LA LUNA

Chapitre 22

Comme une momie, je marchais dans cette nuit étoilée et glaciale repensant à ce baiser volé. Je m'arrêtai un peu à côté de La Luna et frôlai de mes doigts froids mes lèvres chaudes dû à son contact, les lèvres qu'il avait embrassées si ardemment. 

Je m'accroupis soudainement en criant toute seule dans la rue.

—Quel imbécile ! Qui t'a donné le droit faire ça d'abord ?!, m'écriai-je sans me soucier de s'il y avait des passants.

Je soupirai à cause de mon cœur qui ne s'est toujours pas stoppé. Je me mordis la lèvre, frustrée. Subitement, lorsque je me relevai, je sentis quelqu'un crier mon prénom de pas très loin. Je me retournai rapidement pour faire face à Madame Lopez. Elle s'approcha de moi à toute allure et me prit par le visage.

—Où étiez-vous ?! Je vous ai cherché partout ! Ne pouvez-vous pas prévenir quelqu'un lorsque vous partez ?!, me questionna-t-elle sans s'arrêter.

—Pourquoi ne pas m'avoir appelé ?, demandai-je, surprise par son énervement contre moi, je vous ai donné des jours de congés, vous n'étiez pas obligé de me chercher.

Elle lâcha mon visage et reprit son visage sans émotion.

—Je devais m'assurer que vous alliez bien, même si je suis en congé, m'informa-t-elle, bon, vous allez bien, je vous laisse.

Quand elle entreprit de partir, j'attrapai brusquement son avant-bras.

—Attendez !, la retins-je avec affolement, j'ai une question à vous poser !

Elle se retourna et m'écouta.

—Madame Lopez, j'hésitais un peu avant de poser ma question, avez-vous déjà eu votre premier baiser ?

Pour la première fois depuis que je la connaissais, je la vois me montrer un faible sourire.

—Un premier baiser ? Oui, sûrement, me révéla-t-elle, avec ce doux sourire sur ses lèvres.

L'amour rend-il si joyeux ?

—Pensez-vous qu'il y a quelque chose de sacré dans un premier baiser ? Qu'il faille le préserver coûte que coûte ?, demandai-je, voulant entendre sa réponse.

Étrangement, elle pouffa faiblement de rire, un rire me montrant toute la beauté de cette femme. Un rire qui l'avait totalement adouci même s'il était si faible. Son visage si strict avait été remplacé par celui d'un ange. Madame Lopez portait toujours son chignon bien plaqué et son tailleur noir, mais dans cette belle nuit où elle portait la même chose, elle était d'une beauté éblouissante.

—Vous savez, tout dépend de la personne, les gens ont tendance à dire que le premier baiser est quelque chose d'unique et mémorable, je suis d'accord avec eux.

—Donc est-ce grave de l'avoir fait avec la personne qu'on n'aime pas ?, lui demandai-je pour moi.

—C'est là où je veux en venir, il y a une différence entre ces gens là et moi, la définition du "premier baiser".

—Qu'est-ce que c'est pour vous alors ?

Elle posa un petit sourire sincère et attendrissant, toutes personnes qui l'auraient vu ne l'auront pas reconnu.

—Les gens se concentrent beaucoup trop sur les autres, ce n'est pas la personne qui est en face qui compte tant que ça, mais c'est vous. Le premier baiser ne devrait pas tourner autour d'avec qui nous avons eu le premier, mais de ce que nous avons ressenti à cet instant-là et à ce moment-là, vous serez qui est votre premier baiser, m'indiqua-t-elle.