Une autre vie

Complet

Lorsqu'ils arrivèrent à Poudlard, Hermione se crispa inconsciemment. Elle avait conscience de jouer un jeu dangereux. Non seulement elle venait du futur - si le Ministère l'apprenait elle aurait de graves ennuis - mais au lieu de rester à l'écart, elle s'immergeait dans les évènements qui secouaient le monde magique.

Severus lui adressa un sourire rassurant, et elle se détendit. L'homme qu'elle avait appris à aimer ne ressemblait en rien à son professeur de potions d'antan. Son Severus avait l'air plus jeune, et il était plus souriant. Plus accessible également.
Certes, il avait gardé sa langue acérée et sa répugnance à se sociabiliser, mais il était bien plus agréable que l'austère Maître des Potions de la réalité qu'elle avait connu. Sans compter qu'elle découvrait au quotidien, dans son couple, un homme tendre et aimant, prévenant, farouchement protecteur.

Ils rejoignirent le château à pas lents, en silence. Ils avaient choisi de laisser leur fille à une nourrice de Pré-au-Lard le temps de la réunion de rentrée, puisqu'ils ignoraient quelle serait la position du Directeur sur la présence d'une enfant plus jeune à Poudlard...

Arrivés dans la Grande Salle, Dumbledore se leva de sa place. Il était entouré de tous les professeurs, et il leur adressa un regard chargé de reproches.
- Ah. Voilà que nous sommes au complet. Nous allons pouvoir commencer.
Severus fronça les sourcils, agacé.
- Aurions nous fait une erreur sur l'heure de votre réunion ?

Minerva laissa échapper un rire amusé, et les rassura immédiatement sans tenir compte de l'humeur du Directeur.
- Pas du tout. Nous avons pour coutume de commencer dès que nous sommes tous présents, mais ça fait bien longtemps que nous n'avons pas eu de professeur ayant un enfant à conduire au Poudlard Express ! Vous auriez même pu choisir de prendre le train avec votre fils, si vous l'aviez souhaité.

Hermione hocha la tête avec un petit sourire, pressant la main de Severus pour l'empêcher de se montrer acide avec Dumbledore.
- Oh je ne pense pas que notre Harry aurait aimé être sous la surveillance de ses parents pour sa première grande aventure.

Dumbledore tressaillit au prénom prononcé mais ne fit pas le moindre commentaire. Il pinça juste les lèvres, et renifla, leur désignant les deux dernières places de libres d'un geste brusque. Les deux nouveaux professeurs s'installèrent calmement, attendant la suite.

Le Directeur les fixa tous un long moment, s'attardant sur Severus, puis soupira.
- Bien. En théorie, nous aurons comme élève le fils Potter. Harry Potter a eu onze ans cet été, et je pense que nous allons devoir veiller de près à la sécurité de ce garçon. Vous n'êtes pas sans ignorer qu'il est celui qui a mis fin à la folie de Voldemort, et qu'il est probablement la seule personne au monde à pouvoir l'arrêter s'il venait à refaire surface.

Il y eut des regards gênés, et Flitwick soupira.
- Voyons Albus ! Qu'attendez vous d'un jeune garçon de onze ans ? Même s'il est extrêmement puissant, il devra apprendre au même rythme que ses camarades et se plier à la même discipline. Sans compter que l'école est un sanctuaire, nos protections suffiront à le tenir à l'abri.

Il y eut des murmures d'approbations des autres professeurs, et Hermione prit la parole, un peu hésitante.
- Vous craignez que les enfants soient en danger ?

Dumbledore haussa les épaules.
- Voldemort convoite un artefact magique puissant qui est actuellement entre les murs du château. Bien sûr, c'est un secret absolu, et cet artefact est lourdement protégé. Cependant...

Severus l'interrompit, sa voix claquant sèchement.
- Pourquoi garder un tel objet dans une école ? C'est de l'inconscience !

Albus pinça les lèvres, mais fut obligé de s'expliquer sous les regards de tous ses professeurs, qui semblaient acquiescer à l'exclamation de Severus.
- Et bien, si cet artefact venait à tomber entre de mauvaises mains ce serait catastrophique. C'est un risque calculé évidemment.

Le ton sec du Directeur clôtura la conversation et il se leva, pour s'éloigner d'un pas raide. Minerva soupira et adressa un petit sourire aux deux nouveaux professeurs.
- Albus est d'une humeur terrible depuis cet été. Ne le prenez pas personnellement, il... et bien il a l'air persuadé que cette année verra le retour de Vous-savez-qui. Sans compter qu'il a été surpris que votre... nomination au poste de professeur soit appuyée par Lucius Malefoy en personne.

Tous le corps professoral les fixait, attendant leur réponse. Hermione eut un petit sourire d'excuse et haussa les épaules.
- Lucius est un de nos amis en effet. Severus est le parrain de son fils, et Harry est très ami avec le jeune Drago. Cependant, nous avions parlé de changer de carrière et Lucius nous a proposé ces postes, puisqu'ils étaient libres et que c'était l'occasion pour nous de veiller sur les garçons...

Minerva pinça les lèvres, mécontente.
- Nous n'aimons pas le favoritisme, Miss Granger.
Les yeux de Hermione brillèrent d'agacement, en souvenir de tous les moments où Minerva avait outrageusement favorisé sa maison. Severus, à ses côtés, se tendit mais resta silencieux. La jeune femme leva un sourcil moqueur.
- Je ne compte pas favoriser mon fils ou le filleul de Severus, Professeur MacGonagall. Quelque soit leur maison, ils seront traité de la même façon que leurs camarades et ils ont d'ores et déjà été mis au courant.

Filius Flitwick et Aurora Sinistra hochèrent la tête d'un air approbateur. L'écossaise hésita un instant puis soupira.
- Bien. Des questions sur votre nouveau rôle ? Severus, je sais qu'Albus n'a pas eu le temps de vous l'annoncer mais vous avez de grandes chances d'être nommé Directeur des Serpentard. Vous serez secondé par Aurora au début bien évidemment, sauf si vous refusez ce poste.

Severus resta de marbre, déjà prévenu par Lucius, hochant simplement la tête.
- Je ferais de mon mieux.

Hermione intervint, timidement.
- Notre fille Rose n'a pas l'âge d'entrer à Poudlard, mais peut elle vivre avec nous ? Ou devons nous trouver un domicile à Pré-au-Lard ?

Minerva eut un large sourire sincère cette fois, visiblement ravie.
- Oh, bien sûr qu'elle peut loger à l'école. Ça fait bien des années que nous n'avons pas eu d'enfants de professeur, il était temps que du sang jeune ne vienne bousculer nos vieilles habitudes. Hormis pendant les cours - pour des raisons évidentes - elle est la bienvenue parmi nous.