Chapitre 44

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J'observai Jovan sans dire un mot, ayant écouté attentivement l'histoire qu'il m'avait raconté. Mais étrangement, je ne pouvais que penser à Kaleb et ce qu'il avait dû vivre. Leur passé était loin d'être heureux, au contraire, c'était le contraire de mon passé. Alors que moi, je m'accrochais à mes souvenirs, eux n'avaient rien pour s'accrocher. Ils vagabondaient avec la solitude et la haine, ils marchaient dans cette ruelle obscure et sombre depuis bien plus longtemps que moi. Sans lumière, sans personne pour les épauler, ils étaient bien seuls.

C'était la raison pour laquelle Jovan s'accrochait à moi. Dans son passé douloureux, j'étais la seule à être avec lui sans le savoir. Depuis jeune, il était un espion chez nous, donc cela voulait dire, qu'il vivait un peu de joie avec nous, mais lorsqu'il devait retourner chez lui, il vivait dans une souffrance pure.

Mais ça n'excusait en rien le mal qu'il a fait.
Non, ça n'excusait rien du tout.

—Jovan ? Penses-tu que cela excuse tout ce que tu as fait ?, lui demandai-je réellement et sincèrement.

—Non, répondit-il doucement, mais que puis-je faire ? La haine qui m'a consumée est incontrôlable, je n'arrive pas à la dompter.

Il était bien plus comme moi que je le croyais.

Sans que je me rende compte, une larme m'échappa, une larme pure qui partit en même temps que mes souvenirs avec lui.

—Je ne pourrais pas te pardonner, Jovan, avouai-je, sentant mon cœur se resserrer, le mal que tu as fait est beaucoup trop immense.

Il ne dit rien et me regarda avec un regard douloureux avant de quitter la pièce en m'enfermant derrière lui. Lorsque j'entendis la porte se refermer derrière lui, je me laissais aller. Ma souffrance s'exprima et laissa mes larmes s'en aller, parce que tous mes souvenirs avec cet ami que je considérais comme un frère me revient soudainement. Comment quelqu'un de si proche peut-il autant nous poignarder dans le dos ?

J'avais horriblement mal, c'était si injuste.

Je ne me retins plus et sanglotai sans m'arrêter un seul instant, cherchant à me réveiller de ce cauchemar gigantesque.

—Je vous en prie, Seigneur, suppliai-je tellement perdue, pardonnez-moi...

Épuisée et affamée, je voulais abandonner la vie, me laisser mourir. Je voulais rejoindre ma famille. Et ne plus m'inquiéter du lendemain. Je voulais quitter cette terre pleine de malheur et d'injustice. Je voulais n'être plus que poussière parmi tant d'autre.

Alors que mes paupières devenaient de plus en plus lourdes, je vis légèrement l'apparence d'une personne que je connaissais trop bien.

...Mi luna ?, souffla légèrement la douce voix de celle qui ne cesse de me manquer chaque jour, mi luna, réveille-toi...

À l'entente de sa voix, mes larmes se misent à couler de plus en plus belle.

...Maman..., glissai-je doucement dans mon agonie, maman...reviens....je t'en prie...

Mi luna..., elle ne dit rien de plus, mais elle m'enlaça uniquement.

Je savais que je rêvais, mais c'était comme si je pouvais réellement la sentir dans mes bras. Je me sentais si bien, très bien dans ses bras chauds et doux. Je me laissai tendrement dormir dans ce beau rêve me redonnant légèrement des forces.






Je ne sais toujours pas depuis combien de jours, je suis ici. Mais être ici accompagné de cadavre n'était pas la joie. La pièce sentait immonde. On me nourrit mal, on m'ignore, j'étais considérée comme un pur déchet. Être dans cette même position assise était vraiment insupportable. De plus, je décidais de rester muette, car je n'abandonnerai pas ce que mon père avait construit. Je n'abandonnerai jamais La Luna.

LA LUNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant