Chapitre 50

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Point de vue de Kaleb

Ça fait maintenant un bon bout de temps que je me cache, ici, dans cette salle de sport abandonné. Pour être franc, c'est un vrai calvaire pour moi, cette salle abrite trop de souvenirs pour que je reste calme. Chaque fois que je me détendais, mes pensées se tournèrent vers une femme aux cheveux brun foncé, aux yeux d'un très beau noisette et qui avait une fausse confiance en elle. Gabriela était pour moi, la définition parfaite de l'amusement. Elle ne cessait de m'intriguer et de me divertir. J'aimais l'observer, contempler chacun de ces faits et gestes, de sa manière à dissimuler sa plus sombre part d'elle-même, à essayer d'étouffer ses sentiments les plus intenses. Je suis excellent dans tout, j'ai très peu défauts, voire aucun, mais lorsqu'il s'agit de sentiments, je n'y comprends plus rien.

Il y avait cette époque, je voulais comprendre, je voulais comprendre les plus grandes tragédies. Pour quelles raisons se battaient-ils si fort pour l'amour ? N'est-ce pas idiot ? Ne devrait-il pas seulement obéir aux ordres ? Je n'arrivais pas à le concevoir, c'était étrange pour moi, une connerie flagrante. Au nom de l'amour ? Pour moi, cela ne pouvait même pas être considérée comme une raison, même la plus faible. Toutefois, j'ai voulu l'atteindre. Lorsque j'ai appris que mon frère aimait une femme, lui qui était consumée par la rage, la vengeance. J'ai défié les ordres, j'ai décidé de ne pas la tuer pour le moment, je me suis amusé d'elle, j'avais envie de comprendre comment mon frère était tombé amoureux de cette jeune fille fragile. Elle n'avait pourtant que la beauté pour elle, elle ne savait pas grand-chose, elle était plus que banale. Néanmoins, l'ardeur avec laquelle elle s'engageait dans ce combat sanguinaire m'épatait. Elle savait tout ce qu'elle risquait, mais s'entêtait comme un cafard qui ne voulait pas mourir.

Puis, je l'ai aperçu verser des larmes. Des larmes qu'elle cachait au monde entier, mais je les ai vus. Ils m'appartenaient. Chaque petite goutte qui perlait sur son beau et fragile visage m'appartenait. Elle agissait comme une personne qui ne possédait aucune part de fragilité, mais je connaissais la vérité, je voyais les ténèbres l'engloutir petit à petit. Néanmoins, je ne voulais pas la sauver de ces ténèbres, je désirais qu'elle me rejoigne, car je faisais partie d'eux. À sa compagnie, je ne me reconnaissais plus, mon envie de la tuer avait diminué, c'était le contraire, observer une personne souhaitant mettre une main sur elle me donnait une rage incommensurable, je pouvais massacrer cette personne d'une hache aiguisée. Elle était ma possession, mon bien, personne d'autre que moi ne pouvait la toucher ou même oser la convoiter. Je ne comprenais pas ce sentiment, je ne comprenais pas pourquoi je pensais de la sorte, mais ça m'était égal. Pendant un moment, j'ai cru que c'était son corps qui m'attirait autant, mais après y avoir goûté, j'étais encore plus affamé. J'avais seulement besoin de la sentir près de moi. Sauf que je compris une chose. Une chose qui m'était insupportable.

Je m'étais créé une faiblesse.

Je voulus la détester, je voulus l'achever, je n'avais besoin d'aucune faiblesse. Non, je n'étais pas né pour être faible. Mais putain, chaque fois que mes yeux se dirigèrent vers sa beauté criarde, je ne pouvais m'empêcher de la désirer de toutes mes forces et de la manière la plus brutale.
Je la voulais. Et je n'arrivais pas à m'enlever cette idée de la tête. J'avais beau essayer de me retenir, mes pulsions déchaînées prenaient le dessus. Je voulais également qu'elle me convoite, qu'elle se l'avoue à elle-même, qu'elle me désirait de la même ardeur que je la voulais. J'étais enfin parvenu à mon but, mais ce crétin de frère a dû la kidnapper et tout lui révéler. Si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais continué à lui mentir pour que ses yeux ne se détournent pas de moi un seul instant. Toutefois, mes mensonges m'auraient rattrapé un jour ou un autre, c'est pour cette raison que normalement, je ne mens pas. Ça ne sert à rien, je préfère être franc et de toute façon personne ne pouvait s'opposer à moi. Néanmoins, avec elle, tous mes sens étaient dispersés, je faisais des choses que je n'avais pas l'habitude de faire et je ressentais des choses que je n'avais jamais ressenties auparavant.

LA LUNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant