Attention aux âmes sensibles.
Passé de Frida.
Point de vue de Frida.Six ans en arrière, mort d'Adriana.
Face à moi, Jovan se tenait là, ses yeux habituellement pleins de vie baignés de larmes. Les parents Osorio, eux, étaient figés, leurs bouches ouvertes en une expression de stupeur silencieuse, incapables de comprendre ce qu'ils voyaient : le corps sans vie d'une petite fille innocente, gisant sur le sol. Elle n'avait rien demandé, rien fait pour mériter un tel sort. Mon corps était paralysé par l'horreur, et aucun mot ne pouvait franchir mes lèvres tremblantes.
Adriana avait été une amie précieuse, malgré notre différence d'âge. Sa maturité dépassait celle de bien des adultes que je connaissais. Son sourire, si lumineux et réconfortant, était une rare source de chaleur dans mon univers de ténèbres. Elle était celle qui, malgré tout ce qu'elle avait enduré, parvenait à sourire avec une sincérité désarmante. Ce sourire n'avait jamais été faux, j'en étais certaine. Pourtant, parmi tous, elle méritait le moins de devoir cacher sa souffrance derrière ce masque de bonheur.
Il ne manquait qu'une seule personne à ce tableau tragique.
Il arriva, ce spectre de froideur et de contrôle. Kaleb. Un homme que rien ne semblait atteindre, dont les émotions semblaient avoir été effacées par une vie de discipline rigide et de souffrances cachées.
Comment allait-il réagir ? Allait-il simplement observer la scène avec son indifférence habituelle, puis repartir comme si de rien n'était ?
Kaleb, que vas-tu faire ?
Quand je le vis entrer, mon cœur se serra à l'extrême, et je sentis mes membres trembler sous l'impact de la douleur et de l'anticipation. Ma bouche s'entrouvrit, mais aucun son ne sortit. Je n'avais jamais vu Kaleb ainsi.
Il...
Kaleb...
Kaleb pleurait...
Des larmes, mélangées à du sang, coulaient de ses yeux et de sa main blessée, s'écrasant misérablement contre le sol. Son visage, habituellement impassible, semblait se décomposer sous le poids de la douleur et de la perte. Bizarrement, mon cœur battait plus fort malgré la situation, une réponse viscérale à sa vulnérabilité. Dans cette tragédie, le robot froid et distant devenait humain sous mes yeux.
Puis, aussitôt, il tourna les talons et repartit. Instinctivement, ma main se tendit vers lui, essayant de le rattraper, mais en vain. Je voulais le réconforter, apaiser sa peine, même si je savais que c'était impossible.
Je connaissais les sentiments de Jovan envers moi, des sentiments purs et dévoués. Mais mes yeux cherchaient désespérément la vérité cachée dans le cœur de Kaleb. Le voir pleurer était comme un coup de marteau s'abattant sur mon cœur, brisant mes défenses. Je voulais soulager la douleur de Kaleb, comprendre cet homme complexe et mystérieux. En sa présence, je ressentais des émotions inédites, des sensations qui m'étaient étrangères jusque-là. Voir cette part d'humanité en lui avait éveillé en moi des sentiments profonds et inexplicables.
*
Après ce jour, chaque jour, chaque semaine, chaque mois, Kaleb s'entraînait avec une frénésie quasi obsessionnelle. Je participais à ses séances, cherchant à le comprendre et à le suivre. Bien que nous n'ayons qu'un an de différence, il me surpassait dans tellement de domaines. Plus le temps passait, plus j'avais peur qu'il me voie simplement comme une petite sœur. Pourtant, je savais que ses pensées n'étaient pas tournées vers moi. Kaleb était devenu un véritable automate, ses journées rythmées par l'entraînement, la lecture et les repas. Une existence dévouée à son rôle d'héritier du Jefe.

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LA LUNA
Romans𝐇𝐢𝐬𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞 𝐝𝐞 𝐦𝐚𝐟𝐢𝐚 (Non surnaturel) Plongez dans les méandres sombres d'un cartel mafieux où Gabriela, héritière inattendue, lutte pour venger ses parents assassinés. Mais alors que son désir de vengeance la consume, elle découvre que...