Chapitre 55

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Attention aux âmes sensibles, ce chapitre pourrait rappeler des événements traumatisants ⚠️

Pendant deux jours, j'étais enfermée dans ma chambre, ne voulant plus y sortir. J'étais sur mon lit, recroquevillée sur le coin du mur. Je ne voulais plus voir la lumière, plus entendre de bruit. Tout me semblait perturbable et tout me rappelait la victime de Kaleb. Les cauchemars se multipliaient sans m'offrir aucun répit. Je voyais Jacks me demandant de l'épargner à genoux, mais il finissait tout le temps par exploser, son sang éclatait partout, se jetant même sur moi, sur les murs et sur le sol froid. C'était une vision catastrophique. Je me hurlais que c'était ma faute. Vindicta me hurlait dessus. Ce démon avait soif de vengeance et voulait que j'étanche sa soif. Il me soufflait toutes sortes de pensées, des pensées écrasantes qui désiraient le sang. Je voulais l'anéantir, je voulais les anéantir. Tous ceux qui m'avaient causé du tort, tous ceux qui avaient osé me trahir. J'étais manipulable, je l'avoue. Néanmoins, je possédais une flamme rugissante en moi qui désirait de brûler tous ceux qui l'alimentaient. J'avais demandé à Jovan de tuer Kaleb et il m'avait donné rendez-vous demain, car il était en voyage. Toutefois, cette demande n'exclut pas le fait que je voulais le trucider également. Le voir me donnerait envie de gerber et de le sauter à la gorge pour l'égorger. Je le détestais autant que Kaleb.

Subitement, on tapa à la porte de ma chambre. Je savais instinctivement qui c'était, seules deux personnes avaient la clef de ma porte d'entrée, Diego et Luna. Mais Diego a cessé de venir me voir, alors ça ne pouvait être qu'elle. Luna entra sans que je lui donne l'autorisation, je ne la regarde pas. Non, mes pensées me torturaient trop pour que je fasse attention à elle. Elle déposa un plateau de nourriture sur mon bureau et reprit le plateau qu'elle avait posé la veille et que je n'ai même pas un peu touché. En regardant le plateau, elle souffla doucement.

—Pourquoi tu t'en fais tellement pour une personne que tu connais à peine, Gabriela ? Je ne comprends pas pourquoi tu te mets dans ces états-là. Je sais que tu as besoin d'aide, mais je suis là pour toi, moi, appuya-t-elle sur son dernier mot comme pour montrer une pointe de tristesse. Luna ne savait pas ce que Kaleb avait fait. Je lui avais raconté presque toute ma vie, mais cette fois, j'avais trop honte. J'avais conduit cet homme à l'abattoir, juste pour énerver Kaleb. Comment pouvais-je lui raconter cela ?

Je ne lui offris que le silence. Je ne pouvais pas continuer. Je ne fais que recommencer comme une boucle, tout se répète. Je ne comprends pas, je n'arrive pas à comprendre pourquoi Kaleb avait fait cela. Je suis si en colère contre lui. Je sentis le regard de Luna. Elle devait en avoir marre de moi. Tu m'étonnes.

—S'il te plait, au moins, nourris-toi, me demanda-t-elle, semblant vraiment s'inquiéter pour moi. J'avais beau la repousser, elle était toujours là. Putain, pourquoi je suis comme ça ? Je me déteste tellement. J'aimerais ouvrir la bouche, la remercier et la prendre dans mes bras. Mais, je me tais et je suis incapable d'ouvrir la bouche, c'est plus fort que moi.

Je me hais entièrement.

—Je vais aller le retrouver, je vais aller chercher ce connard et le ramener devant toi pour qu'il explique pourquoi il est parti comme un voleur !, s'écria-t-elle en frappant dans les airs comme s'il se trouvait devant elle.

—...Difficile de trouver un mort..., murmurai-je à peine. Ma phrase était si tremblante qu'elle démontrait toute ma peine.

—...Mort ?, répéta-t-elle en ouvrant les yeux et en fixant les miens. Je pense que dès ce contact entre nos yeux, elle comprit. Elle comprit ce que je ne voulais pas lui avouer. Elle comprit rien qu'en regardant mon visage.

D'un coup, son visage prit un air grave. Elle semblait aussi déboussolée que moi. Je voyais ses belles lèvres essayer de bouger, mais ils étaient incapables de sortir un seul mot. Elle ne voulait sans doute pas le dire, prononcer le nom qui était derrière cette mort, ne voulant pas me rappeler ce choc. Son visage se tournait maintenant au rouge, ses yeux étaient maintenant sombres. Non, je ne veux pas que l'obscurité prenne son beau visage rayonnant.

LA LUNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant