LA LUNA

Chapitre 58

Pour ce chapitre, je conseille deux musiques dans l'ordre : Clint Mansell—Lux Aeterna [Requiem] ainsi que Max Richter—On the Nature of Daylight.

Sortant précipitamment du taxi, je me ruai vers les bois, sentant déjà la panique s'installer en moi. Chaque pas semblait me rapprocher de l'horreur que je redoutais. Les arbres denses formaient une barrière oppressante, leurs branches noueuses paraissant se refermer sur moi. Je courais, mon souffle devenant de plus en plus court, ma poitrine se serrant à chaque battement de cœur. La boue collait à mes chaussures, alourdissant mes pas, me ralentissant, comme si la nature elle-même voulait m'empêcher d'atteindre mon objectif.

Mes pensées étaient embrouillées, mon esprit envahi par des images de Luna, seule et terrifiée. L'idée qu'elle puisse être en danger à cause de moi me déchirait. Mon cœur battait à tout rompre, résonnant dans mes oreilles comme un tambour assourdissant. La peur pour mon amie me poussait en avant, malgré la fatigue et la terreur qui menaçaient de m'engloutir.

Chaque ombre, chaque bruit dans les bois me faisait sursauter. Mon esprit imaginait le pire, amplifiant ma détresse. La pente devant moi semblait interminable, un chemin semé d'embûches et de racines traîtresses. Je trébuchais plusieurs fois, mes mains se griffant sur les ronces, mais je ne pouvais pas m'arrêter. La boue s'accrochait à mes chaussures, mais je continuais de courir, m'efforçant de ne pas penser à ce qui pourrait arriver si je n'arrivais pas à temps.

—Accroche-toi, Luna, murmurai-je entre deux respirations haletantes, comme pour me donner du courage. J'avais si peur, peur que quelque chose de terrifiant lui arrive. Je ne pourrais jamais me le pardonner. La pensée de perdre encore une personne que j'aimais me hantait, rendant chaque pas plus urgent. Pourquoi ? Pourquoi devais-je subir tout ça, pourquoi ceux autour de moi devaient aussi le subir ? Mon existence en elle-même était-elle une erreur ?! N'ai-je pas le droit de sourire avec ceux que j'aime ?! N'ai-je pas le droit au bonheur ?! Seigneur ! Seigneur ! Qu'ai-je fait ?! Je vous en prie, dites-le-moi, pour que je puisse m'en repentir ! Je ne le supporte plus !

Mes jambes tremblaient, non seulement à cause de l'effort, mais aussi à cause de la peur viscérale qui me consumait. Je savais que je devais me dépêcher, que chaque seconde comptait. Je courais sans me retourner, essoufflée, je ne m'arrêterai pas. Je n'avais pas ce luxe. Je continuais, même si une jambe me manquait. Car je ne pouvais pas le laisser. Non, tout le monde sauf elle. Ne faites pas de mal à ma sœur...

Finalement, j'aperçus une lumière à travers les arbres. Mon cœur se serra encore plus, un mélange d'espoir et de terreur me traversant.

—Luna, laissai-je échapper encore une fois de mes lèvres, accélérant malgré la douleur et la fatigue. Mes mains tremblaient alors que je m'approchais, les larmes brouillant ma vision. Je ne pouvais pas supporter l'idée de la perdre. Elle était ma lumière dans l'obscurité, mon ancre dans le chaos. Elle était le héros de ma tragédie. Celle qui, malgré chacun de mes défauts, me pointait du doigt mes qualités.

En émergeant enfin de la forêt, essoufflée et le cœur battant à tout rompre, je vis une clairière se dessiner devant moi. Mes yeux parcouraient frénétiquement l'espace, cherchant désespérément Luna. Et là, au bord de la falaise, je la vis.

Luna était attachée, ses poignets liés derrière son dos par une corde épaisse, les bras tirés de manière cruelle. Son visage était pâle, marqué par la peur, la fatigue, mais également de la rage. Ses yeux d'une couleur ébène splendide étaient entourés de rouge. Je le vis à sa tête, elle a tenté par tous les moyens de se battre. Malheureusement, numériquement, c'était impossible. Deux gardes imposants la tenaient fermement, leurs regards froids et impitoyables. Mon cœur se serra à la vue de mon amie dans cet état, une vague de colère et de désespoir m'envahissant.