Terreur Lunaire - Livre 2 - Geôle Cristallin

V - Ministre Rusée - Partie 2

  Finalement, les deux femmes arrivèrent devant une lourde porte en chêne à double battants. Outre les grandes arabesques et symboles qui les ornaient, un château enveloppé par des trois paires d'ailes angéliques était taillé dans le bois. Lunera comprit qu'elle se trouvait devant le bureau de la reine. Deux soldats gardaient la porte, que Solèna congédia avec un hochement de tête entendu.

— Si vous voulez bien entrer, dit-elle simplement en poussant les battants.

Timidement, Lunera découvrit le royal cabinet du souverain d'Arkhess. Réprimant un soupir émerveillé, elle tournait ses yeux dans tous les sens de sorte à couvrir les proportions pantagruéliques de la pièce. Une grande baie vitrée donnait vue sur le jardin arrière où au loin, des nuages venaient éteindre les dernières lueurs du crépuscule. Derrière le secrétaire de la reine, un trône de velours rouge se réservait pour la reine.

À droite de l'entrée, il y avait une grande cheminée ainsi qu'un salon aménagée avec quelques fauteuils et un tapis. Divers bibelots, vases et autres décorations, venaient agrémenter les lieux. Il y avait une petite porte dérobée permettant à la reine de regagner facilement ses appartements. Enfin, de l'autre côté du bureau, il y avait plusieurs grandes armoires pleines à craquer de documents.

D'un geste de main, Solèna invita Lunera à s'asseoir sur le siège rouge avant de prendre place en face d'elle.

— Gloire à l'Ange, entama Solèna, en inclinant très brièvement la tête.

Perplexe, Lunera interrogea la ministre du regard.

— Dame Ariès... Il s'agit là d'une formule solennelle de respect que vos sujets clameront en votre présence, en guise de bonjour.

Solèna réprima un sourire.

— Dois-je comprendre que vous n'êtes pas originaire d'Arkhess ? Tous les gens d'ici connaissent cette salutation.

Une main de fer, dans un gant de velours !

Lunera sentit une bouffée de colère l'envahir. Elle ne comprenait pas les motivations de la ministre, mais une chose était sûre, elle ne se laisserait pas marcher sur les pieds !

— Je suis originaire d'Arkhess. Bien que j'ai vécu à Viridis, poursuivit-elle en reprenant l'histoire de Nani, je suis venue à Arkhess dès que ma mère est morte pour vivre avec ma tante, la femme avec qui je parlais tout à l'heure.

Un sourire froid se dessina sur le visage de Solèna.

Les registres douaniers des ports et des airs me renseigneront davantage, ma chère Ariès.

— Que me voulez-vous, Dame Solèna ? l'apostropha la reine. D'abord, vous m'imposez le trône d'Arkhess et ensuite, vous me posez des questions déplacées.

— Je ne voulais pas vous offenser, Dame Ariès, soyez-en certaine ! Il s'agissait là d'une simple constatation... Notre précédente conversation m'a fait réfléchir. Vous sembliez ne pas connaître les moeurs d'Arkhess... En tout cas, veillez à répondre la phrase suivante lorsque l'on vous adresse cette formule : « Prospère, soit-il ».

Lunera hocha la tête, sans cesser de fusiller du regard la ministre. Celle-ci posa une main sur les documents qu'elle avait rapporté.