Chapitre 34

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Je me levais doucement du lit, serrant la couverture contre ma peau. J'observai à ma droite l'homme avec qui j'avais passé ma tendre soirée. Il était allongé sur le ventre, faisant apercevoir tout son dos nu. Étrangement, un faible sourire se glissa sur mes lèvres. J'étais...

J'étais heureuse.

Je ne m'étais jamais autant sentie bien aujourd'hui. Repenser à hier me fit légèrement rougir. Lentement, je bougeais ma main sur ses beaux cheveux noirs, les caressant avec douceur.

Cet homme est si beau.

Subitement, il retourna sa tête en ma direction me faisant légèrement sursauter. Ses billes vertes m'observaient sans aucune expression.

—Ça va ?, me demanda-t-il tendrement dans cette pièce vide.

—Oui, ça va, répondis-je brièvement.

Je ne comprends pas, son visage a l'air presque douloureux. Je ne sais pas pourquoi il agit si bizarrement.

¿Estás seguro de que está bien?, répétai-je, reconnaissant le langage de ses yeux.
(Es-tu sûr que tout va bien ?)

—Ce n'est pas parti, souffla-t-il légèrement en fronçant faiblement les sourcils.

—Qu'est-ce qui n'est pas parti, Kaleb ?, lui demandai-je, ne comprenant pas le problème.

Il ne me répondit pas et se leva pour enfiler ses vêtements d'hier sans me dire quoi que ce soit.
Je voulais dire quelque chose, mais les mots ne sortaient pas. Je voulais le retenir, mais mes bras étaient paralysés. Je le regardai sortir de la chambre sans rien dire, me serrant si fort le cœur.

Après tout, il ne m'avait rien promis.
Ce n'était qu'un coup d'un soir.

Je n'avais pas le droit d'être en colère, je ne devais rien m'attendre de sa part. Rosie m'avait prévenu, il prenait des filles et les jetaient aussitôt. Ce n'est rien.

Je me levais à mon tour pour prendre ma douche. À l'intérieur, je m'assieds dans le bord, les cheveux mouillés, les gouttes d'eau froide tombant sur moi sans aucune pitié. J'avais froid. Les scènes de la nuit précédente ne cessaient de se répéter dans ma tête. C'était magique, enfin, pour moi. Je- ça comptait pour moi. Je pliai mes jambes et les entourer de mes bras.

Je n'arrêtai pas de revoir ses images défilés.
Depuis quand m'étais-je si accroché à lui ?

Je ne pouvais pas me le cacher, la souffrance était bien là. J'avais mal, très mal.

Après cette douche, je m'habillai avec ce qu'une domestique m'a donné. Je regardai dans la chambre où se situait le sac contenant la robe qu'il m'avait achetée. Je la pris rapidement et m'en allai dans le salon où je retrouvai Rosie, étrangement plus calme que d'habitude. Lorsqu'elle me vit, elle me prit soudainement dans ses bras.

—Gaby, c'est aujourd'hui que tu t'en vas !, s'écria-t-elle avec une voix dramatique.

—Tu vas me manquer, Rosie, tout de toi va me manquer, toi et le fait que tu fasses tout dans l'excès, lui murmurai-je dans l'oreille, toujours dans ses bras.

Elle se décala de moi avec un petit sourire triste.

—Je sais que je suis une personne assez vivante, j'aime m'amuser, j'aime prendre du bon temps, me sentir libre et explorer ce monde avec une immense vivacité, commença-t-elle en me regardant droit dans les yeux, mais même si je ne te connais que depuis un jour, j'ai vu à quel point les démons te retenaient, alors je te dirai, en tant qu'amie si tu le souhaites, je te dirai de vivre, Gabriela. Tu n'es pas morte.

LA LUNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant