Chapitre 47

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Alors que j'observai la scène, je ne pouvais que sentir des yeux tournés vers moi.
Pas une seule fois.
Pas une seule fois, ils ne se sont détournés de moi, Kaleb me scrutait si attentivement que cela devenait évident. Je pense qu'il n'essayait même pas de se cacher. Mon cœur ne pouvait s'empêcher de louper un battement, il bougeait comme un réveil cassé qui ne cessait de retentir. Mais le plus dur n'était pas là, en effet, le plus dur était de ne pas rendre son regard. Je n'arrivais même pas à me concentrer sur l'opéra.

—Diego, je m'en vais, j'ai besoin d'aller aux toilettes, lui indiquai-je à toute vitesse.

—Ah ok, c'est par l-, je n'attendis même pas qu'il finisse et je m'en allais le plus loin d'ici à toute vitesse.

Je repris la route que l'employé nous avait montrée avant et je décidai de sortir à toute vitesse de cet endroit étouffant jusqu'à me retrouver dehors. La douceur de l'air frais me fit un énorme bien, mais à courte durée. Car je le savais, je savais que l'homme qui ne décrochait pas son regard de moi me poursuivrait puisqu'il était telle une ombre accrochée à son propriétaire. Je le ressentais se tenir derrière moi, même dos à lui, je sentais son imposante figure. Non, je n'osais pas me retourner face à lui, je n'osais pas revoir son visage rempli de vulgaires mensonges.

—Que fais-tu ? Ne t'avais pas dit de ne plus jamais me revoir ?, lui dis-je d'une voix calme, mais dure toujours dos à lui.

Regarde-moi, répondit-il faiblement, tel un doux murmure.

—Ne t'avais-je pas menacé, pourquoi faut-il toujours que tu compliques tout ?, continuai-je, le cœur battant de plus en plus fort.

Regarde-moi, rétorqua-t-il à nouveau, me faisant cette fois céder.

Doucement, le cœur continuant sa course effrénée, je me retournai face à cet homme qui semblait encore plus beau dans cette douceur de la nuit sombre. Où à ses yeux seuls éblouissaient cette obscurité aveuglante.

Que fais-tu là, Kaleb ?, demandai-je comme épuisée.

Comment puis-je répondre à une question dont je n'en ai pas la réponse ?, me répondit-il d'une voix si calme.

Je me mets à rire amèrement, trouvant cette situation répétitive si ridicule et si désagréable. Puis, je m'arrêtai affichant un visage déçue.

Pour être franche, j'en ai assez d'essayer de comprendre, Kaleb, lui avouai-je, puis instinctivement, je passai légèrement mes yeux vers l'endroit où je lui avais planté mon poignard.

Il paraissait s'être soigné, mais je ne pouvais rien voir à cause de sa chemise. Mais quand mes yeux revinrent à lui, il paraissait s'être tellement rapproché que je me suis mise à me reculer légèrement. La façon dont il devait baisser ses yeux pour me regarder était si insultante, mais si...séduisante à la fois. Je déglutis faiblement alors qu'il continua à s'approcher de moi, jusqu'à ce que, sans m'en rendre compte, je me sois conduite dos à un mur. Je me tapais doucement contre celui-ci qui était dur et froid, mais pas aussi que l'homme qui était devant moi. Bien que je sois placée contre ce mur, Kaleb ne se gêna pas pour se rapprocher encore plus de moi.

Tu as été bête sur ce coup-là, commençai-je en le cherchant, ton frère est ici, et tout le monde souhaite ta tête, mais ça, tu ne dois pas l'ignorer. Kaleb, tu désires mourir ?, le questionnai-je sarcastiquement.

T'inquiètes-tu pour moi ?, répliqua cet idiot.

Non, cela m'arrangerait qu'ils te tuent, rétorquai-je crûment, mais contre toute attente, Kaleb plaqua son crâne contre le mur à côté de mon visage, rapprochant encore davantage son corps au mien.

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