Chapitre 48

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Point de vue de Kaleb.

Un putain de soir.
Je l'observais pendant un putain de soir.
Putain, je ne sais pas ce qui se passe dans ma tête. Je n'avais jamais été ou même agis de la sorte, je n'avais jamais éprouvé de tel désir intense comme celui que j'ai pour elle. Voir ses yeux d'un marron clair, avec des taches de couleur en eux, son petit visage innocent qui a l'air complètement perdu dans cette foule, ses petits bras le long de sa fine taille et son faible corps qui pourrait se briser si facilement me fit tant d'effet que je ne pouvais pas détacher mon regard du sien.
Elle était le hic.
Elle devenait cette faiblesse dont j'ai tant redouté, une faiblesse que je ne souhaite pas accepter. J'ai essayé de me convaincre, j'ai essayé de me mentir, de me dire que je ne faisais que raffoler son corps, je voulais m'en languir. Au contraire, je voulais goûter à tout son être, la posséder, la faire mienne et la dompter. Qu'elle ne détourne plus le visage du mien, qu'elle ne respire que par moi, qu'elle soit si éprise de moi qu'il lui en est insupportable.

Quand je la vois, j'ai en moi cette pulsion insoutenable de presser mes lèvres brutalement contre ses légères lèvres puis de ne faire qu'un avec elle d'une façon purement bestiale. Mais, ce soir, j'ai remarqué ses larmes qui m'ont faiblement décontenancé. J'avais poussé le bouchon trop fort, alors que ce n'est pas dans mes habitudes. Rien de tout ça n'était dans mes habitudes. Je ne joue jamais, je ne perds pas mon temps avec une proie et encore loin m'attacher à cette proie. Et jamais, je n'aurais pensé trahir les miens.

Mais le pire, c'est que je ne le regrette pas.

Savoir qu'ils auraient osé toucher ce qui m'appartient m'aurait donné une rage bien plus que meurtrière, sans hésiter, je les aurais tous fusillés de la manière la plus sanglante et la plus sordide que j'aurais trouvée. Et j'en ai tué des gens de manière inhumaine.

Je suis enfin rentré chez moi, l'endroit où elle avait déjà posé ses pieds, je pouvais encore sentir son odeur d'ancolies qui avaient déjà parfumé mon appartement.
Putain, elle me manquait déjà.

Je me rendais compte que sa présence me devenait maintenant indispensable, je la réclamais d'une force brûlante dans ma cage thoracique. Mon esprit vagabondait à sa rencontre, toutes mes pensées se dirigeaient uniquement vers elle. Que fait-elle ? Pense-t-elle à moi ? Va-t-elle bien ? Chaque seconde, une foule de pensées me venaient à l'esprit qui la concernait. Je me suis assis, sentant que je commençais à perdre lentement la tête.

Subitement, je sentis une présence et je me mis rapidement sur mes gardes, bien que je me doute de qui cela aurait pu bien être. Cette personne fit directement apparition devant moi, me détendant à sa vue. Pourtant, elle semblait vouloir en découdre avec moi. Cette rouquine était bras croisés, prête à me faire chier.

—Tu te fous de ma gueule ? Dis-moi que c'est une blague, Kaleb ?!, râla-t-elle, paraissant bien plus tendue que moi, tu n'as pas vraiment trahi El Sol ?! Et pour une nana ?

—Baisse d'un ton, l'avertis-je d'une voix calme, je ne vais pas perdre mon temps avec cette conversation ridicule, je gère.

—Justement, non, tu ne gères rien, renchérit-elle, prête à me sauter à la gorge, tu ne sais pas à quel point tout El Sol souhaite ta tête. Jovan a réussi à convaincre au moins une moitié que tu étais devenu le principal ennemi qui nous a empêché de devenir le réseau le plus influent du Mexique. Ce n'est pas rien, Kaleb.

—Frida, j'ai l'air d'en avoir quelque chose à foutre ?, l'interrogeai-je en me levant pour lui faire face, tu ne me connais plus ?

Elle se rapprocha de moi avec un visage plus que défiant. Ce n'est pas qu'elle n'a pas peur de moi, au contraire. Frida était du genre à ne pas même adresser un regard aux insectes, mais lorsqu'elle se sentait en danger, elle devenait bien plus téméraire. Tout de même, ça ne le fait pas avec moi.

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