Chapitre 65

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Je cherchais parmi toutes les pièces celle où Kaleb s'était réfugié, la tension montant avec chaque pas que je faisais dans ce manoir labyrinthique. Enfin, je le trouvai. Il était assis sur un siège imposant devant un bureau en bois sombre, à la fois chic et sophistiqué, témoignant de son goût pour le luxe raffiné. La pièce était somptueusement décorée, chaque détail soigneusement choisi pour créer une atmosphère opulente. Kaleb était assis juste devant la table, sur un fauteuil en cuir noir qui semblait aussi confortable qu'il était coûteux. Devant lui, une petite table supportait une bouteille d'alcool et un verre déjà vide, témoignant de sa solitude et de ses tourments. L'éclairage tamisé jetait des ombres inquiétantes sur son visage, mais je pouvais discerner ses iris, brillants d'une intensité féroce et d'une froideur presque inhumaine.

Je m'approchai lentement de lui, chaque pas résonnant dans le silence oppressant de la pièce. Mon cœur battait plus fort à mesure que je m'approchais, animé par un mélange de peur et d'excitation. J'avais un besoin irrépressible de le titiller, de provoquer une réaction, comme une vengeance personnelle que je devais absolument assouvir. Je voulais voir ce masque de glace se fissurer, même si cela signifiait jouer avec le feu.

Ne me dis pas que tu es en colère à cause de ce qu'il y a sur mon cou ? lui dis-je d'une voix posée et calme dans le silence oppressant de la pièce.

Une lueur de colère passa dans les yeux de l'homme devant moi, ses iris sombres se durcissant comme du marbre.

Tu t'es donné à lui ? demanda-t-il sans hésitation, sa voix rauque révélant toute sa possessivité et son indignation à peine contenue.

Cet homme avait le pouvoir de me déstabiliser, de me faire perdre tous mes repères. Ma plus grande erreur a été de tomber amoureuse de lui. Je le savais, j'en étais consciente : si j'avais le malheur de laisser mon cœur s'exprimer, ma vie se terminerait en tragédie, car le bonheur m'était interdit. Petite, je le pressentais déjà. Je n'avais que ma mère, Rosalía, et Jovan. Ils étaient tout mon univers. Pourtant, au fond de moi, je sentais ce jour inévitable arriver. Étrangement, je savais que le bonheur ne m'était pas destiné. Je voulais fuir ce destin cruel. Mais il m'a attrapée, m'enveloppant de sa toile venimeuse.
Kaleb, toi, cet homme mystérieux dont je ne connaissais rien, j'ai espéré. J'ai espéré que tu me délivrerais de cette toile, sans savoir que tu faisais partie de ceux qui m'y avaient jetée.

Je m'approchai de lui en posant délicatement mes mains sur son torse, ne décrochant pas mes yeux des siens.

Jovan est mon fiancé, il est normal que je m'offre à lui, lui chuchotai-je à l'oreille d'un ton moqueur pour attiser sa colère. Je désirais le provoquer, voir jusqu'où il pouvait aller, me délecter de son impuissance face à sa jalousie maladive.

Il attrapa mes mains avec force, ses doigts serrant mes poignets avec une intensité presque douloureuse, interrompant les caresses que je lui prodiguais. Je pus sentir la tension dans ses muscles, chaque fibre de son être crispée par la colère.

Ne te moque pas de moi, cracha-t-il entre ses dents, ses yeux brûlant d'une rage noire. Tu ne comprends pas ce que tu fais.

Je soutins son regard avec un sourire provocateur, une lueur de défi brillant dans mes yeux.

Peut-être que c'est toi qui ne comprends pas, rétorquai-je d'une voix ferme mais légèrement tremblante. Tu m'as ensorcelée dans cette danse perverse, Kaleb, mais je ne suis pas une marionnette à ton service.

Il resserra encore un peu plus sa prise, ses ongles s'enfonçant légèrement dans ma peau, mais je refusai de détourner les yeux. Il y avait une part de moi qui prenait un plaisir sombre à ce jeu dangereux, à cette danse entre désir et haine.

LA LUNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant