NDLA : bon comme vous pouvez le voir j'ai arrêté depuis un moment de mettre des avertissements à chaque fois qu'il se passe un truc chelou/dégueu dans cette histoire (je sais jamais quand il faut mettre des warning déso), mais la dernière partie de ce chapitre peut être un peu dérangeante je pense ? selon vos sensibilités. Take care
Pour témoigner de sa bonne volonté, Lisabeth avait décidé de demeurer au palais le temps que se règle cette histoire d'empoisonnement de Sylvien Destastres. En fin de compte, l'effervescence retomba seule : personne ne se souciait vraiment du sort de cet industriel, escroc récemment démontré de surcroît, d'autant plus face au titre d'une aristocrate. Sa disparition accommodait même plutôt le Cabinet des Affaires, qui put ainsi faire mainmise sur ses biens en guise de rétribution sans opposition. Pour parachever le tableau, la garantie du Vicomte de Talemarne semblait avoir valeur de parole d'évangile. Même si elle ne doutait pas qu'Ufiant piétinait de frustration, on ne vint pas l'enquiquiner de nouveau avec ces accusations.
L'Archeduc n'avait bien entendu pas manqué d'aller se révolter chez la reine, lorsqu'il avait appris que celle-ci avait ordonné la libération d'Isaac : il ne croyait pas une seconde à l'excuse de Lisabeth et le fit savoir haut et fort. Sa demi-sœur se contenta de l'envoyer promener. Une petite satisfaction à laquelle Lisabeth aurait apprécié d'assister en personne. Cela lui faisait les pieds. Connard.
Elle avait profité de ces quelques jours de répit pour envoyer un message à Josué, lui indiquer qu'elle se sentait à peu près certaine de l'absence de danger et qu'il pouvait reprendre ses fonctions, s'il le souhaitait. Vous ne devinerez jamais qui est de retour, apposa-t-elle en guise de post-scriptum. Comme il n'était pas né de la dernière pluie, il devina cependant très bien, et accueillit Isaac de l'un de ses rares sourires et d'une bourrade dans le dos, lui qui n'affichait d'ordinaire qu'une dignité consciencieuse.
La Franche avait fini par retrouver son lit, après quatre jours à barboter dans les colombages de la Citadelle. Elle avait abandonné derrière elle des rues éventrées, détrempées, que les habitants commençaient à réinvestir avec une prudence toute lugubre. Le gros de la crise passée, l'armée avait déjà retiré la plupart de ses troupes, et les aides que le palais avait décidé d'allouer aux réparations se limitaient au gros œuvre nécessaire à rebâtir les canaux. Inquiète pour Salomé et Aife depuis qu'elle les avait abandonnées à la sauvette dans ce camp de réfugiés, Lisabeth voulait descendre les visiter et constater les dégâts dans la petite boutique. Même si Salomé l'avait envoyée sur les roses, elle maintenait sa proposition de les accueillir toutes les deux, si besoin était.
— Vous êtes évidemment le bienvenu, Isaac, mais ne vous sentez pas obligé de m'accompagner, annonça-t-elle en s'efforçant de ranger ses boucles sous son béret. C'est une visite de courtoisie.
Elle le regarda alors qu'il sanglait son pistolet, puis escamotait deux poignards sans qu'elle ne comprenne par quel moyen ; il passa son veston, suivi de son chapeau. Elle redécouvrait l'étrangeté – fort agréable, au demeurant – d'une autre présence dans cette demeure, elle qui avait erré si longtemps entre ces murs silencieux avec le seul reflet de ses réflexions. Ce n'était pas Josué et sa discrétion redoutable qui en animaient la sérénité.
— La courtoisie ne vous suffira pas si vous vous retrouvez face à la cinglée de l'autre fois, fit-il remarquer.
Il n'avait pas tort et elle ne se plaignait pas de la compagnie. Par ailleurs, avec le désenclavement de la basse-ville – endroit privilégié de la capitale pour y dénicher les informations sensibles –, ils pouvaient y démarrer leurs recherches pour retrouver leur bande d'extrémistes religieux. La cinglée en question, notamment, avait parlé en citadèl, ce qui renforçait l'idée de fureter par là.
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Avant la pluie
FantasyEn tant que fille unique du Vidomne d'Artemoires, Lisabeth a passé son enfance dans la solitude, enfermée sur les terres de son géniteur à subir une éducation destinée à la transformer en parfaite héritière : jolie, polie, sans cervelle. Elle rêve d...
