Jour J

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Je me réveille tôt et de bonne humeur ce matin. Je me sens en pleine forme et pourtant j'ai passé une partie de la nuit à discuter au téléphone avec Nabil. On a parlé jusqu'à 2h30, heure à laquelle Samia m'a envoyé un texto pour me dire à quel point elle était ravie de son rdv avec Réda. Sans son message j'aurais pu discuter encore et encore avec Nabil sans me rendre compte de l'heure qu'il était. Nous avons parlé de notre rencontre et du fait que Nabil m'avait vouvoyé. J'étais étonnée de voir qu'il se rappelait de ce genre de détails. Durant notre conversation, Nabil ne cesse de me répéter à quel point il a besoin de soleil et de vacances ce que je partage après mon voyage annulé avec Linda. Il me demande alors quel pays me fait rêver, où j'ai été, avec qui...On se trouve ce point commun pour l'ailleurs et nous souhaitons bonne nuit entre Sydney et Bali.

Je passe la matinée à prendre soin de moi. Masque, gommage, vernis...Tout ce que j'avais prévu de faire hier soir, je le fais ce matin. Et ça me fait tellement de bien! J'ai rdv avec ma coiffeuse Julia à 11h. Le mariage civil est à 15h. Ça me laissera largement le temps de masquer mon œil au beurre noir qui est toujours bel et bien présent sur mon visage ce matin face au miroir. Je n'ai même pas encore eu le temps de tester l'anticernes. Ce sera la surprise.

Après un ménage express, j'entends sonner à la porte. Ma mère réponds. C'est Julia. Saliha a préféré se coiffer seule car elle est « toujours déçue chez les coiffeurs ». Cela me fait sourire car je repense à toutes ces fois où elle est revenue dégoûtée de chez le coiffeur un jour de mariage. Entre le chignon banane old school et la frange coupée trop courte, on en a vu des coupes. J'embrasse Julia que je n'ai pas vu d'ouïe beaucoup trop longtemps. J'aime quand elle me coiffe, elle est douce, dans ses gestes et dans sa voix. Je me sens loin alors que je suis chez moi lorsque mes cheveux passent entre ses doigts. En voyant mon œil au beurre noir, elle me demande ce qu'il m'est arrivé. L'excuse de la boxe, désormais j'y suis rodée. Adorable qu'elle est, elle me propose de me donner un coup de main pour le maquillage. Je lui fais largement confiance. En plus de ses talents de coiffeuse, Julia maquille très bien. Je ne lui avais pas demandé de le faire car le samedi son emploi du temps est serré et j'aime me maquiller. Mais là, j'aurais bien besoin de ses doigts de fée. J'ai envie d'être belle pour Nabil mais sans donner l'impression d'en avoir trop fait.

Julia a tout compris et après un beau brushing bouclé, une petite barrette posée sur le côté, elle commence à me maquiller. Je ferme les yeux et je sens les pinceaux et ses doigts tapoter, tamponner, caresser mes paupières. Je les ouvre et ô magie! Quelle bombe cette anticernes! On ne voit presque pas mon cocard. Je remercie ma Julia qui me demande comment je serai habillée. Je lui montre mon ensemble pour la mairie. « Je te fais quelque chose de très lumineux et frais mais quand même travaillé sur les yeux et comme ça ce soir t'auras juste à leur rajouter une petite touche de doré ».

- Julia je t'aime! On ne voit quasiment plus rien. Fais moi ce que tu veux, j'te fais confiance, répondis-je un grand sourire aux lèvres.

Julia souris et me dit que ma robe pour la soirée est très jolie. Je suis étonnée de voir qu'elle ne me parle pas du tout de son copain avec qui elle est depuis presque un an et dont elle a toujours eu l'habitude de me parler. Julia est ma coiffeuse, mon amie, une ancienne collègue qui après 5 ans s'est rendue compte qu'il fallait qu'elle change de carrière. Nous nous confions l'une à l'autre de manière très saine. Comme un petit jardin secret. À part Samia, je ne parle pas de Nabil. Je dis uniquement à Julia que j'ai rencontré quelqu'un. Ce que j'aime dans notre amitié c'est qu'il n'y a pas de questions, pas de curiosité mal placée, pas de détails croustillants à exposer. Je la sens un peu triste et lui demande uniquement si tout va bien. Elle m'explique alors que son copain est parti en formation deux mois sur Lyon et que la distance la fait souffrir. Je ne peux m'empêcher de penser à Nabil mais tente de la réconforter et de la rassurer. Elle me confie qu'ils ont prévu de s'installer ensemble à son retour et le fait de l'évoquer lui redonne le sourire.

Le résultat est exactement comme je voulais. Julia est une fée. Je lui propose de rester déjeuner mais comme à son habitude elle est très pressée. Nous nous embrassons et nous promettons de nous revoir prochainement. Ma mère qui l'aime beaucoup l'embrasse non sans lui donner un boite de gâteaux.

13h30. C'est l'effervescence, tout le monde se prépare à la maison. Deux des cousines du Sud sont là, manque de place et de miroirs chez Samia. Linda est également venue, déjà prête. Quel plaisir de la revoir et le sourire aux lèvres. Elle me glisse à l'oreille: « J'ai plein de trucs à te raconter, j'te dirai tout ça après! ». Décidément, que de rebondissements!

Nabil qui vient de se réveiller m'appelle. Je suis seule dans la chambre de mes parents en train de repasser la chemise de mon père. Je l'interroge :« Tu viens toujours au mariage civil? ».

- Oui, oui avec mon frère. Mais t'es debout depuis quelle heure? T'as l'air d'être super en forme. On s'est couché tard, réponds Nabil la voix fatiguée.

- J'me suis levée à 9h. Mais ça va, je suis pas fatiguée! dis-je le ton enjouée.

- Nessma!!! hurle Saliha.

- Ma sœur m'appelle Nabil. Faut que je l'aide. On se voit tout à l'heure?

- Oui on se voit. On pourra pas se parler, rétorque Nabil en riant légèrement.

- Ben si, on se parlera avec les yeux, c'est encore mieux!

- Pas de problème ptite tête. Garde les yeux ouverts.

Nous raccrochons sous la voix de Saliha m'appelant à nouveau et qui même en se coiffant seule n'aime pas sa coupe. Je lui arrange ses cheveux. Une demi-heure plus tard nous voilà tous en route pour aller chez ma tante. En bas de chez elle, des dizaines de voiture garées en double file et tout un défilé de membres de la famille, d'amis, de voisins attendent l'arrivée du mariée. Je monte avec ma mère, mes cousines et Saliha. En passant le pas de la porte, les youyous que nous faisons me mettent déjà les larmes aux yeux. Je rejoins Samia dans sa chambre. Elle est tellement émue que nous n'échangeons d'abord pas de mots, nous nous serrons fort dans les bras. Nous nous complimentons sur nos tenues puis je lui dis en chuchotant: « Il va craquer ton Réda ma Sam! ». Elle rigole en retenant ses larmes et me réponds: « Je l'ai invité! ». On éclate de rire.

Noria est sublime. Du choix de sa robe, à sa coiffure en passant par son bouquet, tout est élégant, délicat, de bon goût. Je n'ose pas l'embrasser de peur d'abimer un millimètre de toute cette beauté. Je lui serre les mains forts. Le photographe en profite pour prendre une photo de nous toutes. Noria visiblement très stressée, nous lance un « Huile d'olive un jour! », nous la suivons « huile d'olive TOUJOURS! ». Nous rions comme des ados fières de leur connerie.

Et puis, son futur est arrivé. Entre la mélodie entraînante du groupe traditionnel et les youyous émues de toutes les femmes présentes, nous commençons à célébrer l'union entre Noria qui jurait par tous les saints que le mariage c'était pas pour elle et son amoureux qui, tout aussi stressé qu'elle, lui prend la main pour la sortir de chez elle.

L'ambiance se transporte en bas de la tour où l'assemblée tape des mains, prends des photos, lancent des youyous. Je tiens la pochette de Samia qui danse avec sa sœur. Je relève une mèche devant mes yeux. Je salue une cousine à ma gauche et là, je le vois. Il est un peu plus loin mais juste assez pour que je puisse voir son clin d'œil. À nos yeux, prêts? Partez!

PNL: Je n'attendais rien sauf le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant