Tête à tête

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Nous voilà en voiture. Nabil n'en démords pas il veut m'amener  manger au restaurant de la Tour Eiffel. Mais plus je vois mon visage dans le miroir passager, et moins je partage sa motivation.

Avant qu'il ne s'engage sur l'autoroute, je pose ma main sur le visage de Nabil et lui dit:"Nabil c'est adorable, vraiment mais je peux pas aller là-bas. Mes yeux sont gonflés à cause des larmes, je suis pas habillée comme il faut...J'vais pas être à l'aise...On peut retourner au resto italien où tu m'avais amené c'est tout aussi bien".

- T'es sûre? J'veux pas que tu sois mal non plus, réponds Nabil en m'embrassant la main.

- Oui sûre merci beaucoup vraiment!

- Ça te dit qu'on aille ailleurs? La serveuse de l'italien m'a énervé l'autre fois. Tu veux aller où? Qu'est-ce qui te ferait plaisir?

- Juste être avec toi, dis-je sans filtre.

- On commande et on va se poser chez moi? me propose Nabil d'un air gêné comme s'il avait peur que je le prenne mal. On sera que tous les deux.

- Ton frère n'est pas là...?

- Non pas jusqu'à vendredi.

- Ok, dis-je en lui embrassant la joue.

Nous prenons à manger et nous rendons chez Nabil. Il est déjà 22h30. Samia que je mets dans la confidence me dit qu'elle me couvre: nous avons été récupérer une robe de Noria et nous allons au cinéma. Vu l'effervescence qui rime cette semaine, personne ne fera attention à nous et ne nous dira quoi que ce soit. Ce n'est pas pour autant que je baisse ma garde, il ne faut pas qu'on me voit entrer dans l'immeuble de Nabil. Il me donne une casquette dans laquelle j'enfouie mes cheveux. Il n'y a pas un chat dans sa résidence. Nabil prends la direction du parking sous-terrain. Je lui dis:"Pourquoi on a pas fait comme ça les autres fois?".

- J'y avais pas pensé, j'ai pas l'habitude d'être en planque, dit-il en riant.

Je ris à mon tour et ris de cette casquette vissée sur ma tête.

Lorsque nous attendons l'ascenseur nous faisons mine de ne pas nous connaître, chacun de nous ayant les yeux rivés sur son téléphone. Personne dans l'ascenseur, Nabil en profite pour m'embrasser puis je m'éloigne de lui une fois arrivés à son étage. Personne dans le couloir. Nabil ouvre la porte tellement lentement que je le soupçonne de faire exprès. Il rit et ouvre la porte. Ouf! Je me décontracte enfin. Je demande à Nabil où est la salle de bain. Il me dit se rendre compte que les deux fois précédentes où je suis venue il ne m'a pas fait visiter. Il me montre sa chambre. Le lit est beau, grand. Le parquet est foncé dans tout l'appartement. Il a une photo dans un cadre posé sur une commode près de la fenêtre. J'ai les yeux tellement gonflés que je n'arrive pas à voir qui est sur la photo. Sa chambre sent bon, elle sent lui. La déco est simple mais belle. Il n'y a rien d'encombrant. Puis il me montre la chambre de son frère dans laquelle bien évidemment nous n'entrons pas. Il me montre où sont les toilettes puis la salle de bain. Cette dernière est très ordonnée, pour des hommes. Je souris quand je vois un paquet d'élastiques. Il y a une troisième pièce avec un canapé, un fauteuil, une télévision en face, des jeux vidéos posés sur une étagère, une bibliothèque pleine de mangas, une pile de bd. Une vraie pièce de loisirs pour qui aime l'univers japonais.

Je dis à Nabil que je vais me laver les mains. Il m'accompagne dans la salle de bain. Je trouve drôle de voir un gel moussant à la fraise. "J'aime trop cette odeur" me dit Nabil derrière mon épaule. Je rince mes mains, Nabil s'approche de moi, pousse mes cheveux et m'embrasse dans le cou en passant ses bras autour de mon ventre. Je ferme les yeux. Nabil est doux. Jamais brusque avec moi. J'essuie mes mains et me retourne vers lui. Il fait ce truc avec sa lèvre qui me fait craquer. Il la mord en me faisant un clin d'oeil. Et comme je suis une grande maladroite qui gâche tout j'éternue tellement violement que je me cogne à son épaule. Je vois alors que j'ai déposé une goutte de sang sur sa veste. "Ah merde désolée, je sais pas  d'où..." dis-je en me retournant vers le miroir. La cicatrice sur ma pommettes saigne. Nabil ouvre le petit meuble au dessus du lavabo et en sors des compresses en me disant:"Heureusement que tu en avais apporté plusieurs". Je m'apprête à en ouvrir une mais Nabil me la retire de la main. Il me dit de m'asseoir sur le bord de la baignoire. "C'est à mon tour de te soigner" dit-il en se lavant les mains. Puis il se penche sur moi, met sur une compresse une dose d'alcool qui peut m'envoyer dans les vappes. Il est tellement volontaire que je n'ose pas lui dire mais je retiens sa main, stressée :"Tapotte juste un peu avec ça ira".

- Oui oui t'inquiète, dit-il approchant la compresse de ma pommette.

Il la passe délicatement. Ça pique, je plisse un peu les yeux mais mon regard se perd sur son visage et j'oublie. Il me pose un pansement. Je me redresse, me regarde dans le miroir et lui lance:"Parfait merci docteur! Vous vous êtes appliqué! ".

- De rien, c'est normal vous êtes ma patiente préférée, venez par là que j'observe vos amygdales, dit-il en m'attirent vers lui.

J'explose de rire, il m'embrasse en prenant soin de ne pas toucher ma pommette. J'aimerais que le temps s'arrête. Je me sens en sécurité avec lui.

Nous retournons dans le salon pour manger. Nabil allume la télé pour mettre de la musique. Il me dit qu'à part les infos et le foot il ne regarde pas souvent la télé.

J'entame mon premier sushi quand quelqu'un sonne à la porte. Nabil a l'air étonné. Je ne sais pas si je dois rester assise ici ou pas. Si c'était quelqu'un qui connaît mon cousin ou me connaît par rapport à Samia qui habite deux bâtiments derrière? Je me lève et glisse à Nabil doucement:"Je vais dans ta chambre". Je prends soin de prendre mon sac et mes chaussures avec moi.

Je suis là, dans sa chambre, derrière la porte. Et la? Qu'on me dise que c'est une blague svp...

PNL: Je n'attendais rien sauf le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant