Chapitre 43 : Faiblesses humaines

194 12 122
                                        

bon ça fait quasiment un an que j'ai rien posté alors.... joyeux noël, i guess ? hahaha

si vous avez besoin d'un bref résumé, souvenez-vous, dans les chapitres précédents, quelqu'un déglingue la machine d'Ange au beau milieu des appartements royaux, ce à quoi la reine déduit (enfin) très justement que quelqu'un en a après son fils et qu'il se trouve probablement à l'intérieur du palais. Lisabeth se propose très bêtement pour réparer la machine alors qu'elle n'a aucune idée de comment faire mais heureusement, Aife se ramène pour sauver la partie (par l'intermédiaire d'une rouquine pas très avenante qui s'appelle Salomé Silant, qui l'héberge dans sa maison / ancienne boutique de photographie / repaire souterrain secret, et qui partage avec elle la garde du gamin qui normalement vit à la boulangerie du coin quand ses parents oublient qu'ils sont sensés s'en occuper, j'ai nommé Edie.) Silant accepte de devenir l'informateur de Lisa contre rémunération et puis... voilà ? Et maintenant, un peu de trauma★



Lisabeth avait tiré deux conclusions du vandalisme de la machine : l'Archeduc d'Oslandres ne s'arrêterait pas sur un maigre échec, et il devait absolument être stoppé. Le devancer d'un remède pour Ange ne suffisait pas. S'il le fallait, il passerait aux tentatives plus directes ; mais il ne cesserait que lorsque le prince serait mort.

Contrecarrer ses tentatives manquait donc de fermeté. Elle devait trouver les preuves irréfutables pour le faire mettre aux fers, une bonne fois pour toutes. Si elle disposait peu de pistes en ce sens, elle songeait toutefois que l'humain se prouvait toujours le facteur défavorable d'un plan bien huilé.

Entourée dans un long manteau cintré, les mains enfoncées dans les poches pour les protéger du froid matinal, elle profitait du jour levant pour avancer d'un pas leste vers les bordures de la ville. Entre les dernières courbes de la Dantane et de l'Auvane, à l'ouest, les hommes se faisaient rares ; les cadavres des anciens hangars datant de la Première Industrialisation étendaient leurs carcasses aux premiers rayons du soleil, solides et froids dans la grisaille du printemps, un spectacle presque apocalyptique que la bise piquante rendait plus fantomatique encore. Lisabeth souffla de la buée en frissonnant. Il faudrait quelques heures encore pour que le soleil réchauffe la terre, et elle espérait se trouver bien loin d'ici là.

Elle n'avait croisé personne au cours de son périple, juste entraperçu quelques silhouettes recroquevillées contre les murs de fer, isolées du sol par des couvertures rapiécées. Les dépouilles de bouteilles étaient plus nombreuses encore. Une poignée de mètres supplémentaires, et elle extirpa sa main gantée de son vêtement pour vérifier la page du carnet qu'elle marquait de son pouce. Empruntant aux manies de son père, elle avait déniché un calepin vierge dans les tiroirs de son hôtel citadin et avait décidé d'y inscrire ses trouvailles, cartes, listes et comptes, toute information pouvant se prouver utile. Sur cette page, elle avait retracé en quelques traits hâtifs les abords de la zone industrielle désaffectée, soulignant à l'encre rouge le chemin qui l'intéressait. Elle arrivait presque.

Le mur de ferraille se dressa devant elle. Frappé par l'angle bas du soleil, il projetait une ombre qui s'étendait au sol comme un spectre aux bras décharnés. Lisabeth en poussa la porte, qui lui résista d'abord, grippée ; appuyant son épaule contre le métal glacé, elle poussa de tout son poids jusqu'à entendre le grincement précurseur. Le froid s'infiltra dans sa peau malgré sa couche de vêtement, et elle frissonna. Le printemps tascan, à ses heures les plus jeunes, était à peine moins cinglant que l'hiver.

Elle fit quelques pas dans le silence poussiéreux de l'endroit. Le soleil filtrait en stries cassées à travers les anciennes fenêtres du bâtiment, certaines brisées. Si Lisabeth n'avait jamais mis les pieds dans cet endroit, elle avait assisté à suffisamment de planifications entre son père et Isaac pour qu'une impression de familiarité la saisît. Ils avaient ratissé les plans de la bâtisse en long, en large et en travers ; évalué tous les recoins, toutes les sorties ; le but avait été de dompter les hommes de l'Archeduc pour leur faire cracher le morceau. L'opération avait rencontré le peu de succès qu'on lui connaissait. Une conclusion funeste pour tant d'organisation. Lisabeth ignorait les détails exacts du déroulé de cette nuit éreintante, mais en connaissait les grandes lignes, assez pour deviner où chercher.

Avant la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant