Flammèche

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Le monde magique était en ébullition et il aurait fallu juste une flammèche pour le faire exploser.

Les attaques des Mangemorts avaient eu pour conséquence de dévoiler aux yeux de tous l'existence de deux camps. Ténèbres et lumière.

La plupart des sang-purs soutenaient sans surprise les idées de Voldemort, bien qu'ils aient tendance à condamner fermement les raids menés par les Mangemorts en public. Cependant, le nombre de fidèles du Mage Noir continuait d'augmenter.
Ils étaient de plus en plus à le rejoindre, à tendre leur bras pour se faire marquer.

Au Magenmagot, c'était la même chose. Deux groupes s'opposaient et la présence même de fidèles au Mage Noir dans les rangs de ceux qui détenaient le pouvoir freinaient l'action de ceux qui voulaient mettre fin au jeune règne de Voldemort.

Sans surprise, la lumière se rangeait derrière Dumbledore. Le Directeur de Poudlard était après tout le vainqueur du combat contre Grindelwald, et tous s'en souvenaient. L'homme était un héros, charismatique. Il était un leader-né, et en tant que président du Magenmagot, dès qu'il prenait la parole il savait rassembler.

Malgré l'inaction flagrante du Ministère, puisque beaucoup de Mangemorts avaient des postes hauts placés et chuchotaient à l'oreille du Ministre en place, Dumbledore parvenait à motiver les Aurors pour contrer les attaques menées régulièrement.


Hermione observait la situation, essayant d'en savoir le plus possible, et réfléchissait. Elle voulait stopper Voldemort, l'empêcher de gagner en puissance, mais elle savait pertinemment qu'il avait déjà des horcruxes de créés, et qu'elle ne pourrait rien contre lui - si elle arrivait seulement à l'approcher.
Elle savait exactement où seraient les horcruxes dans le futur, et leur nombre.
Mais elle ne savait pas quand ils avaient été créés. Agir dans la précipitation pourrait conduire Voldemort à en créer de nouveaux, et le rendre immortel une fois de plus.
Si le Mage noir, au sommet de sa puissance, découvrait l'absence d'un de ses horcruxes, il comprendrait que le camp de la Lumière connaissait son vilain petit secret et il agirait en conséquence, au risque de compliquer la tâche de ceux qui voulaient le freiner.

La jeune femme en devenait presque folle, de ne rien pouvoir faire. De voir les attaques se succéder et les victimes s'amonceler.

Coincée entre son envie d'agir et la prudence, Hermione comprenait soudain Harry et sa culpabilité, puisque chaque mort pesait sur sa conscience. Comme son camarade, elle avait le pouvoir d'agir, mais elle devait attendre en voyant le résultat de son inaction...

Elle voyait souvent Severus l'observer d'un air perplexe, comme s'il cherchait à percer ses secrets, à deviner pourquoi elle était si sombre et si triste.

Une nuit, alors qu'elle venait de se réveiller en hurlant d'un énième cauchemar, il entra dans sa chambre pour la prendre dans ses bras, sans un mot.
Encore perdue dans les souvenirs de la dernière bataille, de ses amis qui tombaient autour d'elle, morts, de l'effroi qui l'avait envahie alors qu'elle se battait avec ses dernières forces, elle s'agrippa au jeune homme de toutes ses forces.

Severus était son pilier. Il était présent dans sa vie, que ce soit en tant que professeur lorsqu'elle était plus jeune, que désormais en ami.
Alors qu'il lui murmurait des mots de réconfort à l'oreille en lui caressant doucement le dos dans un geste apaisant, le souvenir de la mort de son professeur lui revint avec la force d'un cognard et elle écarquilla les yeux, laissant les larmes couler.

Habituellement elle s'interdisait d'y penser. Mais à la faveur de la nuit, alors qu'elle était vulnérable après un cauchemar particulièrement terrible, et qu'elle était près de Severus, le souvenir s'imposa. L'attaque violente de Nagini, ses crocs démesurés déchirant la gorge de l'homme. Le sang autour de lui, écarlate, à l'odeur lourde et métallique.
Lui qui s'effondrait, ses robes noires s'étalant autour de lui presque gracieusement, les deux mains serrées sur la plaie, un air résigné sur le visage, comme s'il avait su qu'il serait tué.

Et puis, Harry qui tombait à genoux près de cet homme amer et aigri, qui le suppliait de ne pas mourir. Harry qui posait sa main sur la plaie, tentant d'endiguer le flot carmin, lançant des sorts de soin inutiles.
Elle avait été juste derrière lui, horrifiée, regardant cet homme puissant à terre, les yeux pleins de larmes. Immobile, incapable de bouger, son cerveau si brillant figé par l'horreur de la situation.

Tous les trois, ils avaient détesté avec passion ce professeur sinistre et injuste. Et pourtant, ils le pleuraient tous les trois, sincèrement, priant pour un miracle.

Juste avant de mourir, il avait révélé ses secrets. Il avait offert à Harry tous ses souvenirs, pour les aider. Il l'avait fixé, émerveillé par ses yeux - les yeux de Lily qu'il n'avait jamais cessé d'aimer.
Et lorsqu'il s'était éteint, Hermione avait hoqueté, et sentit son coeur se serrer.

Qu'importait la marque sur son bras, les millions de points retirés, les retenues et les insultes. Cet homme avait été leur protecteur, agissant toujours dans l'ombre.

Comme si une vanne avait été ouverte, le reste de ses souvenirs l'envahit, alors qu'elle était dans les bras de Severus, pleurant sans pouvoir s'arrêter.
Elle se souvint de Harry, son visage au moment de rejoindre le champ de bataille. Il venait de voir les souvenirs de Severus et en voyant son expression résignée elle avait compris. Elle avait immédiatement deviné qu'elle allait le perdre, et elle s'était jetée dans ses bras, incapable de pleurer encore. Il n'y avait pas eu de mots échangés, alors que Ron et elle, main dans la main, regardaient Harry partir vers son destin funeste.

Elle se souvint de leur recherche du serpent, déterminés à le tuer parce qu'il était un horcruxe. Ils avaient croisé les Carrow, et s'étaient battus avec passion, déterminés à venger leurs camarades restés à Poudlard et victimes de leur "enseignement" particulier. Lorsqu'ils les avaient enfin assommés et ligotés, Ron l'avait attrapé et l'avait embrassé. Ce n'était rien d'amical, loin de là. Un baiser plein de promesses pour l'avenir.
Au milieu du chaos et de la mort, elle avait été si heureuse...

Ils avaient continué leur avancée, et ils avaient vu Greyback attaquer Lavande. Ron s'était précipité pour lui porter secours, tandis qu'Hermione se battait contre Crabbe Senior. Elle avait facilement eu le dessus, et lorsqu'elle s'était tournée pour rejoindre Ron, elle avait vu Greyback lui déchirer la gorge.

Elle avait hurlé, désespérée, attirant l'attention de Harry. Le jeune homme avait vu Lavande au sol, mais pas le corps de Ron ensanglanté et il s'était précipité à son secours. Hermione, hébétée avait voulu le rejoindre, encore sous le choc de l'atroce mort de Ron, mais Bellatrix l'avait vue et semblait déterminée à terminer ce qu'elle avait commencé avec elle au Manoir Malefoy...

Une autre vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant