Chapitre 40

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Après la découverte des résultats, je me levai sans plus aucun bruit. L'univers décidait réellement de s'acharner sur moi. Parler ne servirait à rien, encore moins de pleurer. J'avais compris.

Dans ma chambre, sur le lit, allongée sans penser à quoique ce soit. Je n'arrivais pas à fermer l'œil.

Était-ce à cause de mon estomac vide ?

Je n'en avais rien à faire. La mort pouvait me rattraper, je ne courrais pas. J'avais déjà sombré dans les abysses de la désespérance. J'étais soumise aux crimes, j'étais soumise à la honte, à l'égoïsme et je n'en avais plus rien à faire.

J'avais accepté d'être un monstre.

Alors sans aucun bruit, sans les battements d'ailes d'une mouche et sans l'entente de ma lente respiration, je m'endormais sur ce lit avec tant de misère. Parce que la personne que j'incarnais n'était qu'un être misérable.

Le lendemain, doucement, après m'être douchée, maquiller, et préparer, j'enfilai doucement mes gants noirs, mon chapeau noir, et mes lunettes noires qui complétaient ma tenue ébène. Nous étions le jour où nous devions pleurer la mort de mon garde du corps. Je n'affichai donc aucune expression et je descendis dans le hall rempli de personne habillé de la même manière que moi.

Je regardai autour de moi et constatai leurs visages affaiblis. J'aperçus les jumeaux qui me perçoivent en même temps, mais je ne les rejoignis pas. Au contraire, j'attendais que Diego me suive et c'est ce qu'il fit.

Nous sortîmes pour entrer dans une camionnette noire. Mais cette fois, il n'y en avait qu'une qui nous attendait, ce n'était pas une cérémonie aussi grande que celui de mon père, l'ancien jefe. Le peuple n'était pas obligé d'être en noir dans les rues, il n'y avait que les membres de La Luna. J'entrais dans la caisse avec Diego et un garde ferma la portière. Je regardais à travers la vitre grise, et aperçois Luna. Luna était là, me regardant avec un visage assez triste. Mais je n'y fais pas attention et ordonnai qu'on se mette en route.

Je voulais en finir vite avec cette journée.

Va-t'en, cette vie-là n'est pas faite pas pour toi, tu mérites mieux, me dis soudainement Diego dont je sentis le regard depuis tout à l'heure.

—M'en aller ?, répétai-je doucement en riant amèrement.

Puis-je me faire un jour comprendre dans ce monde ?

Mes larmes ne coulent plus à l'extérieur, mais mon cœur saigne et cela n'est pas visible à la vue de tous. Ce n'est pas grave, je vais faire comme d'habitude : tout supporter.

De quoi avais-je envie ?

Lorsque je me pose cette question, je m'imagine sur un sable très chaud qui glisse partout et qui me chatouillent sans s'arrêter, allonger sur ce sable, je regarde le ciel sans penser à rien. Sans soucis. Sans problème. Puis le sable commence à m'avaler lentement, mais je n'ai pas peur, au contraire, j'en suis ravie. Je me laisse minutieusement prendre par ce sable doux, continuant à regarder ce beau ciel bleu. Et jusqu'à mon dernier souffle, je ne quittai pas des yeux l'incroyable beauté que le Seigneur avait créé.

Je n'avais pas de dernier mot. Non, mon léger sourire exprimait déjà tout.

Je pense que ça arrive à tout le monde de vouloir un jour ne plus jamais se réveiller d'un doux rêve. C'était pour moi un très grand souhait. Mon corps faible, mes yeux fatigués de verser des larmes, ne demandent que repos. C'était...

comme si mon corps continué d'exister sans moi.

Mais c'était pire que ce que je pensais. Mon rêve était vrai, mais je n'ai pas tout dit.

LA LUNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant