Hermione se tendit, revoyant la mort de cette homme qui était son compagnon, cet homme qu'elle aimait plus que tout. Elle se souvenait son sang qui se répandait, la douleur imprimée sur ses traits. L'unique larme qu'il avait laissé échapper en fixant les yeux de Harry, revoyant le fantôme de sa Lily.
Severus se leva pour serrer Hermione et Harry - toujours enlacés - contre sa poitrine, lui murmurant des mots de réconfort inaudibles pour leur auditoire.

Ainsi entourée par la famille qu'elle s'était construite - excepté sa petite Rose inconsciente du drame qui se jouait dans le jardin du Manoir - Hermione reprit avec difficultés.
- Il a transmis les derniers ordres de Dumbledore. Ce dernier savait que Harry était un horcruxe et qu'il devait mourir. Ainsi... Harry a reçu l'Avada en faisant face à Voldemort. Il s'est dressé devant lui, et il n'a pas cherché à se défendre, il s'est juste laissé... il l'a laissé le mettre à mort brutalement.

Hermione laissa échapper un rire nerveux, et secoua la tête.
- Mais Harry... il a survécu. L'Avada a détruit l'horcruxe et Harry s'est relevé. C'est à ce moment là que le chaos s'est déchaîné sur l'école. Les élèves et professeurs étaient décidés à défendre Poudlard, et les Mangemorts se battaient avec les sorts les plus vicieux qui soient. Beaucoup sont morts ce jour là.

Après un soupir perdu, la tête qui tournait sous l'afflux de souvenirs, elle poursuivit.
- Nous étions des enfants... nous n'étions pas entraînés. On répondait aux Avada et aux Doloris avec des Experlliamus ! Quoi qu'ils tentaient, ce n'était jamais suffisant. C'était perdu d'avance. Je crois que Harry le savait, dès le début. Qu'il avait préparé son coup avec soin. C'était mon meilleur ami, et il m'avait confié tous ses secrets. Je croyais qu'il avait besoin de parler pour se décharger de son fardeau, mais il me préparait. Il me donnait tous les éléments pour changer les choses, sans que je ne m'en rende compte. Lorsque nous nous sommes retrouvés côte à côte sur le champ de bataille, il m'a sauvé de la mort, et il s'est sacrifié pour m'envoyer ce sort. Il est mort sous mes yeux, au moment où j'étais envoyée dans le passé...

Drago ricana nerveusement, comme s'il n'était pas surpris par le comportement de son démon d'ami dans ce futur inconnu, mais tout le monde pouvait voir les larmes dans ses yeux, prêtes à déborder. Il resta cependant silencieux, fixant juste Harry.

Severus prit le relais, doucement.
- Et la première personne qu'elle a rencontré, c'est moi. Elle me connaissait comme un professeur de potions aigri et mauvais, un Mangemort espion, et pourtant, elle m'a accordé sa pleine confiance.

Hermione sortit de sa morosité et leva la tête vers lui, ses yeux chocolat plein d'amour.
- Je ne l'ai jamais regretté. Je dirais que ça a été la meilleure décision de ma vie.

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