08 juillet 1875 — Sultakara
Sultakara se relevait de sa blessure. La cicatrice béante laissée par la perte de la reine se refermait petit à petit, pansée par le temps. La sérénité regagnait le coeur d'Assad. Un peu moins sombre, une certaine douceur venait embellir ses traits auparavant constamment froncés et tendus. Il parlait davantage, ne se contentait plus de réponses laconiques, était plus expressif et surtout, Assad souriait de temps à autre. Un sourire frêle certes, mais un sourire quand même. L'omniprésence de ses amis, chaque jour, n'était pas étrangère à cette lente guérison.
Encore ce jour-là, ce fut Néalia qui vint à Sultakara, accompagnée de son fils. Après avoir déjeuné ensemble, ils marchèrent un peu dans le château, discutant tranquillement de divers sujets. Leurs pas les menèrent aux remparts inférieurs du palais.
— Ne serait-ce pas... la jeune Saphir, là-bas ? dit Néalia, étonnée.
Assad se pencha et vit dans la cour en contrebas sa fille et Fenrir en train de disputer un duel amical contre Grenat. Le roi ne répondit pas immédiatement, esquissant un bref sourire à la vue du visage éclatant de la princesse qui réapprenait à manier l'épée.
— Notre chère princesse a l'air de se porter beaucoup mieux... remarqua la reine de Yaqutane.
Assad releva ses yeux saphiréens vers elle et acquiesça.
— Je suis surpris de sa force d'âme... Elle a récupéré si vite, tu sais.
— Elle peinait encore à se déplacer quand nous sommes venus, il y a deux semaines.
— C'est vrai, répondit Assad. C'est comme un phénix qui renaît de ses cendres.
Il leva ses yeux au ciel et inspira profondément, se délectant de l'air frais qui parcourait ses poumons.
— Nous sortons d'un cauchemar, Néalia... Saphir récupérait lentement mais je craignais qu'elle ne soit brisée à jamais. Elle restait toujours alitée, comme paralysée, ressassant d'éternels cauchemars. Des crises de larmes la surprenaient chaque jour. Elle n'en pouvait plus. J'allais moi-même étouffer.
Assad s'accouda à la rambarde, suivant les moulinets maladroits de sa fille qui cherchait à parer les coups parfaits de Grenat. Fenrir, à ses côtés, sautillait partout en soutien, bloquant de justesse les attaques de la générale que la princesse ne parvenait à éluder. Grenat les arrêtaient à intervalles réguliers pour leur donner des conseils. Ils plaisantaient tous ensemble et un sourire, tout aussi frêle que le sien, s'affichait sur le visage pâle de la princesse. À cette vision, Assad sentit comme une douce chaleur diffuser en son sein. C'était comme si un rayon de soleil venait réchauffer son coeur.
— J'ai eu peur, Néalia... Si peur qu'elle ne retrouve jamais sa joie de vivre. Je me rappelle encore de ses escapades hors du château, se souvint-il, rêveur. Elle esquivait tous les chevaliers affiliés à sa garde et rejoignait Grenat dans ses missions en extérieur. Shems lui passait un savon ! J'étais moi-même mécontent de ses escapades... mais j'aurais tout donné pour que Saphir redevienne comme avant. Elle était notre soleil, Néalia. Notre soleil.
Attendrie, Néalia se posa près de lui, l'écoutant tranquillement. Chaque fois que l'un d'entre eux venait, Assad racontait à nouveau leur histoire, mettant son âme à nue. C'était là, se disaient-ils, sûrement un moyen de soulager le trop plein de tension qu'accumulait son être.
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Terreur Lunaire - Livre 2 - Geôle Cristallin
FantasiLivre 2 de Terreur Lunaire ! Le premier tome est terminé et disponible sur une autre page ! Les Slames dérobées, la protection de Callisto déchue, les Gemmes Sidérales acquises, la distance entre Lunera et le Coeur Arkhale ne cesse de se raccourci...