Elevage

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Une fois le problème Sirius réglé, et après une nuit de repos bien méritée - où Hermione avait refusé de lâcher bébé Harry, s'endormant avec lui dans les bras - le jeune couple avait découvert avec soulagement que la Gazette ne titrait qu'à propos de la défaite de Voldemort et de la fin de la guerre. Il y avait des photos de liesse générale, et les Potter étaient élevés au rang de héros.
Le nom de Harry Potter était cité partout et sa célèbre cicatrice était décrite en détail - visiblement une idée de Dumbledore puisque à peine une poignée de personnes avaient eu l'occasion de voir le garçon - tandis que la journaliste indiquait pudiquement dans son article que le très jeune héros avait été conduit en sécurité pour y grandir en paix.

Hermione froissa le journal et souffla.
- Il n'a même pas vérifié qu'il allait bien. Qu'il avait bien été récupéré par sa... famille. N'importe qui aurait pu l'enlever, lui faire du mal. Bon sang, il faisait si froid, il aurait pu mourir d'hypothermie !

Severus lui prit les feuilles imprimées des mains et les posa à l'aveugle près de lui pour l'attirer contre lui et l'embrasser.
- Il va bien. Il est avec nous maintenant.
Hermione laissa échapper une larme, que Severus s'empressa d'essuyer d'un geste tendre. Ils restèrent enlacés quelques instants, prenant réellement conscience que les parents de Harry étaient bel et bien morts, et que leur fils était avec eux, sous leur responsabilité.

*

En arrivant devant les grilles du Manoir Malefoy, Hermione serra un peu plus Harry contre elle, le faisant gigoter un peu. Elle jeta un regard dubitatif à son compagnon.
- Severus, tu es sûr de toi ?
Son maître des potions eut un rictus moqueur.
- Évidemment. Si je suis sûr d'une chose c'est que la blessure sur son front n'est pas normale. Mes potions auraient dû faire disparaître tout ça et la bibliothèque Malefoy est particulièrement riche. Sans compter que Lucius nous doit beaucoup et qu'il vaut mieux venir ici qu'aller demander l'accès à la bibliothèque de Poudlard.

Hermione fronça le nez et regarda autour d'elle, comme si venir avec Harry réveillait ses anciennes peurs. Elle était venue pourtant plusieurs fois, et elle avait appris à apprécier passer du temps avec les Malefoy. Le bébé agrippa une mèche de ses cheveux et se mit à gazouiller. En suivant son regard, Hermione nota la présence d'un groupe de paons blancs - dernière lubie en date de Lucius. La jeune femme leva les yeux au ciel.
- Bon sang, il compte en faire un élevage ou quoi ? Et pourquoi des paons albinos ?
Severus gloussa.
- Ils ne sont pas albinos ma douce. Ce sont des paons atteints de leucisme* : contrairement aux albinos ils possèdent de la mélanine mais la mutation qui les affecte empêche les pigments de se fixer dans leurs plumes.

Une voix les interrompit et fit sursauter Hermione, qui se maudit d'avoir relâché sa vigilance.
- Exactement. Tu as bien retenu ta leçon Severus. Ce sont des oiseaux magnifiques, bien qu'un peu stupides. Et puis, ce n'est pas habituel de trouver ce genre d'animaux, et les Malefoy aiment ce qui est rare.

Lucius vint les saluer, et fixa longuement Harry. Hermione, méfiante, dut se retenir de ne pas enlacer le petit garçon pour le soustraire à l'examen minutieux de l'aristocrate. Finalement, l'homme hocha la tête, et soupira.
- Narcissa nous attend pour prendre le thé. Elle a tenu à faire préparer quelques douceurs.

*

Quelques instants plus tard, ils étaient installés confortablement dans un salon du Manoir. Non seulement Narcissa avait prévu des gâteaux, mais elle avait également installé un tapis de jeux au sol pour les enfants, et Drago y était déjà installé, mordillant un hochet coloré.
Après avoir salué leur hôtesse, Hermione posa Harry au sol, presque à contrecoeur. Aussitôt, le brun fila à quatre pattes comme une flèche, visiblement fasciné par la présence d'un petit compagnon de jeux.

Les deux enfants se dévisagèrent longuement, à distance prudente, puis Harry eut un sourire éclatant. Drago fronça les sourcils un instant et lui tendit son jouet, en silence. Le brun gloussa et attrapa le hochet pour l'examiner soigneusement, sous le regard attentif de son petit compagnon de jeu.
Puis Harry se pencha et déposa un gros bécot baveux sur la joue de Drago. Loin de s'en offusquer, le blondinet se mit à rire joyeusement et tendit un autre jouet attrapé au hasard près de lui, sous le regard amusé des adultes.
Visiblement, une amitié était en train de naître. Les deux enfants étaient bien loin de la guerre ou des idéaux de leurs parents. Ils profitaient juste de l'instant présent.


Face au comportement de Harry, Hermione se détendit légèrement. Narcissa eut un sourire triste.
- Je suppose qu'il ne comprend pas vraiment ce qui se passe autour de lui, n'est-ce-pas ?
Hermione se frotta les yeux, et haussa les épaules.
- Je ne suis pas certaine qu'il ait compris que ses parents étaient morts. Je pense qu'il... Enfin, il est habitué avec nous, il nous connaît mais... il a toujours été un petit garçon sociable et joyeux.

Lucius intervint soudain, ne quittant pas les deux enfants des yeux.
- Je suppose que si vous l'avez amené c'est que vous avez quelque chose à me demander ? Bien que je sache tout ce que je vous dois, je ne vois absolument pas ce que je pourrais faire pour vous aider.

Severus jeta un bref coup d'oeil à Hermione, et haussa les épaules.
- Et bien pour commencer, nous aimerions avoir accès à ta bibliothèque, Lucius. Malgré tous mes efforts, je n'ai pas réussi à faire disparaître la cicatrice qu'il a sur le front. Je suppose qu'il y a de la magie noire là-dessous, et...

Lucius fit un rapide geste de la main.
- Bien évidemment. Ma bibliothèque t'es ouverte. A vous aussi, Hermione.

Narcissa servit le thé, interrompant l'échange brièvement, et une fois de plus, les adultes se laissèrent distraire par les deux enfants qui jouaient ensemble, s'entendant visiblement à merveille.
Pensant au Harry qu'elle avait connu, Hermione eut un sourire nostalgique. Qu'il soit un bébé ou un jeune homme, il avait toujours été si sociable, prêt à aller vers les autres...

Lucius interrompit ses pensées, en posant brutalement la question qui visiblement le taraudait.
- Est-il vrai qu'il a survécu à l'Avada ?





*Note :
L'albinisme est une mutation génétique qui empêche la production de mélanine, le pigment à l'origine de la couleur.
Le leucisme est également une mutation génétique, mais celle ci ne touche pas la production de mélanine. Cette mutation empêche le pigment de se fixer dans les plumes ou poils, ce qui donne des animaux blancs.
Un animal albinos a les yeux roses / rouges, car il n'a aucun pigment (et donc la couleur est due à la couleur des vaisseaux sanguins dans l'oeil) contrairement à un animal leucistique qui possède les pigments.

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