Tu me fais tourner la tête

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Durant le trajet en voiture, Nabil reçoit un appel. Le travail. Je parcours le paysage du regard. Il ne fait pas un temps resplendissant à Londres mais dans ma tête c'est plein soleil. Qui aurait cru que je me retrouverai ici avec lui, à faire les touristes et surtout, être ensemble...

Je prends mon baume à lèvres et en met. Sa conversation téléphonique dure ce qui semble l'agacer puisqu'il fronce les sourcils. Il dit à son interlocuteur:"Change tout s'il le faut. Mais trouve le numéro surtout stp". Nous sommes arrivés. Nabil se gare. Je reste silencieuse et tout d'un coup, il me fait sursauter car il lance d'un ton agressif:"Ouais ouais dis lui bien qu'on en reparlera!". Comme cette situation me gêne, je fais mine de regarder un truc sur mon téléphone.  Quelques minutes après il raccroche. Tout en posant sa main sur ma jambe il me dit:"J't'ai fais peur Ness? Désolé il me rendait ouf ce guignol. Eh eh ça va...? T'as changé de couleur"

- Oh oui oui ça va! J'm'y attendais pas c'est tout. C'est rien, dis-je en souriant.

- T'es sûre? Parce que t'es carrément transparente là. J'vais te redonner de la couleur...dit-il d'un air taquin.

Il pousse délicatement mes cheveux et m'embrasse dans le cou. Petit con, je suis pourpre. Il remonte sur mon visage et me fais un bisou sur les joues. "Ben voilà elle est là ma ptite tomate" annonce-t-il comme s'il venait de remporter une victoire. Je le bouscule pour rire. Il me dit: "Désolé encore de t'avoir fait peur. Aller viens copilote on va faire les touristes".

Une fois devant cette (merde) de grande roue, je commence à paniquer.  J'ai chaud, les mains moites et le coeur qui s'emballe. Lorsqu'arrive notre tour de monter, j'accroche la main de Nabil comme un naufragé se rattrapant à un bout de bois. Il me regarde amusé:"T'as peur?".

- Un peu mais ça va, dis-je

- Un peu? Eh tu m'as broyé la main, se moque-t-il. Tu sais que ça bouge grave lentement, c'est rien!

- Allez avance moqueur, dis-je en essayant de dompter ma peur.

Nous ne sommes que 4 dans la capsule. Il ne fait pas très beau, il commence même à pleuvoir un peu, ce qui doit repousser les touristes. Pour l'instant tout va bien mais au bout de 10 minutes mes jambes commencent à trembler. Je m'éloigne de la vitre pour m'asseoir. Nabil me suit. Les deux autres personnes avec nous sont des touristes espagnols qui se taquinent entre eux et sautent ce qui a le don de me crisper de plus en plus. Nabil les interpelle. Avec un signe de la main, il leur dit gentillement:"Please". Les touristes s'excusent et arrêtent quand ils comprennent que je suis à deux doigts de la crise d'angoisse.

"Putain on est haut là! Putain de merde c'est trop haut là!" dis-je à Nabil le regard vers l'horizon sans oser regarder en bas. Nabil éclate de rire:"Ça fait bizarre de t'entendre parler comme Ca! Bon j'vais en profiter hein". Il me colle contre lui et durant ce qui m'a sembler une éternité avant de retrouver la terre ferme, Nabil tantôt me mord l'oreille, tantôt me pince la joue. Il essaye de me détendre mais malgré tous ses efforts, je n'y arrive pas. Il me chante alors doucement à l'oreille la chanson de Brel. Ça a le mérite de me mettre du baume au coeur. Je me decontracte peu à peu. Nabil me chuchotte:"J'ai envie de te croquer la bouche mais on est pas tous seuls".

- Serre-moi fort...

Il s'exécute et je me sens tellement bien que j'oublie presque l'altitude et le tour se termine.

Nabil propose qu'on aille déjeuner. Il me parle d'un restaurant thaïlandais, parce que la "bouffe anglaise c'est pas ça". L'endroit est beau et le personnel très accueillant. J'ai l'impression d'être en Asie.

Pendant le repas, Nabil me dit qu'il a l'impression d'être ici depuis un mois, qu'il a hâte de rentrer et me parle de mes projets pour cet été. Je lui explique que je devais partir avec Linda mais que c'est annulé sans entrer dans le détail et que je pars 15 jours en Algérie avec ma famille en août. Lui me dit qu'il part un mois et demi en Asie avec son frère et ses potes: Japon, Cambodge et Thaïlande. Un mois et demi...Fais pas la fille mordue, fais comme si ça ne te paraissait pas long. Non un mois et demi c'est rien...Je tente de faire genre "tout va bien" et plonge mon regard dans mon plat quand Nabil me dit:"C'est ce que j'avais prévu. Ouais mais ça peut changer quoi. Tu pourrais me rejoindre".

- Te rejoindre? dis-je en manquant de faire tomber ma fourchette.

- Bah ouais. Ça te tente pas?

- Ben je sais pas...enfin j'veux dire...Tu pars avec tes potes et ton frère...

- Tu me rejoindrais moi, pas eux. On prendrais des jours juste toi et moi, dit-il en mordant sa lèvre inférieure.

- Tu me prends de court là...Mais on peut faire ça oui...dis-je en souriant et baissant la tête.

- T'as peur de te retrouver seule avec le grand méchant loup ptite tête? dit-il avec son air taquin.

- Même pas peur! La ptite tête elle est toute seule avec toi aujourd'hui monsieur le loup!

- J'te prends au mot exploratrice. Faudra pas te défiler...

- Jamais...

On finit de manger et en nous apportant l'addition, le gérant nous entends parler de Thaïlande et nous offre deux bracelets fins, ressemblant à des petites cordes. Il nous explique qu'ils symbolisent le lien qui attache les êtres amoureux entre eux et nous les noue au poignet. Je trouve ça trop mignon. C'est simple mais tellement fort de sens. On le remercie pour cette gentille attention et quittons le restaurant.

Le temps s'est couvert. Nous décidons de faire les boutiques sur Oxford Street et Nabil insiste pour m'offrir quelque chose. Je feins alors que rien ne me plait et propose de s'offrir un cadeau pr moins de 5£ en souvenir de cette journée.

Je trouve un paquet de petites étoiles et lunes phosphorescentes adhésives en référence à nos rdv nocturnes. Nabil lui m'offre un étui à passeport dans lequel il a griffonné à l'intérieur:"Le message est clair...".
Très clair. J'aime.

PNL: Je n'attendais rien sauf le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant