Chapitre 67

110 8 0
                                    

Point de vue de Gabriela

—Ne fais pas ça, Kaleb !, lui hurlai-je, mes mots déchirant l'air chargé d'une pluie battante.
Déprogramme ça, je t'en prie !

Pourquoi ?! Kaleb éclata, sa voix résonnant avec une intensité qui me fit frissonner. Pourquoi je ne devrais pas le tuer, là, maintenant ?!

La terreur me tordait les entrailles. Si Jovan survivait, ou pire encore, si quelqu'un d'autre avait la télécommande, Kaleb pourrait déclencher l'irréparable à tout instant. Il pouvait exploser à tout moment ! C'était un risque que je ne pouvais pas me permettre.

Parce que je l'aime !, répliquai-je aussi fort que lui. JE L'AIME, KALEB ! QU'EST-CE QUE TU NE COMPRENDS PAS ?!

Chaque mot que je criais semblait s'évanouir dans le vacarme de la pluie diluvienne. Mes poumons brûlaient alors que la peur et la détresse m'envahissaient. Les yeux de Kaleb luisaient d'une rage dévorante, teintés d'un rouge intense sous la lumière des éclairs qui zébraient le ciel. Les gouttes de pluie s'écrasaient sur nous, nous trempant jusqu'aux os, mais rien ne pouvait éteindre l'incendie qui brûlait en lui.

Justement, répondit-il d'un sourire cruel aux lèvres. C'est une raison de plus pour que je le tue.

Soudainement, je m'effondrai à genoux sur le sol boueux et glissant. Mes genoux s'enfoncèrent dans la terre humide, laissant des traces de désespoir. Je sentais que chaque seconde comptait, chaque mot, chaque geste pouvait basculer dans l'horreur absolue. J'étais prête à l'implorer, implorer pour une raison qu'il ne connaissait pas.
Pour sa propre vie à lui.

Kaleb, je t'en prie, suppliai-je à travers mes sanglots, ma voix brisée par l'émotion. Ne déclenche pas une guerre. Ne lui fais pas de mal., sanglotai-je en prenant sa cheville.

Mes doigts se cramponnaient désespérément à sa cheville, luttant pour le ramener à la raison, à la sécurité. La pluie martelait impitoyablement nos corps, comme un écho de notre combat intérieur qui menaçait d'éclater à tout moment. Nos vêtements, nos cheveux, tout étaient trempés.
Je me sentais humiliée dans ma supplication, mais je l'accepterais mille fois si cela pouvait sauver Kaleb. Je ne pouvais pas faire risquer que cette bombe explose à l'intérieur de lui. J'avais déjà perdu tant de personnes, et je ne pouvais pas perdre Kaleb.

Il me saisit violemment par l'avant-bras, me forçant à le regarder en face. Ses yeux brillaient d'une lueur sombre et tourmentée, et son visage trahissait à la fois du dégoût et de la déception. La pluie continuait de tomber sans relâche, comme si elle cherchait à noyer nos peurs et nos contradictions dans ses torrents impitoyables.
Mes cheveux se collèrent à mon visage alors que ses cheveux à lui se collèrent sur son front. La pluie n'avait pas dit son dernier mot et battait de plus en plus fort.

Gabriela, c'est nous deux, me dit-il d'une voix dure et menaçante, n'admettant aucune autre réalité.

C'est faux, Kaleb, le contredis-je le cœur battant douloureusement dans ma poitrine. Tu avais raison, il n'y a pas d'amour entre nous deux. Je me suis trompée. Je ne t'ai jamais aimé, ajoutai-je, ma cage thoracique hurlant de souffrance, je détournant le visage essayant à tout prix de ne pas faire face à son visage.

Répète-moi ça en me regardant dans les yeux, me demanda-t-il d'un ton implacable, alors que je sentais déjà mes larmes menacer de s'échapper sous cette pluie froide. Je devais le faire, pour que ce soit moins douloureux, pour qu'il puisse enfin me laisser partir.

Je ne t'aime pas, Kaleb, lui mentis-je en soutenant son regard, un nœud douloureux se formant dans mon ventre.

Tu ne m'aimes pas ?, répéta-t-il, laissant échapper un rire bref mais d'une faible touche de tremblement. Sa poigne sur mon avant-bras se relâcha légèrement, vacillant. Mentirosa, tu sais que c'est faux. On ressent tous les deux quelque chose l'un pour l'autre.

LA LUNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant