Terreur Lunaire - Livre 2 - Geôle Cristallin

VIII - Conférence Cauchemardesque - Partie 3

  Talius fuit les yeux inquiets d'Assad aussi vite qu'il le put, honteux. Mais juste un peu. Évidemment, ces révélations qui firent sensation auprès de la Conférence émanaient de lui.

Assad, pardonne-moi... Je ne voulais pas, notamment avec la mort de Zahya... Mais je ne reculerai devant aucun moyen pour restaurer le cristal catalyseur de Viridis.

Après la réception de la lettre d'invitation à la Conférence, il avait envoyé sans délai une lettre urgente au roi d'Assenass pour lui proposer une rencontre avant la Conférence, stipulant qu'il avait des détails importants à lui révéler sur le roi de Sultakara. Ne perdant jamais une occasion pour mettre des bâtons dans les roues à Assad, Reitei était tout désigné pour assister Talius dans ses démarches. Ensemble, ils avaient alors monté une machination machiavélique.

Ainsi, Talius lui avait montré succinctement des images qu'il avait obtenu de son golem de magie noire, dans lesquels on voyait Assad lancer un Sortilège de Mort à Lunera. Talius avait usé de ses talents dans la magie du soin pour rendre confus l'esprit de Reitei et le forcer à dévoiler lesdites révélations lors du Conseil. Juste après cela, le roi de Viridis avait scellé la parole du roi Reitei et s'était effacé de ses souvenirs. Un jeu sournois et habile qui lui permettait de vendre la mèche sur les actes douteux d'Assad sans pour autant s'exposer afin d'éviter que les relations entre Sultakara et Viridis ne s'altèrent.

☾☾☾

Abasourdi, le président resta muet pendant de longues minutes. Se reprenant subitement, il demanda trois fois le silence avant de l'obtenir.

— Sire Sulta, chevrota-t-il d'une voix mal assurée, est-ce vrai ?

Les yeux toujours froncés, Assad regarda autour de lui. Il déglutit, mal à l'aise. Le voilà en proie à un choix cornélien.

Quitte ou double ? Mentir au risque de voir des preuves venir encore plus me discréditer, ou bien... avouer ? Reitei a-t-il des preuves ? Si oui, ma déchéance serait abyssale. C'est incertain, beaucoup trop incertain.

Finalement, Assad se leva, prêt à affronter les yeux inquisiteurs des membres du Conseil des Rois. Amèrius, Néalia et Aswad l'observaient avec inquiétude. Quoiqu'Assad répondrait, ils prendraient sa défense avec férocité et ferveur.

— Monsieur le président... C'est vrai, répondit le roi de Sultakara, mais...

Les protestations éclatèrent.

— Comment osez-vous ? hurla Vesca, sa voix stridente vrillant les tympans de tout le monde.

— Vous me décevez Sire Sulta, dit même un des conférenciers sultakarois, à qui Assad lança un regard peu amène.

— Vous connaissez pourtant tous les aspects du sortilège et ses effets néfastes, Sire, dit un conférencier arkhasien, hautain. Le roi Talius a pourtant présenté une théorie à ce propos, il y a quelques années.

Plusieurs exclamations semblable fusèrent de tous les coins de la salle. Il ne fallut pas plus de vingt secondes pour qu'Assad n'explose.

— Je n'avais pas le choix ! tonna-t-il, amenant enfin un peu de silence. J'étais en plein combat contre Lunera. Elle a failli m'assassiner à mon tour, et dans le feu de l'action je n'ai pas mesuré les conséquences. Puisque vous semblez si retors, elle est aussi coupable de plusieurs meurtres au Sortilège de la Mort à Sultakara. Ses méfaits lèseront plus le Coeur Arkhale que n'importe quel autre sortilège !