Aussi simple que ça...?

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Autant j'étais gênée de me retrouver face à Nabil, autant je voulais que cela se fasse vite. Sans réfléchir, je bondis de mon fauteuil et me dirige vers l'ascenseur. Lorsque les portes de ce dernier s'ouvrent, je me vois dans le miroir et me sens encore plus bête mais je m'en fiche. J'essuie mes dernières larmes et arrivée au bon étage, je fonce vers la chambre comme si je fonçais vers une bonne affaire. Il n'en sera sûrement rien, Nabil doit être énervé comme jamais. Je ne pousse pas d'expiration pour prendre mon courage à deux mains, je ne serre pas mes poings. Je n'ai pas la force, je veux que tout s'arrange, vite, vite. J'ouvre la porte...et là quelle chance. Nabil est au téléphone. Je ne vais pas avoir à vivre ses secondes de honte de l'enfant qui revient après une mini fugue.
Il se dirige directement vers moi en me tendant son bras pour venir m'entourer avec et me coller contre lui. Je comprends vite qu'il est au téléphone pour le boulot et que la conversation est importante. Nabil nous dirige vers le lit et éloignant son téléphone, il me chuchote :"Désolé pour taleur, je finis vite". La honte, et bien si, je la ressens bel et bien. C'est moi qui ai fait tout un scandale avec une sortie théâtrale de gamine et c'est lui qui s'excuse. Il s'éloigne vers la salle de bain où je le vois enfiler rapidement un t-shirt. Son interlocuteur a l'air d'être un grand bavard car les moments où Nabil écoute et ne parle pas sont si longs que cela lui  laisse même le temps de se brosser les dents, de coiffer ses cheveux et de se mettre de la crème sur le visage. Il est beau, d'où je suis, je sens qu'il sent bon. Tandis que moi je suis à moitié assise sur ce lit de princesse avec une allure et un air de souillonne. Les yeux gonflés par les larmes, pas un gramme de charisme et une envie irrépressible de dormir.
J'ai à peine le temps de mettre en action mon envie de me maquiller pour avoir l'air moins pitoyable, que Nabil a raccroché et vient vers moi. Il s'assoit face à moi et se lance d'une traite:" Déjà plus jamais tu pars comme ça seule, on est pas chez nous, on connaît pas l'endroit, il peut t'arriver n'importe quoi. Et...". La honte cette fichue sangsue me colle à la peau encore plus à l'entente de ses mots et j'explose en sanglots. Me sentir bête, n'est vraiment pas assez fort. "C'est pas méchant, arrête" me lance Nabil en me prenant la main. Pourquoi il ne me prend pas dans ses bras? J'en demande beaucoup mais c'est à la hauteur de l'état de mon cerveau: un vrai chamboule-tout. Je lâche les vannes:"Pourquoi tu ne me prends pas dans tes bras?". Je balbutie tellement que je vois ses yeux se plisser à chaque fois que je bute sur un mot, comme pour essayer de le décoder. Il soupire et enchaîne :"Parce que je laissais le meilleur pour la fin. Je vais faire court parce que j'ai pas l'intention de gâcher un peu plus notre journée avec ça. J'étais au téléphone avec un avocat que j'ai contacté dès que la folle m'a parlé de grossesse. Il m'a re confirmé qu'elle était revenu sur ses propos".
- Comment ça re confirmé qu'elle était revenu sur ses propos? demandai-je perplexe.
- Tu ne m'as pas laissé en placer une taleur! Tu m'as dit la copine de ta sœur etc etc j'ai rien compris parce que moi je l'ai du au téléphone, elle a avoué qu'elle était pas enceinte.
En résumé, Nabil avait menacé l'hystérique de contacter un avocat pour porter plainte contre elle. Le risque d'être convoquée au commissariat lui ferait peur et elle reviendrait sûrement sur ses propos. "Elle peut inventer ce qu'elle veut mais pas une grossesse". Je suis bluffée par la simplicité par laquelle a été résolue cette histoire qui me rongeait au point de ne pas en dormir.

"Et puis paf, c'est réglé" dis-je d'un air stupéfait. Nabil me fait rire quand il me dit que lui aussi a ressenti la même chose quand il en a parlé à son frère qui est à l'origine de cette solution express.

"C'est fini, c'est derrière nous. Y a rien. On oublie tout ça" glisse-t-il à travers un sourire qui me remonte le moral jusqu'alors en total perdition. Il m'enlace comme on enlace quelqu'un après un retour de voyage. Je fais de même. Son parfum me transporte à notre premier rdv. Les yeux fermés, je nous imagine seuls dans ce parc, ce jour-là, cette soirée. Je me détache de lui:"Je suis désolée. Désolée d'avoir crié comme une folle, d'être partie comme une folle...de t'avoir repoussé comme une folle...".
- Je vois pas de quoi tu parles, lâche-t-il en venant se poser contre moi de sorte à me faire basculer en arrière et m'allonger sur le lit.
- Désolée, insistai-je,
- On oublie, répondit-il en venant m'embrasser le cou.

Il remonte vers ma bouche et me fixe. Ses doigts caressent mes paupières. Il passe de l'une à l'autre d'un geste délicat. D'un ton sérieux, il me dit: "Je ne veux plus te voir comme ça, on va réparer ça". Et il dépose de petits baisers sur mes paupières. Je ne peux m'empêcher: "Bisous magiques?".
- Bien sûr, chuchote-il
- Pour cacher la misère, dis-je en riant
- T'es belle même quand tu cries, même quand tu pleures. T'as fait de moi un sacré canard quand même, dit-il en souriant.

Comme reboostée par cette jolie déclaration, je me redresse d'un coup et tente de le renverser à son tour sur le dos. Amusé par ma tentative, il se laisse faire. Je m'allonge contre lui, et rapidement il fait passer ses mains sur mes cuisses puis sur mes fesses. Il les balade de haut en bas. Je me glisse sur le côté pour m'allonger sur le lit aussi mais il me repositionne sur lui. "Laisse-moi un peu profiter" murmure-t-il en me fixant. Mes bras de part et d'autre de son visage, je détourne le regard vers eux ne sachant que faire. "Ça te gêne ou ça te plaît?" me demande-t-il.
- À ton avis, dis-je sans le regarder
- J'pense que ça te plaît mais que t'as honte, lance-t-il en remontant une de ses mains sur mon visage pour le tourner vers lui.
Il se redresse alors et me fait basculer sur le lit, son visage collé à moi, ses yeux sûrs d'eux intimidant les miens qui n'en menaient déjà pas large. Ses lèvres caressent mes joues, il m'interroge:"Je me trompe?". Mon silence le fait répéter:"Dis-moi, je me trompe?".
Comme si ma vie en dépendait, je réponds d'un ton apeuré :"Non".
- Pourquoi tu trembles...?

Je ne m'en étais même pas rendu compte, mes jambes tremblaient sans que je ne puisse l'expliquer. Nabil les plaque contre lui et m'embrasse tendrement le cou, ce qui a pour effet de me détendre automatiquement.
Je ne tremble plus contre son corps, mais au fond de moi, c'est la panique à bord! Je n'arrive ni à le toucher ni à fermer mes yeux qui se baladent partout sur le plafond de cette suite qui doit sûrement avoir plein de choses à dire. Lui, plongé dans mon cou, l'embrassant de plus en plus vigoureusement, ses mains commençant à presser mes hanches, ne semble pas remarquer mon stress. Remontant sa bouche pour m'embrasser, il retire même son pull dans un geste rapide et efficace. Oh boy, qu'est-ce qu'il se passe...?

PNL: Je n'attendais rien sauf le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant