Chapitre 38

741 30 11
                                    

Je ne sais pas combien d'heure, j'étais restée assise par terre contre cette porte froide et glaciale. Je ne sais pas également quand mon cœur à cesser de battre ou quand j'ai commencé à ne rien ressentir. À rester là, comme un corps sans vie.

Je voulais ne plus avoir mal.
Ne plus ressentir quoi ce soit.

Je ne voulais que personne n'ouvre cette porte, cette grande porte qui m'avait laissé la vie sauve.

Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi, pourquoi cette fille avait été autant en colère contre moi qu'elle me souhaitait morte. Je me demandais aussi pourquoi Madame Lopez avait été là.

Non, je me demandais pourquoi j'existais.

Je n'étais qu'une nuisance pour ceux que j'aime. Je n'étais qu'un objet radioactif qu'il ne fallait pas approcher. Ma vie était comme un pied coincé dans de la vase, je m'enfonçais et me noyais sans faire quoi que ce soit, car je savais que je n'avais pas le droit de me débattre. J'étais esclave du malheur.

Je ne voulais plus penser.
Parce que tout ça était ma faute.
Parce que j'avais trahi mon pacte.
Je m'étais attaché à eux.
Je me croyais libre.
Mais j'avais oublié que j'étais enchaînée par ce destin tragique.
Et je ne me permettrai plus jamais d'amener ne serait ce qu'une personne avec moi.

Les larmes sont pour les victimes, je n'avais pas le droit de continuer mes sanglots, parce que j'étais coupable.

Cette mort était ma faute.

Subitement, j'entendis des personnes taper contre cette monstrueuse porte. J'entendis également des cris appeler mon prénom, ils semblaient effrayés. Je n'avais pas le cran de répondre, pas le cran de crier.

D'un coup sec, la porte s'ouvrît, montrant une grande lumière. Ça venait de faire sûrement cinq heures que je suis ici. J'eus très mal aux yeux, puis lorsque mes yeux s'adaptèrent à cette belle lumière, je vis une scène des plus macabre. Tout avait été détruit sauf la pièce où je me trouvais. Tout était en piteux état, pire qu'au début, la bombe avait tout pris. Il l'avait également sûrement pris, elle, la femme qui m'avait prise pour fille.

Mais je voulais garder l'espoir qu'elle s'en était sortie.

Je sentis qu'on me secouait, mais je n'étais pas capable de discerner leurs voix ni leur visage. J'étais bien trop morte. Je ressentis soudainement de chaude et tendre main sur mon visage. Puis je vis le splendide visage de Luna en train de m'attraper avec un regard si douloureux et inquiet.

Mais rien, je n'arrivais pas à former d'expression sur mon visage.

Le néant avec pris contrôle de mon corps.

Point de vue de Luna :

Après l'affreuse scène dont nous avons assisté. Nous avions emmené Gabriela dans son appartement dans l'immeuble. Je n'avais jamais été aussi effrayé de ma vie. Son visage était si perdu et si vide.

Nous ne savions pas ce qui s'était passé.

Dieu merci, Diego recherchait Gabriela pour lui donner quelque chose et nous avions compris sa disparition. Nous l'avions cherché partout, mais elle était introuvable, puis une personne nous a témoigné entendre un très gros bruit qui ressemblait à celui d'une bombe pas loin de La Luna. Nous ne savons pas depuis quand elle était enfermée dans cette pièce et ce qui s'était passé, mais je suis si inquiète.

Diego sortit de la chambre de Gabriela avec un visage tendue.

—Elle ne t'a toujours rien dit ?, demandai-je, commençant à m'inquiéter encore plus.

LA LUNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant