Consanguinité

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En rentrant du Tribunal après la libération de Lucius, Hermione avait imaginé trouver Sirius en meilleur état, prêt pour les aider à récupérer Harry. Puisqu'il était le parrain du bambin, il avait une certaine légitimité à le récupérer après tout.
Le Sirius qu'elle avait connu aimait profondément son filleul, et avait été jusqu'à mourir pour le sauver, sans la moindre hésitation.


Cependant, le Sirius qu'elle retrouva était encore englué dans le chagrin de la perte de ses amis, et il était plus décidé à aller chercher vengeance qu'à se préoccuper de l'avenir du petit garçon.
Un instant, elle se dit qu'Azkaban lui avait été profitable dans le futur qu'elle connaissait, puisque l'homme qu'elle avait rencontré était bien plus mature et plus digne de confiance. Cependant, elle n'oubliait pas à quel point son meilleur ami avait aimé son parrain, et elle répugnait à infliger à cet homme la douleur de la prison sorcière. Azkaban n'était pas précisément une colonie de vacances, surtout avec les Détraqueurs qui y rôdaient.

Voyant Sirius tourner en rond et pester contre le monde entier, baguette en main, prêt à en découdre, Hermione soupira tandis que Severus ricanait et se penchait vers elle pour lui souffler quelques mots.
- Et voilà les ravages de la consanguinité chez les Black. Visiblement la folie peut prendre plusieurs formes...

Hermione soupira, et lança un stupefix sur Sirius.
- Qu'est ce qu'on fait de lui ?
- Je suppose que le renvoyer à Dumbledore avec un petit noeud n'entre pas dans tes projets ?
La jeune femme le bouscula et lui jeta un regard noir, agacée. Severus leva les mains en signe d'innocence et fit léviter le corps du Maraudeur pour le déposer brusquement sur leur sofa.
- Dans ce cas, ma douce, laissons le là pour l'instant, et allons chercher le mouflet.


Malgré elle, Hermione laissa échapper un rire amusé. Severus avait beau utiliser des surnoms stupides concernant Harry, elle savait qu'il l'adorait. Preuve s'il en était besoin de son impatience à le localiser et à le ramener en sûreté.
Elle lui posa une main sur le bras, et murmura.
- Il est encore trop tôt. Dumbledore va le laisser sur le pas de la porte de sa famille moldue durant la nuit.

Le brun jura sourdement et son visage s'assombrit.
- Je pensais qu'il était juste un vieux sénile nostalgique de ses années Gryffondor et que c'était pour ça qu'il couvait autant ces foutus Maraudeurs. Mais je commence de plus en plus à me demander ce que le Directeur a exactement à se reprocher dans tout ce bourbier. A dire vrai, je ne serais même pas étonné qu'il soit celui qui a piégé les Potter.

Hermione laissa son regard se perdre dans le vague.
- Je ne pense pas qu'il soit aussi... diabolique. Je veux dire... j'ai cessé de lui faire confiance, clairement. Je lui en veux d'avoir utilisé Harry de cette façon, d'avoir rendu sa vie misérable pour ses projets. Mais... Mais il était convaincu que c'était pour le mieux. Qu'il agissait pour le bien du monde magique.

Ils se dévisagèrent un long moment, puis Severus hocha la tête.
- Mais jusqu'où irait il pour ça Hermione ?
- Je suppose qu'il ne reculerait devant aucun sacrifice. Comme laisser Harry retourner dans la famille qui le martyrise ou comme l'envoyer à la mort. Cependant... je refuse de penser qu'il puisse avoir tué les Potter. Ou même qu'il ait tenté de te pousser dans les bras des Mangemorts.
- De quoi parles-tu ?
- Je trouvais le comportement des Maraudeurs différent de ce que j'en avais entendu parler. Ils étaient si... agressifs si mauvais... Je veux dire, Sirius te détestais clairement, et on ne peut pas dire que vous êtes les meilleurs amis du monde, mais de là à...
- À tenter de me tuer ?
- Oui. Et... Et Lily m'a dit quelque chose, que je lui avais demandé de ne jamais répéter. Elle m'a dit qu'elle aimait sincèrement James, mais qu'elle ne comprenait pas pourquoi elle s'était écarté de toi. Pourquoi elle ne t'avait pas défendu plus.

Le potionniste ferma les yeux et vacilla un instant, son visage se tordant en une expression douloureuse. Puis il se reprit, son regard sombre brillant de détermination.
- Tu penses que Dumbledore a manipulé tout le monde pour créer sa petite armée personnelle et être une fois de plus le héros du moment ?

Hermione hésita longuement, lèvres pincées.
- Tout pointe vers lui, mais... C'est trop évident.
- Pendant le procès de Lucius, il avait l'air très convainquant en manipulateur diabolique pourtant.
- Dans l'histoire que je connais, Lucius n'a pas été inquiété. Il avait réussi à faire croire à tout le monde qu'il avait été placé sous Imperium par Bellatrix et qu'il n'était pas conscient de ses actes.

Severus ricana.
- Ça ne m'étonne pas de lui...
Hermione ferma les yeux un instant, puis se tendit soudain.
- Sauf s'il voulait que Lucius soit suffisamment désespéré pour accepter de jouer les rôles d'espion. Sans toi à disposition, il est littéralement aveugle en ce qui concerne le camp des ténèbres.

Le jeune homme grogna.
- Lucius aurait préféré finir à Azkaban plutôt que d'être à la solde de Dumbledore. Il ne l'aime pas. Et... jamais il n'accepterait de lui devoir quoi que ce soit, ou de se mettre en danger.
La jeune femme hocha la tête, avec amusement.
- Oh j'ai le souvenir d'un Lucius Malefoy méprisant qui a fait en sorte d'évincer Dumbledore de Poudlard provisoirement.

Elle rejeta ses cheveux en arrière, puis haussa les épaules avant de jeter un coup d'oeil en direction de la fenêtre.
- La nuit est tombée. Nous devrions y aller. J'ignore à quelle heure Harry sera déposé sur la porte de ces affreux moldus, mais je ne veux pas le laisser dans le froid.

Severus lui adressa un sourire tendre.
- Tu es une vraie maman poule, ma douce.

Quelque chose remua en Hermione et elle s'empourpra légèrement. Finalement, elle préféra ne pas répondre à la taquinerie de son compagnon pour enlacer ses doigts aux siens.
- C'est dans le Surrey. Prêt à transplaner ?
Il lui serra doucement la main en réponse, et se laissa emporter. Ils disparurent de chez eux, laissant un Sirius stupéfixé, pour réapparaître à proximité de Privet Drive. Hermione ne voulait pas se trahir en se montrant trop tôt devant la maison des Dursley. Harry lui avait bien évidemment parlé de la vieille Madame Figg, qui surveillait pour le Directeur.
Severus leur lança un sort pour se réchauffer et ils échangèrent un regard inquiet compte tenu de la température glaciale de cette nuit automnale.

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