Chapitre 45

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Je marchais doucement dans une rue noire, une robe déchirée qui faisait passer toute la froideur de cette soirée sur mon corps tremblant. Ma robe était, de plus, trempée, due à la grosse pluie qui avait peut-être été amenée par mon humeur massacrante.

Franchement, je ne le croyais pas.

Cette journée ne pouvait pas être si horrible, ce n'était pas possible.

Non,

Je voulais que ce ne soit pas possible.

Pour être honnête, je souffrais, ressentir un si fort sentiment de trahison était odieux. C'était si douloureux que je ne savais pas comment réagir. Je ne m'étais jamais sentie aussi seule de toute ma vie, je n'avais plus de famille, je n'avais plus rien. J'avais tout perdu.

C'est si dure, bordel...

Je m'arrêtais subitement dans cette obscurité étouffante et m'accroupis, ne sachant pas quoi faire d'autre.

Devant ses yeux de la couleur de l'émeraude, ses yeux qui semblaient renfermer toutes sortes d'atrocités et de souffrances, je pensais qu'il était le seul à pouvoir me comprendre. Je pensais qu'on se ressemblait. Je ne savais rien de lui, mais je le sentais. Je sentais qu'on n'était pas si différent, mais je me suis trompée.

Je me suis complètement trompée.

Nous étions en fait les deux faces d'une seule pièce, nous étions nés pour être rivaux, nés pour s'affronter. Mais, dans cette guerre sans fin, je ne voulais pas me battre, pourquoi a-t-il dû jouer avec moi ?! J'aurais préféré qu'il me tue le jour où nos deux yeux se sont rencontrés. Qu'il me poignarde à coup de couteau, qu'il m'étrangle de ses douces mains robustes, qu'il me tire dessus sans se soucier de qui j'étais. Oui, je l'aurais préféré.

Cette douleur monstrueuse qui semblait m'avoir saisi était insupportable, voire insoutenable, elle me retenait toute entière. D'une vitesse ahurissante, mon cœur me fit affreusement mal, je mis ma main dessus, essayant de l'apaiser, le visage serré.

Surchargée, je me mis à crier de toutes mes forces dehors sans me retenir, étant complètement surchargée d'émotions.

POURQUOI LE FAIT QU'IL S'EST JOUÉ DE MOI ME FAIT SI CHIER ?!, hurlai-je en me levant pour taper des pieds de frustration.

Jovan a tué ma mère, ok.
Jovan est la raison pourquoi Rosalía a quitté la maison, ok.
Jovan est également l'auteur de son meurtre, ok.
Jovan fait partie d'El Sol, ok.
Kaleb est le prochain jefe d'El Sol, ok.
Kaleb m'a menti et son plan depuis le début était de me tuer, pas ok.

Pourquoi cette partie est si...

Bien sûr, je suis folle de rage de tout ce que Jovan a fait, en fait, c'est bien plus différent de Kaleb.
Jovan m'a trahi, je suis en colère.
Kaleb m'a trahi, je suis... triste.
Mais je suis aussi effondrée à cause de Jovan et en colère contre Kaleb.

C'est si compliqué !, m'exclamai-je complètement déboussolée, aaaah !

Putain.

—Devrais-je juste mourir...?, soufflai-je si blessée et seule dans ce froid intense.

Mais de nulle part, je sentis des bras tendres m'enlacer par-derrière... Des bras qui à eux seuls me réchauffaient dans ce tourbillon de désespoir.

Ne t'avais-je pas dit que tu me devais du respect ? Hein, Luna ?, lui demandai-je ironiquement, reconnaissant facilement son toucher.

Autorisez-moi seulement pour ce petit moment, Jefa, répondit-elle derrière ma tête avec sa voix douce de d'habitude.

LA LUNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant