XVII - Résonance Arkhale - Partie 2

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29 juin 1875 — Arkhess

— Lu...nera... Lunera... Lunera ! Lunera !

Elle entendait son prénom avec davantage de force et soudain, Lunera émergea de son sommeil, baignant dans une sueur froide qui avait mouillé ses draps. Sa chemise de nuit adhérant à sa peau, elle haletait, complètement terrorisée. Elle regarda autour d'elle sans rien comprendre, ne se remémorant qu'une douleur atroce à la main et un cauchemar des plus saisissants.

— Dieu soit loué ! remercia une voix près d'elle. Vous étiez en train de hurler pendant une bonne minute, j'ai tellement eu peur...

Les yeux embués de larmes, Lunera cligna des yeux plusieurs fois pour les chasser et elle recouvrit la vision. D'abord floue, à cause des rayons de soleil éclatants qui diffusaient à travers la fenêtre, elle finit finalement par s'y habituer. Une tête était penchée vers elle. La jeune fille reconnut Solèna.

Ne réfléchissant même pas, l'identifiant immédiatement comme une présence amie, elle lui sauta au cou. Ne s'attendant pas à un tel comportement, Solèna se tendit, surprise, avant de l'enlacer sincèrement à son tour.

— Oh... Solèna... murmura Lunera, toujours confuse. Je... Je n'ai rien compris... Tout se mélange...

— Ne vous inquiéta pas... la rassura la ministre en tapotant gentiment son dos. Après tout ce qu'il s'est passé... Il y a de quoi être confus.

La jeune fille la tenait avec une force insoupçonnée pour une convalescente, comme si elle craignait que Solèna ne s'envole. Celle-ci poussa doucement la reine et l'aida à se rallonger dans son lit. Avec la tendresse d'une mère aimante, elle chassa les cheveux mouillés qui occupaient son visage et épongea son front en souriant.

Ensuite, elle y appliqua le dos de sa main pour jauger si la reine était fébrile. Constatant que non, elle se retourna, rapprocha le petit fauteuil où elle s'était assise et se posta à la droite de Lunera. Silencieuse, celle-ci la regarda faire tout au long, rassurée par ses manières maternelles.

— Comment vous sentez-vous ? demanda Solèna.

La respiration plus calme, la jeune fille répondit :

— J'ai... la bouche un peu pâteuse... J'ai l'impression que mon corps tout entier est engourdi... mais... ça va... Ça va.

Solèna hocha doucement la tête. Lunera jeta quelques coups d'oeil autour d'elle et vit qu'elle reposait dans un lit à barres métalliques, couverts de draps blancs. Au bout, sa cheville était suspendue par une espèce d'attelle accrochée au plafond qui la surélevait par rapport au reste de son corps. Elle sentit soudain une sensation désagréable au bras gauche et en rejetant la couette qui le masquait à son regard, elle constata trois grandes cicatrices traçant de profonds sillons tout le long de son avant-bras.

— Où... où suis-je ? s'alarma-t-elle, ne comprenant pas d'où venait ses blessures.

— Calmez-vous... calmez-vous... murmura Solèna, tentant d'apaiser la reine.

Elle rabattit les couvertures tout en l'incitant doucement à se calmer, ne désirant surtout pas que la reine s'agite. Malgré tout, la ministre s'inquiéta intérieurement. La reine avait-elle perdu la mémoire ? Serait-ce un effet secondaire du poison de Dlavonine ?

Terreur Lunaire - Livre 2 - Geôle CristallinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant