Une autre vie

L'aube d'un nouvel âge

Ils avaient passé des heures à chercher dans les livres de la bibliothèque du Manoir Malefoy, sans obtenir la moindre information supplémentaire.
Narcissa avait soupiré, et haussé les épaules.
- Tante Wallburga avait peut être quelque chose dans sa bibliothèque ? Je lui rendrais visite dès demain.
- Wallburga ? La mère de Sirius ? Mais...

Hermione fronça les sourcils, essayant de rassembler ses souvenirs sur cette femme. Elle se souvenait de l'horrible portrait hurlant de Square Grimmaud, et de l'amertume de Sirius lorsque le sujet était évoqué. Rien de plus. Narcissa sembla comprendre ses doutes puisqu'elle hocha la tête.
- Depuis la mort de son cadet, elle... s'est repliée sur son chagrin. Elle avait coupé tout lien avec les Mangemorts et le Seigneur des Ténèbres. Elle n'a jamais porté la moindre accusation, mais je crois qu'elle avait des doutes sur ce qui était arrivé à mon cousin Regulus.

Se souvenant du médaillon et du récit de Kreattur, Hermione acquiesça.
- Regulus s'est apparemment rendu compte qu'il avait pris un chemin dangereux. Il a découvert grâce à l'elfe de maison des Black, Kreattur, que Voldemort créait des horcruxes et il a... tenté de l'arrêter.

Narcissa écarquilla les yeux et se pencha vers Hermione, avide d'en savoir plus.
- Qu'est il arrivé à mon cousin ?
- Kreattur a été utilisé pour dissimuler un horcruxe dans un endroit... vraiment terrifiant d'après les dires de Harry. Il y avait un lac à traverser pour atteindre l'objet. Cependant au moment de quitter les lieux, Regulus a été entraîné sous l'eau par une armée d'inferi crées par Voldemort. Il a juste eu le temps d'appeler Kreattur pour lui faire jurer d'emmener et de détruire l'horcruxe.

Les poings de Narcissa se serrèrent et elle jeta un coup d'oeil furieux en direction de son époux.
- Et tu hésitais à changer de camp ? En plus d'être fou, c'est un monstre qui n'a pas le moindre respect pour nos défunts ! Des Inferi... c'est... répugnant.

*

Une fois rentrés chez eux, Hermione souffla doucement, et passa une main tremblante dans ses cheveux.
- Je suis désolée de t'avoir caché cette histoire d'horcruxes... J'aurais dû t'en parler plus tôt, mais j'avais peur...
Severus laissa échapper un ricanement moqueur et il l'attira contre lui.
- Ne sois pas stupide, je serais le dernier des idiots de ne pas comprendre. Tu as tellement de choses à penser, tellement de poids sur les épaules...
- Mais...
- Hermione. Si j'ai besoin de savoir quelque chose, je te poserai la question, et tu décideras si tu peux me répondre ou non. En attendant, nous prendrons les choses au fur et à mesure.

Trop émue pour répondre, elle hocha lentement la tête, et jeta un coup d'oeil sur Harry, qui dormait à poings fermés dans le petit lit qu'ils avaient métamorphosés. Severus lui frotta doucement le dos et murmura.
- Va te reposer, tu en as besoin. Tout va bien, il est en sécurité avec nous.

La jeune femme eut une grimace amère.
- Et après ? Ils croient tous être à l'aube d'un nouvel âge, alors que le monstre est juste... assoupi.
- Ma douce. Profitons de la trêve pour reprendre des forces et être prêts à le terrasser alors. Si tu ne cesses pas de te torturer avec toutes ces questions, je te jure que je te force à prendre une potion de sommeil sans rêves... Nous sommes saufs, Black aussi. Harry est en sécurité avec nous. Les Malefoy sont de notre côté, ce qui est un atout non négligeable. Il n'y a rien que tu puisses faire de plus pour l'instant.

Vaincue, Hermione se laissa entraîner dans la chambre et Severus la borda avec tendresse, déposant un baiser sur son front. Voyant qu'elle fronçait les sourcils, il lui sourit.
- Le temps de prendre une douche et je te rejoins, d'accord ?
Elle hocha la tête et se laissa aller, glissant dans le sommeil sans même s'en rendre compte.

Une fois sa compagne endormie, Severus soupira et se pencha au dessus du berceau, fixant Harry avec attention. Observant sa cicatrice, il passa un doigt léger dessus avec une grimace. Quoi qu'il arrive, il devait trouver une façon de faire disparaître cette marque, pour le bien du petit garçon.

Il prit soudain conscience qu'il allait élever cet enfant comme le sien.
Il n'avait jamais pensé à fonder sa propre famille. Il ne connaissait de la paternité que le comportement abusif de son père, son alcoolisme, et ses hurlements. Il s'était juré de ne jamais perpétuer la lignée, comme s'il craignait qu'un jour il puisse reproduire les gestes de Tobias Rogue.

Après sa dispute avec Lily, il avait pensé qu'il resterait seul à jamais, à ruminer sur le passé avec amertume.
Puis, Hermione était arrivée. Sa fille du futur au caractère bien trempée, qui avait tout bouleversé comme une tornade.

Elle avait chassé la mélancolie de sa vie, et elle lui avait tant apporté... Il avait eu besoin de beaucoup de temps pour prendre conscience que Lily n'était plus qu'un souvenir dans son coeur, et que Hermione avait pris toute la place.
Il n'avait pas hésité à accepter le fait qu'il veuille passer sa vie à ses côtés. Il n'avait comme expérience de la vie de couple que les hurlements de ses parents et le souvenir de son père qui battait sa mère dès qu'il buvait un peu trop - bien trop souvent - et il aimait ce qu'ils avaient avec Hermione. Ils se complétaient parfaitement, et avaient trouvé leur équilibre.

L'arrivée d'un enfant - de cet enfant - allait tout changer. Le petit Harry allait faire voler en éclats leur quotidien, et les forcer à s'adapter à de nouvelles habitudes. Pourtant, il n'envisageait même pas d'abandonner le petit orphelin à son triste sort. C'était le fils de Lily, sa première amie et son premier amour.

Il soupira et jeta de nouveaux sorts de protection sur la porte de leur appartement, avant de se diriger d'un pas lourd vers la salle de bains comme il l'avait initialement prévu. Il prit une longue douche brûlante, fermant les yeux et essayant de se vider la tête.

Il eut ensuite l'impression que toute la fatigue accumulée depuis l'annonce de la mort de Lily et de son mari lui retombait dessus et il rejoignit Hermione - déjà profondément endormie.
Il la serra contre lui, sans la réveiller, et il la rejoignit au royaume des songes à peine sa tête posée sur l'oreiller.