Chapitre 69

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—Je ne te crois pas, répondis-je presque immédiatement, la voix tremblante de rage. Tu es envoyé par Jovan, n'est-ce pas ? Dis-lui que je vais revenir, inutile de me mentir de la sorte.

L'homme esquissa un sourire narquois, son regard perçant renforçant l'impression qu'il disait la vérité. Mais c'était trop incroyable. C'était impossible. Ou peut-être étais-je simplement incapable d'accepter cette réalité. Il leva de nouveau les bras, comme pour se dédouaner de toute responsabilité.

Moi, je t'ai dit ce que je sais, dit-il d'une voix insupportablement calme, chaque mot imprégné d'un amusement cruel. Je ne travaille pas pour Jovan, je n'ai aucun intérêt à te mentir. C'est bien lui qui a diffusé cette vidéo.

Impossible...Chaque mot qu'il prononçait était comme une lame acérée se plantant directement dans ma poitrine. Kaleb n'aurait jamais...

Je n'arrivais pas à y croire. Il ne m'aurait pas humiliée de cette façon. Il ne m'aurait jamais manqué autant de respect. Kaleb savait tout de moi ; il ne pouvait pas prétendre ne pas savoir à quel point ça me ferait honte.

Gabriela, découvrir qui est derrière cette diffusion, derrière cette humiliation, est un jeu d'enfant, me rappela-t-il en s'approchant, un sourire malin aux lèvres. Kaleb t'a-t-il donné un nom ?

Je restai silencieuse, incapable de répondre, sachant parfaitement qu'il avait raison.

Tu vois, souffla-t-il en s'éloignant légèrement, Kaleb est bien l'auteur de l'humiliation que tu as subie. Accepte-le, Gabriela.

Non ! Il ne ferait jamais ça, même par... À cet instant, l'image de Kaleb, froid et implacable, s'imposa à mon esprit. Par fierté...

En terminant ma phrase, je réalisai à quel point j'avais été naïve. Il était tout à fait capable de commettre une telle trahison par pure arrogance. Juste parce que j'avais choisi Jovan, il avait exposé cette vidéo devant tous les anciens lunas et les soles. Une seule émotion dominait en moi, la haine. Une haine dévorante. Kaleb était un salaud, un démon prêt à m'infliger la pire des hontes pour son orgueil blessé. J'aurais dû m'en douter. Le fait que la vidéo soit sombre, qu'on n'y voit rien, seulement nos gémissements et ma voix criant son nom, aurait dû me mettre la puce à l'oreille.

Cet homme était un démon incarné.

Tu as enfin compris, dit l'homme en applaudissant dans la pièce silencieuse et vide. Vas-tu donc voler son argent ?


*

Lorsque cet homme me relâcha, il faisait déjà jour. Je n'avais donc pas fermé l'œil de la nuit. Il m'avait conduite dans une rue proche du manoir.

N'oublie pas ma proposition, me rappela-t-il avec un clin d'œil, débordant de confiance, avant de disparaître aussi rapidement qu'il était apparu.

Sans perdre une seconde, je me mis à courir vers le manoir, poussée par une vague d'adrénaline et de haine, une haine immense qui ne cessait de croître. Arrivée devant la porte, je l'ouvris d'un coup sec. Dans le salon, Kaleb était assis sur le canapé, son visage impassible face à mon irruption soudaine. Frida et Alexandro étaient là aussi, debout, interrompus en pleine conversation. Mais à ce moment-là, je n'avais que faire de leur présence.

ESPÈCE DE GROS CONNARD !, hurlai-je, mon cœur battant à tout rompre, KALEB, VA TE FAIRE FOUTRE !

Sans réfléchir, je saisis un coussin sur l'autre canapé et commençai à le frapper avec toute la force que j'avais. Je mordais mes lèvres, consumée par une envie de le tuer.

LA LUNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant