LA LUNA

Chapitre 59

Une semaine s'était écoulée depuis ce jour fatidique. J'étais assise dans ma chambre, sur mon lit et contre le coin du mur. J'étais incapable de faire face au monde extérieur, incapable de voir les visages de ceux qui avaient tant espéré en moi. La douleur de la perte de Luna me rongeait de l'intérieur, comme un poison qui se répandait lentement dans mes veines. Chaque nuit était une épreuve, un supplice interminable. Les cauchemars devenaient de plus en plus violents, me laissant tremblante et en sueur.
Pendant ces sept jours de souffrance, mes nuits étaient des moments de torture. Je tremblais sur mon lit, recouverte de sueur froide. Son visage hantait mes rêves, ses yeux, son sourire, sa beauté. J'entendais sa voix, douce et rassurante, comme un écho douloureux dans mon esprit. Elle était omniprésente, impossible à oublier. Comme si mon esprit me punissait de n'avoir pas pu la sauver.

Je la revoyais encore et encore, emportée par ces vagues cruelles et déchaînées, déterminées à l'emmener le plus loin possible de moi. Chaque fois que je fermais les yeux, la scène se rejouait inlassablement. La fatigue se lisait sur mes traits, mes yeux étaient marqués par des cernes profonds et affreux, témoins de mes nuits sans repos.

Ce matin-là, un des Lunas frappa doucement à ma porte avant d'entrer. Ce n'était pas Diego. Bien sûr, je ne l'avais pas vu depuis cet accident. Je le reconnaissais, c'était Luis. C'était un jeune de dix-sept, il travaillait pour La Luna depuis peu. Après la mort de ses parents, il n'avait nulle part où aller et cherchait de grandes sommes pour ses dettes, alors nous l'avons recueilli. Il nous était donc fidèle, il nous devait une dette.
Lorsqu'il franchit la porte de ma chambre, je le regardai à peine. La peur d'affronter son visage, peur de montrer à quel point j'étais faible, à quel point j'étais pitoyable et misérable, me paralysait. Mes yeux croisèrent les siens juste un instant. Et ce que je vis pour un quart de seconde me déchira.

De la pitié.

De la pitié à mon égard. Lui aussi semblait être affecté par mon état. J'étais vraiment tout d'une mauvaise Jefa. Après un moment d'hésitation, il m'informa que le corps de Luna n'avait toujours pas été retrouvé. Ces mots, bien que je les attende, m'arrachèrent un nouveau sanglot. Une douleur sourde envahit ma poitrine, chaque mot résonnait comme un coup de poignard. Je voulais croire qu'elle était vivante, quelque part, mais chaque jour sans nouvelles rendait cet espoir plus mince. Je ne pouvais m'empêcher de l'attendre, attendre qu'elle revienne me faire son sourire bien à elle. Cependant, je l'avais vue tomber. Je l'avais vue. Cette pensée me donnait l'impression que des millions de poignards s'abattaient sur mon cœur.

Luis resta un moment silencieux, observant mon visage ravagé par la fatigue et la tristesse. Puis, il s'approcha de moi, tendant une petite boîte de médicaments. Je n'arrivais même pas à lui offrir un faux sourire.

—Jefa Hernandez, dit-il doucement, le docteur a prescrit ces antidépresseurs pour t'aider. Ce sont des ISRS, de la sertraline. Ils devraient atténuer votre anxiété et vous aider à dormir.

Je regardai la boîte avec appréhension. Était-ce vraiment la solution ? Prendre ces médicaments était une acceptation de ma faiblesse, mais aussi un espoir ténu de soulagement. Je ne pouvais pas être sûre que ça m'aiderait réellement, mais j'avais désespérément besoin de quelque chose pour apaiser la tempête qui faisait rage en moi. Je pris la boîte avec des mains tremblantes, le regardant comme si elle contenait une réponse à toutes mes souffrances.

Je les avalai sans un mot, sans savoir si cela me conduirait à la guérison ou simplement à un engourdissement plus profond. Mais je ne pouvais pas rester dans cet état, je ne pouvais pas laisser la douleur me dévorer complètement. Peut-être, juste peut-être, ces petites pilules étaient le premier pas vers la lumière au bout du tunnel. Même si, à mon état actuel, je pense que rien ne pourrait me sortir des ténèbres auxquelles je me trouvais. Je levai mes yeux vers Luis avec difficulté.