Chapitre 63

97 8 0
                                    

Lorsque je rentrai dans notre chambre, Jovan m'attendait, allongé sur le lit, vêtu seulement d'un bas. Il attendait toujours mon retour depuis un an pour que nous allions nous coucher ensemble. La vue de son corps dénudé aurait dû me dégoûter, mais au fond de moi, ce contact me réconfortait. Malgré tout ce qu'il avait fait, être dans ses bras me rappelait l'ancien Jovan, mon meilleur ami. Ce sentiment m'énervait car je voulais le haïr, non, je suis sûre je le haïs du plus profond de mon cœur, je lui mettais même sur le dos la mort de Luna. Mais, c'était comme si j'étais dans le déni. Depuis un an, je me force à croire que je vis avec le Jovan de mes souvenirs. Ce n'était pas aussi apaisant que être dans les bras de Kaleb, mais cela atténuait mes cauchemars. Jovan devait avoir remarqué mes terreurs nocturnes, mais il n'en parlait jamais. En réalité, c'était pire : lui aussi avait des sueurs froides, et parfois, il respirait fortement dans son sommeil. Ces détails sur sa souffrance me titillaient le cœur.

Et chaque jour passé à ses côtés me rappelait combien nous étions semblables. Tous deux consumés par la vengeance.

Voir son visage maintenant éveillait en moi une compassion inattendue, surtout après avoir appris la vérité. Mais cela ne changeait pas la haine que j'éprouvais encore envers lui pour tout le mal qu'il m'avait fait.

Jovan... je m'arrêtai, prête à lui dire ce que sa mère m'avait révélé. Mais les mots restèrent coincés dans ma gorge. Je ne pouvais pas lui dire, malgré ma rancœur, je ne voulais pas... le voir se briser à nouveau.

Je ne dirais rien.

Si Jovan découvrait la vérité, je ne savais pas comment il réagirait. Il pourrait même soupçonner Kaleb. N'importe qui aurait pu tuer Adriana. Je préférais garder le silence. Jovan était trop imprévisible, incapable de maîtriser les émotions qui le dévoraient.

Doucement, je me déshabillai pour enfiler une robe de chambre en guise de pyjama. Je sentais les yeux de Jovan parcourir mon corps. Au début, cela me mettait mal à l'aise, mais maintenant, je devais m'y habituer. Après tout, j'allais devenir sa femme. Après avoir enfilé ma robe de chambre noire en soie, un cadeau de lui, je m'assis à côté de lui, le regardant d'un air impassible. Il ne souriait pas non plus. Nos regards se croisaient, vides d'émotion.

Tu es éblouissante, guapa, murmura-t-il doucement, mais ses yeux trahissaient un désir ardent.

Jovan s'approcha de moi, ses cheveux châtains encore mouillés par la douche tombant sur son front. Il rougissait légèrement, ses joues prenant une teinte rosée, mais il essayait de maintenir une attitude dominante. Ses mains tremblaient légèrement lorsqu'il posa ses doigts sur ma peau, explorant maladroitement chaque courbe, chaque ligne de mon corps. Ses mouvements étaient hésitants, presque timides, mais déterminés. Il caressa ma peau avec une délicatesse qui trahissait son inexpérience, cherchant à imposer une autorité qu'il ne maîtrisait pas encore.

Je pouvais sentir son excitation monter, sa respiration devenant irrégulière. Ses gestes, bien que maladroits, étaient empreints d'une intensité qui trahissait son désir brûlant. Il rapprocha son visage du mien, ses cheveux mouillés effleurant ma peau, ajoutant une sensation froide et électrisante. Nous n'avions jamais eu autant de contact, mais je n'arrivais pas à effacer cette trace de pitié que j'avais à cet instant. Alors, soudain, je déposai mes lèvres sur les siennes, et il en profita pour entremêler nos langues avec une douceur hésitante. Puis, brusquement, Jovan devint plus féroce, m'embrassant avec une passion presque désespérée. Son baiser, d'abord délicat, devint avide, presque maladroit dans son intensité. Il me tenait fermement, ses mains glissant sur mon dos, cherchant à m'attirer encore plus près de lui. Mon cœur battait la chamade dans ma cage thoracique. Le baiser me faisait presque mal tant il était puissant et désespéré. Je retirai mes lèvres des siennes pour reprendre mon souffle, tandis que je lui jetai un coup d'œil. Ses yeux brillaient d'un désir insatiable. Il en voulait encore plus.

LA LUNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant