Debriefing

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J'ai les pieds en compote. Malgré être descendue d'un étage et m'être remise à plat, j'ai très mal. Il faut dire que je n'ai pas quitté la piste de danse. Tout s'est bien passé. Les nouveaux mariés ont quitté la salle nous laissant danser pieds nus sur de la funk. Nabil et son frère sont partis bien avant ce passage.

Sur le chemin retour, Saliha commence à se démaquiller. Elle me fait sourire. Elle a prévu le coup avec ses lingettes démaquillantes. J'ai attaché mes cheveux en queue de cheval et ouvert la fenêtre pour que l'air frais me re booste un peu. Je me remémore la soirée et me mets à rêver moi aussi de mariage. C'est une chose typiquement féminine, juste après un mariage il y a deux règles : un debriefing et la rêverie! Saliha y met du sien en démontant dans tous les sens Sabrina et son attitude « d'allumeuse ». Je ne la contredis pas, si elle savait! Ça ne dure pas longtemps puisqu'elle s'endort au bout de dix minutes. J'ai hâte d'arriver chez moi, enlever tout ce maquillage et me glisser sous ma couette.

Il me faudra 40 minutes pour arriver chez moi. Je réveille Saliha qui me demande quelle heure il est. 5h20. Je suis exténuée et le mot est faible. Nos parents sont arrivés un peu avant nous. L'appartement est calme. Je défais la fermeture de la robe de Saliha et elle de la mienne. Quelle libération! Je commençais à me sentir à l'étroit dedans. En la faisant glisser pour la retirer je repense au commentaire de Nabil sur ma poitrine. Je souris toute seule. Sous le passage de mon démaquillant, mon œil au beurre noir réapparaît. L'anticernes a vraiment été magique. J'attends que Saliha sorte de la salle de bain et je prends une petite douche express. Mon pyjama vient prendre le relais de ma robe de soirée. Je ferme les volets de ma chambre. Et là, quel bonheur! Je m'allonge dans mon lit et remonte la couette sur moi. Mon portable éteint, je le mets à charger. Au bout de quelques minutes, il se rallume. Message de Nabil: « J suis dans mon lit viens me rejoindre... ». J'avoue ne pas savoir quoi répondre. Je me contente d'un « Je suis là tu me vois pas...? Lol. Bonne nuit mon chéri... ». À peine les paupières fermées, je m'endors, les pieds en feu, le cœur amoureux.

J'ai rêvé d'une chose étrange. J'étais dans ma voiture sur le parking de la salle du mariage de Noria et à un moment une femme dont je n'arrive pas à voir le visage court vers ma voiture et porte des coups sur ma portière, sur le capot. Elle est enragée. Elle hurle la même phrase en boucle: « Vas taffer! ». Je suis paniquée et mon portable n'a plus de batterie. Je n'ose pas démarrer par peur de la renverser. Elle s'acharne sur ma voiture jusqu'à ce quelqu'un l'appelle. Je me suis réveillée en sueur. Ouf ce n'est qu'un rêve. J'ai mal partout. J'entends Saliha discuter avec ma mère. Sujet principal : Sabrina. Décidément. Ma mère dit être choquée de son attitude. J'entre dans le salon et me mêle à leur conversation. À un moment ma mère parle de Nabil et son frère. « Et ces deux garçons là ils étaient plus gênés qu'elle ». Ça me fait sourire intérieurement.

Je commence à retomber dans les travers de début de relation et me retiens d'envoyer un message à Nabil. Il est 15h. Pas de nouvelles de lui, je ne veux pas faire la fille qui l'étouffe ou croc de lui. Je préfère attendre qu'il me fasse signe. Persuadée qu'aucun homme ne réagit comme ça. Encore une fois, comportement typiquement féminin. Je ne devrais pas avoir ce raisonnement mais c'est plus fort que moi. L'histoire avec l'autre m'a tellement bousillé, que je garde toujours quelque part dans ma tête, l'idée que je ne serai jamais heureuse, qu'à un moment Nabil m'oubliera, qu'il me remplacera...Repenser à tout ça me mine le moral. Je retourne dans ma chambre. Je déteste ressentir ce que je ressens à ce moment présent. La peur de l'abandon, la crainte que tout finisse mal. Je regarde l'annulaire de ma main droite et la cicatrice qui y est incrusté. J'ai eu envie de me faire tatouer quelque chose par dessus pour ne plus la voir quand ça s'est terminé avec l'autre. Samia m'en avait dissuadé, ça aurait été le marquer encore plus dans ma chaire...Elle avait raison.

Je m'enfonce dans mon lit. Saliha qui voit que je ne suis pas très bien, vient dans ma chambre. Elle ouvre les rideaux, ce qui m'éblouie et me lance: «Tata vient d'appeler, les parents vont manger chez eux ce soir et nous on sort avec toutes les cousines! ».

- Hein? dis-je en plissant les yeux.

- Sam fait à manger là, elle a demandé à Farah de nous prévenir. On va se promener sur Paris avec Naima et ses sœurs! Allez lève-toi!

Elle tire ma couette, j'ai envie de lui tirer les cheveux. Je prends mon portable pour appeler Samia. « Bouge-toi Ness! Les filles veulent aller sur Paname avant de repartir demain. On se retrouve en bas de chez moi dans trente minutes ». Je me lève sous les ordres du caporal Samia et commence à me préparer. Saliha est en pleine forme, elle met de la musique et un peu de soleil dans notre dimanche endormi. Pas de nouvelles de Nabil. Il est quand même 16h, un peu tard pour dormir encore...

Les efforts sont limités, anticernes magique, mascara, blush et nous voilà parties. Quand je vois mes cousines j'ai l'impression que nous n'avons pas assisté au même mariage hier. Elles sont toutes pimpantes et pleines d'énergie. Moi je suis comme une ampoule qui galère à s'allumer. Naima monte avec Saliha, Farah et moi. J'étais déjà épuisée mais ses blagues et surtout son imitation presque parfaite de certaines invitées du mariage hier soir me fait pleurer de rire. J'ai mal au ventre et j'ai même parfois du mal à conduire. Elle sort une cigarette électronique de son sac. Je suis hyper étonnée car elle a toujours été contre la cigarette. « Ça me destresse, vas comprendre! ».

- Les gens achètent une cigarette électronique pour arrêter de fumer et toi tu fumes pas et tu commences la cigarette électronique! dis-je en explosant de rire.

- Ah! Y a un début à tout ma Ness! réplique-t-elle en tirant sur son gadget. Mais je suis toujours contre la cigarette!

Saliha et Farah pouffent de rire. Nous arrivons sur Paris, malheureusement il commence à pleuvoir et nous finissons dans un salon de thé. L'ambiance est bonne. Samia qui me connaît mieux que je ne me connais peut-être moi-même, me demande ce qui ne va pas. Elle relativise en me disant qu'il doit être occupé et qu'il faut que je me détende. Je lui chuchote: « Ma réaction m'énerve. On est pas marié. Pourquoi je réagis comme ca Sam? ».

- Parce que tu te laisses enfin la chance de recroire au bonheur!

PNL: Je n'attendais rien sauf le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant