Les jours bénis

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Les semaines passèrent.

Si les premiers temps, Severus et Hermione avaient vécu dans la crainte de voir débarquer Dumbledore et les aurors pour les accuser d'avoir enlevé Harry Potter, l'élu destiné à sauver le monde magique, ils s'étaient peu à peu détendus en constatant que le vieil homme ne semblait pas se préoccuper du petit garçon. Il découvrirent peu à peu le quotidien de jeunes parents, avec un bambin plein d'énergie.

Avec l'aide de Lucius et de Narcissa, Severus avait mis un an à trouver comment masquer la cicatrice de l'enfant et à le débarrasser de l'horcruxe. Grâce à la mère de Sirius, ils avaient obtenu un livre de magie noire qui expliquait comment transférer un horcruxe d'un objet vers un autre.
Une fois le rituel accompli, Hermione avait enfermé l'objet choisi - une petite statuette de plâtre très facile à briser - dans un coffre à Gringotts, se souvenant de la difficulté qu'ils avaient eu avec Harry à cambrioler le coffre de Bellatrix.
Le journal de Jedusor que Lucius avait en sa possession le rejoignit rapidement, suivi de la bague des Gaunt - Hermione remerciait le Harry adolescent d'avoir pensé à tout et de lui avoir révélé chaque localisation des objets maudits.
La mère de Sirius était encore en vie, Square Grimmaud était donc toujours habité. Cependant Narcissa allait souvent la voir et elle n'avait pas hésité à demander le médaillon de Serpentard à Kreattur. L'elfe, les larmes aux yeux, n'avait pas hésité lorsque Narcissa avait juré à la créature d'accomplir les dernières volontés de Regulus.

Ainsi, il manquait le diadème de Serdaigle qui devait toujours être à Poudlard, et la coupe de Poufsouffle. Nagini n'était pas encore un horcruxe et n'était donc pas un problème.


*


Un peu plus de deux ans après la mort de ses parents, Harry avait suffisamment grandi pour ne pas être reconnu. Avec ses cheveux noirs, personne ne doutait que Severus était son père. C'était également le moment où le ventre d'Hermione avait commencé à s'arrondir doucement.
L'annonce de sa grossesse avait rendu Severus muet, yeux écarquillés. Puis, il avait commencé à la couver comme si elle était en cristal. Sa réaction avait fait ricaner Lucius, mais Severus était bien trop heureux pour s'en soucier.
Il versa des larmes de joie le jour de la naissance de sa fille, la petite Rose Granger-Rogue. Elle avait les cheveux aussi noirs que Severus - et que Harry.
C'était ce jour-là également que Lucius leur donna un document attestant qu'ils étaient légalement les parents de Harry. Sa filiation originelle n'était pas révélée, pour la sécurité du petit garçon, mais désormais, plus personne ne pouvait le leur retirer.

Hermione était finalement devenue proche des Malefoy, leur découvrant une personnalité qu'elle n'aurait jamais pu soupçonner. Elle s'amusait toujours de voir Harry et Drago se comporter comme des frères, alors que dans une autre vie ils s'étaient tant battus...
Bien qu'il y eut quatre ans de différence avec la petite Rose, les deux garçons se montraient farouchement protecteurs, et se laissaient mener par le bout du nez par la petite princesse de la famille.
Parfois, lorsqu'ils trinquaient ensemble, Lucius levait son verre avec un léger sourire, les yeux dans le vague.
- Puissent les jours bénis de paix durer éternellement...

Même si Harry appelait Hermione "Maman" et Severus "Papa", le couple avait tenu à lui parler de ses véritables parents dès le début, et des conditions de leur mort. Vif d'esprit, le petit garçon avait parfaitement compris qu'il ne devait pas en parler, et il vivait sereinement son enfance, sans secrets, sans ombre au tableau.
Lorsqu'elle le voyait rire aux éclats, sans la moindre hésitation, sans la moindre ombre dans le regard, Hermione savait qu'elle avait fait ce qu'il fallait. Quoi qu'il arrive, elle avait pris la bonne décision.

*

Et puis, Harry fêta son onzième anniversaire.
La lettre tant attendue de Poudlard arriva, et Hermione eut un sourire amusé en lisant le nom du destinataire "Harry Granger-Rogue". Visiblement, Harry Potter n'existait réellement plus dans le monde magique.

Celui qu'elle considérait désormais comme un fils était bien différent du garçon qu'elle avait connu autrefois.
Son Harry avait les cheveux soigneusement coupés, et même si ses mèches partaient en tout sens, l'ensemble était plus harmonieux que désordonné comme autrefois. Son front dégagé mettait en évidence l'absence de la fameuse cicatrice, celle qui avait autrefois été un signe distinctif attirant l'attention de tous sur un Harry Potter extrêmement gêné.
Il était un petit garçon en pleine santé, les joues encore rondes, souriant et les yeux pétillants, bien loin du gosse maigre comme un clou qu'elle avait rencontré.
Son Harry ne portait pas de lunettes. Sa vue avait été contrôlée régulièrement par un médicomage compétent, et soignée pendant sa croissance.

Lorsqu'elle l'observait, Hermione ne reconnaissait pas le Harry Potter de son enfance. Et elle peinait à trouver une ressemblance avec James ou Lily.

*

Puisque Harry allait entrer à Poudlard, Severus avait convaincu Lucius d'utiliser son influence au conseil d'administration pour les faire entrer en tant que professeurs. Dumbledore avait renâclé, mais Slughorn voulait prendre sa retraite depuis des années et menaçait de claquer la porte en cours d'année. Quand à Quirrell, celui que Dumbledore recommandait chaudement pour le poste de professeur de défense, il n'avait pas donné de nouvelles depuis qu'il avait entrepris un voyage en Albanie. Sans compter qu'il enseignait auparavant l'étude des moldus, qui n'avait rien à voir avec ce qui avait trait à la défense contre les forces du mal !
Ainsi, dès la rentrée, toute la famille Granger-Rogue intégrerait Poudlard. Hermione prendrait la place de professeur de potions, et Severus celle de professeur de défense contre les forces du mal et de Directeur de la maison Serpentard.

S'ils avaient été accueillis chaleureusement par l'ensemble du corps enseignant, Dumbledore avait semblé agacé. Après tout, il n'avait pas eu voix au chapitre. Le conseil d'Administration avait tranché et il avait dû s'incliner.


*

Hermione s'était inquiété de la présence de son double âgé de onze ans à la rentrée, mais là encore, Lucius fit des merveilles en lui fournissant une généalogie complète d'une famille Granger américaine, dont le dernier membre avait trouvé la mort l'année où elle était apparue dans le monde magique anglais. Une famille Granger qui n'avait rien à voir avec celle de la seconde Hermione Granger qui intégrerait Poudlard.
Pour son éducation sorcière, ses contacts aux États Unis lui offrirent la possibilité de placer Hermione à Salem pour les premières années de sa scolarité. Sa présence en Angleterre était expliquée alors par un voyage touristique qui avait terriblement mal tourné.
Puisqu'elle n'avait aucune famille, il était logique que sa présence aux États-Unis n'ait jamais été réclamée...


*

La veille du départ, voyant sa compagne inquiète, ses yeux chocolat se perdant régulièrement en direction de leurs enfants, Severus la prit dans ses bras, et l'embrassa avec tendresse. Il n'avait jamais cessé de l'aimer, et il était sûr qu'il aimerait cette femme jusqu'à son dernier souffle.
- Tout ira bien, ma douce. Harry connaît Drago, après tout, et ils seront probablement collés l'un à l'autre. Nous serons à Poudlard à leur arrivée, et nous serons présents chaque jour, pour veiller sur eux. Le Harry Potter que Dumbledore attend n'existe pas. Il n'a jamais existé et il n'existera jamais quoi que ce vieux fou puisse tenter.

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