LA LUNA

Chapitre 39

Point de vue de Gabriela

Je restai assise dans ma chambre et regardai fixement vers la brosse posée sur ma coiffeuse. Je l'observais si profondément que je ne pouvais pas savoir depuis quand je contemplai cet objet.

Je me sentais vide.

Enfin, depuis la mort de ma mère, je l'avais toujours ressenti, mais ces derniers jours, quelque chose avait réussi à combler ce soi-disant vide. Mais c'est revenu, j'ai replongé en enfer.

Mais l'avais-je quitté ?

Je ne l'avais peut-être jamais quitté et le bout d'espoir que j'avais entrevu était peut-être pour que ma chute soit encore plus douloureuse.

Elle n'est plus là.
C'est la vie.

Je ne peux avoir personne à mes côtés, je l'ai compris. Je ne ferai plus l'erreur d'empoisonner la vie des gens que j'aime. Après ma vengeance, je disparaîtrai et donnerai La Luna à Diego. Je ne sais pas ce que je ferais. Je lirai peut-être un livre au bord d'une falaise en regardant les vagues et en rêvant de m'y jeter.
Enfin bon, ma vie est merdique.

Je me levai instantanément et va dans le bureau du jefe. En traversant les couloirs, je ne vis personne, heureusement. J'entrai dans la salle et je remarquai la toile que j'avais raccrochée au mur. Ce fameux tableau qui était si étrange au monde. Ce tableau qui m'offrait cette unique nostalgie. Ce tableau que je devais surveiller et protéger. Je me mis à la toucher délicatement en y faisant glisser mes doigts. Mes yeux se mirent sur cette ombre dessinée dans un coin. Cet ombre me faisant penser à un petit garçon. Je le caressai légèrement.

Puis, je me mis à retirer lentement mes doigts. Je me tournai pour m'assoir sur la chaise devant le bureau. C'était comme si j'étais sur un trône au-dessus de corps, les corps de ce que j'aimais. Je voulais retirer ses sentiments, je voulais les éloigner si loin de moi. Arrêter mon cœur de battre. Arrêtez mes larmes de couler. Arrêter d'espérer. J'étais bien stupide de croire que tout allait s'arranger.

Tout était encore ma faute.

Je n'étais qu'un poison pour les gens, je ne suis née que pour causer le chaos et le malheur. Comment pourrais-je continuer à vivre tranquillement ? Comment oserai-je causer le malheur d'autrui ?! Je n'étais qu'un monstre, un monstre, aveuglée par la vengeance. Je n'étais pas différente de ces jefes qui tuaient des millions de personnes chaque année. Je faisais exactement la même chose.

Et pourquoi ?

Pour ma minable vengeance. Mais c'est contre moi, j'en suis captive. Ça me rend malade, ça me rend folle de ne rien pouvoir faire. Je dois me venger. Je ne peux pas faire autrement.

Si je ne le faisais pas, quel serait mon but dans ce monde cruel ? Si je ne le fais pas, comment ma famille dormira en paix ?! Si je ne le fais pas, qui allégera mon cœur ?!

Il n'y avait pas de solution, il fallait que j'accepte d'être un monstre. Je devais accepter de n'être qu'une pourriture. C'était trop tard, il y avait trop de sacrifices, je ne peux pas tout abandonner.

—Je vous en prie, aidez-moi, chuchotai-je, espérant que quelqu'un m'entende, que ce soit le Seigneur, que ce soit quelqu'un d'autre, mais j'ai besoin que quelqu'un m'aide.

Mes larmes ne coulaient plus.

Je me mise à travailler, à regarder nos récoltes obtenue de façon si illégale, cruels et vils. Je contemplai cela, ne sentant aucune culpabilité. La maison dans laquelle j'habitais, la nourriture que je mangeais provenait de toute manière toute de ces moyens illégaux que mon père utilisait. Mon père était un génie. Je lisais chacun de ces écrits dans un petit journal et je ne pouvais constater qu'il était horriblement douée. Ce narcotrafiquant sublime qu'était mon père m'avait transmis chacun de ses dons. Tout me semblait si simple et logique.