LA LUNA

Chapitre 66

Point de vue de Kaleb

Je me levai alors que le soleil avait depuis longtemps disparu, l'agacement bouillonnant en moi à cause de ma Gabriela. Cette fille avait un talent particulier pour me pousser à bout, à défier l'autorité comme aucune autre. Elle refusait d'être domptée, persistait à n'en faire qu'à sa tête. Mais avec moi, cela ne passerait pas. Je suis habitué à ce qu'on m'obéisse sans question. Ceux qui osent me défier finissent toujours par le regretter. Frida en est un bon exemple : elle aime rétorquer, mais jamais elle n'oserait me désobéir. Je ne tolère pas l'insubordination. Gabriela, cependant, est différente. Et cela, je ne peux l'accepter. Elle doit comprendre ou je prendrai des mesures drastiques.

Je me dirigeai vers sa chambre, chaque pas résonnant dans le couloir silencieux comme les coups d'un métronome funeste. La lumière de la lune filtrait à travers les fenêtres, projetant des ombres sinistres sur les murs. Mon esprit était assombri par des pensées de contrôle et de domination. Elle croyait peut-être que ses baisers et ses caresses suffiraient à m'apaiser, à m'aveugler sur ses véritables intentions. Mais ses beaux yeux la trahissaient ; elle planifiait de s'échapper, de rejoindre un autre homme. Cette idée seule suffisait à éveiller en moi des envies violentes, des désirs sombres de possession et de pouvoir.

Je m'arrêtai devant sa porte, prenant une profonde inspiration pour calmer la rage qui grondait en moi. Si elle pensait pouvoir partir aussi facilement, elle se trompait lourdement. Si nécessaire, elle deviendrait ma prisonnière et je serais ses chaînes. Elle ne me quittera pas.

Je ne le permettrai pas.

J'ouvris doucement la porte de sa chambre, pénétrant dans l'obscurité. Gabriela dormait, mais son sommeil n'était pas paisible. Elle se tordait sous les draps, tremblant comme si elle luttait contre un cauchemar. Ses murmures étaient à peine audibles, mais je pouvais les entendre clairement.

—Ne meurs pas, Kaleb... je t'en prie, ne meurs pas, murmurait-elle, sa voix brisée par une terreur qui semblait si réelle.

Je m'approchai de son lit, mon regard fixé sur son visage tourmenté. La sueur coulait sur son front alors qu'elle était d'une pâleur affolante. Elle avait peur pour moi, une peur viscérale et inexplicable. Mon irritation se mêlait à une curiosité inattendue. Pourquoi rêvait-elle de ma mort ? Pourquoi cette angoisse, cette supplication désespérée ?

Je m'assis sur le bord du lit, mon ombre s'étendant comme une immense menace. J'avais l'impression d'être un démon épris par un ange.

—Gabriela, murmurai-je doucement, mon ton à peine audible. Elle frissonna légèrement dans son sommeil, comme si elle sentait ma présence. Tu penses pouvoir m'échapper, mais tu te trompes. Tu es à moi, que tu le veuilles ou non.

Je laissai mes doigts effleurer doucement son visage, une caresse presque tendre, mais chargée de menace. Sa peau était douce, comme de la soie sous mes doigts rugueux. Elle était mon trésor, mon joyau inestimable dans un monde de brutalité et de violence. Un diamant de l'extérieur mais cachant son intérieur à tout prix. Cependant, je percerais ce diamant, et je découvrirais ce que tu caches, mi amor.

—Si tu penses vraiment pouvoir partir, tu découvriras à quel point je peux être impitoyable, la menaçai-je en observant la beauté de son visage sous sa douleur.

Ses tremblements s'intensifièrent, et je sentis une étrange satisfaction en la voyant vulnérable. Mais au fond de moi, une question restait sans réponse : pourquoi cette peur de ma mort ? Qu'est-ce qui pouvait bien hanter ses rêves au point de la terrifier ainsi ?

Je me redressai, observant son visage avec une intensité nouvelle. Gabriela était à moi, et je découvrirai chaque secret, chaque peur qui la ronge. Elle ne pouvait pas m'échapper, et je m'assurerai qu'elle comprenne que notre destin est scellé.