Terreur Lunaire - Livre 2 - Geôle Cristallin

XXVIII - Synergie - Partie 1

21 août 1875 — Sultakara

Sur ordre de Solèna, les navires se délestèrent de leur manteau d'invisibilité et apparurent à la lueur du jour. Les trente-deux aéronefs étaient déployés en arc de cercle autour de la capitale et au milieu, trônait le gigantesque vaisseau-mère qui commençait sa lente remontée vers le château. Les défenses anti-aériennes, bien que prêtes, demeurèrent surprises devant cette apparition inattendue et ne s'activèrent pas immédiatement. Une horde de soldats arkhasiens en profita pour investir les hautes palissades.

Le combat avait déjà éclaté. Les épées s'entrechoquaient avec force, les lames fendaient le vent avec un sifflement redoutable et les sortilèges de magie de déployaient dans l'espace, ravageant tout à leur portée. Les mages sultakarois, encore sur les toits, attaquaient la coque du grand vaisseau d'Arkhess, espérant le faire choir. Ce dernier, protégé par plusieurs rangés de militaires, répliquaient et assuraient sa défense sous les hurlements de perçants de Solèna qui distribuaient ses ordres.

Sur la grande avenue, Lunera et les soldats sultakarois qui l'encerclaient se regardaient en chien de faïence. Elle tournait dans tous les sens, son épée constamment levée pour assurer sa défense.

Ils nous attendaient... Ils nous attendaient ! Comment... comment est-ce possible ?

Sans attendre, les chevaliers sultakarois sautèrent sur elle comme un seul homme. Nullement intimidé par leurs faibles attaques, la reine s'attela à les repousser d'une belle déflagration, envoyant les corps valser avec les flammes dansantes et haineuses qu'elle savait si bien invoquer.

Je ne dois pas perdre de temps avec eux.

Cherchant des yeux Assad, qui demeurait la plus grande menace qui soit, Lunera repoussait presque avec indifférence les coups hargneux qu'on lui tenait. À droite, à gauche, devant, sur le côté, partout, les coups pleuvaient telle une averse que Lunera parvenait à contrer cependant, grâce à sa naturelle adresse à l'épée. Chaque fois qu'elle dégageait quelques soldats qui se trouvaient devant elle et qu'elle espérait reprendre sa route, celle-ci se voyait barrer par de nouveaux gardes, encore plus hargneux et vindicatifs que les précédents. Ralentie, Lunera en aurait presque crié de rage.

— C'est la reine d'Arkhess ! criaient d'autres militaires, plus loin, en accourant. C'est la reine d'Arkhess !

— C'est Lunera !

— Celle qui a tuée notre reine !

Comment de simples soldats peuvent le savoir ?

Effarée qu'un secret aussi bien gardé au sein d'Arkhess puisse être à la portée de Sultakara, les coups de Lunera se firent moins précis.

Et si...

Son souffle se bloquant dans sa poitrine, elle fut assailli par le plus violent coup qui soit.

Un... traître ?

Mortifiée à cette idée, elle se déconcentra tellement que sa garde imparfaite l'exposa à une estafilade sur le bras. Galvanisés par cette première blessure qu'ils espéraient être le début d'une longue suite, ses adversaires rugirent avec force comme pour se donner du courage. Ils affluèrent de tous les côtés, décidés à s'attirer les honneurs d'apporter eux-même la tête de l'ennemie à leur roi.