Milles et une boutiques

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J'ai mis mon réveil non pas pour aller au travail mais pour prévenir Fati que je suis en arrêt. Elle s'inquiète et me demande si tout va bien. Je lui sors le même discours qu'à ma mère. Elle me demande si j'ai tout ce qu'il me faut, ce à quoi je réponds oui. Fati a un coeur en or. Je l'aime énormément mais je ne peux pas lui raconter cette histoire. C'est très gênant et je ne voudrais pas qu'elle ait peur pour moi. Elle me dit de pendre plus de jours s'il le faut. Le texto de Yohan me souhaitant un "bon rétablissement Mike Tyson" me conforte dans le fait qu'ils n'ont rien vu. C'était quasiment sûr mais bon, on ne sait jamais.

Saliha vient frapper à ma porte. Je lui tiens la version de la boxe. Elle est ma petite soeur, hors de question de la faire paniquer surtout qu'elle, a vu la bimbo et la première altercation. Elle se propose d'aller à la pharmacie pour moi. Elle fait l'aller-retour rapidement car nous allons tous aider Noria dans ces derniers préparatifs ce week-end. Il reste peu de temps et beaucoup de choses à faire. Samia a carrément dû poser des jours de congés pour venir à bout de la montagne de tâches à accomplir. Parmi celles-ci, aller acheter des dragées supplémentaires, récupérer une tenue de Noria arrivant du bled chez une cousine, acheter des plateaux etc...Bref missions à l'extérieur. J'ai appelé Samia et bien qu'elle ait insisté pour que je me repose, je refuse et lui dis que cela me fera du bien de sortir avec elle. De plus personne ne me verra, vu le cocard que j'ai, c'est mieux. Oui cocard il y a. Violet, bleu foncé, on ne voit que ça. On dirait qu'on m'a mis un coup de poing. J'espère que ça va s'atténuer avant le mariage de Noria...

Nabil doit dormir je n'ai pas encore de nouvelles de lui. J'ai rdv avec Samia à 10h. Je me prépare. Mon père vient voir mon oeil et me donne des conseils pour une bonne défense. Ma mère l'entend et crie depuis le salon:"Laisse ma fille! Plus de boxe!". Mon père sourit et sort de ma chambre tout en mimant la gestuelle d'une garde et de coup de poing.  Je rigole. Si tu savais papa...J'ai même pas eu le choix de me défendre.

Je me prépare avant que Samia qui est au taquet, n'arrive. Pas grand chose à préparer, je ne me maquille pas. Je prends mes lunettes de soleil. Elle masqueront un peu l'oeuvre de l'hystérique.

Je laisse ma mère en plein stress: elle doit s'occuper de faire des centaines de gâteaux. Elle fait de très bons gâteaux et c'est souvent qu'on la contacte pour ça. Mais là le délais est court et c'est le mariage de sa nièce. Elle veut que tout soit parfait. Elle part rejoindre sa soeur où la pâtisserie familiale temporaire s'installer.

Samia est là. Elle voit mon cocard lorsque je retire mes lunettes de soleil et se contente de dire:"Ah ouais quand même!". Bien évidemment nous revenons sur Nabil hier soir. Elle me dit qu'il a été super agréable avec elle malgré son inquiétude et sa colère et qu'elle nous trouve très mignons tous les deux. Elle met de la musique et nous passons le trajet à chanter avant d'arriver à notre premier point de chute. J'annonce, le temple du mariage: Barbès.

Cela fait un moment que je ne suis pas venue ici. En slalommant difficilement entre les "Malboro! Malboro!", les propositions d'achat du dernier Iphone sous le manteau et les "compliments" dans tous les sens jettés comme des bouteilles à la mer, Samia et moi arrivons dans la boutique où nous envoie Noria. Nous avons une liste: nous devons acheter des plateaux, des dragées et leurs contenants, du tulle, des bougies, des canons à confettis...J'en passe et des meilleurs. Noria a vu les choses en grand. La boutique est très grande. Ça négocie, ça déballe du strass, du voyant, du "nouveau modèle" dans tous les sens. Une famille composée de la future mariée, de ses parents, de ses soeurs et de ses copines débattent sur le nombre de contenants à dragées à acheter. Le père qui n'en peut plus leur lance:"J'vous attends dehors j'en peux plus khlass!". Ça me fait sourire. Il est déjà hyper sympa d'être venu...

Nous ressortons de là les bras tellement chargés qu'un des jeunes vendeurs de la boutique propose de nous aider jusqu'à la voiture. Franchement nous ne refusons pas évitant ainsi des aller-retour sur ce boulevard qui se charge de plus en plus. Nous le remercions et nous rendons vers une autre boutique où Samia doit trouver un coupon de tissu spécifique pour sa mère et c'est après avoir essuyé quatre échecs que nous trouvons enfin le dit coupon de tissu. Nous sommes fatiguées et l'endroit est plein à craquer, déjà 2h30 que nous sommes là. Je consulte mon téléphone et voit 3 appels manqués de Nabil et un message:"T'es occupé bébé". Samia discutant avec un vendeur, je sors de l'énième boutique dans laquelle nous sommes pour l'appeler. Sa voix est bizarre, comme s'il était à moitié endormi et à moitié cohérent. "Ça va toi? T'as l'air..." dis-je.

- Ko ouais je suis ko. C'est rien bébé. Et toi, toi t'es comment? marmonne-t-il en buttant sur presque chaque mot.

- Moi ça va, on est encore à Barbès...et...

- Barbès fais gaffe à ma femme! me coupe Nabil en riant et en ajoutant des choses que je ne comprends pas.

Je crois comprendre quelque chose qui m'énerve et lance à Nabil:"Rappelle-moi quand tu seras plus clair stp. J'dois y aller, Samia m'appelle".

- Bisou mon bébé bisous la plus belle la plus sexy  dit-il la voix complètement déraillée.

Je ne prends même pas la peine de répondre et raccroche. Je me force à masquer mes nerfs devant Samia. Nous continuons notre expédition au pays du mariage clinquant et décidons de nous poser pour manger. Nabil m'a appelé 4 fois et laissé deux messages, deux fois le même:"Tu boudes?". Je ne le rappelle pas. C'est la première fois et aussi la première fois après ce fameux jour chez lui, que je suis énervée contre lui.

La journée passe à une vitesse éclair. Nous rentrons chez ma tante où l'on retrouve ma mère, tantes et cousines chacune occupée à une tâche. Ma tante me dépose un tendre baiser sur la joue opposée à ma "blessure de boxe". Elle met alors de la musique et nous entraîne avec elle à danser, sorte d'avant-goût des festivités. Les youyous viennent rythmer la bonne ambiance mais mon coeur n'est pas tellement à la fête. Mon téléphone vibre dans ma poche:"Ness réponds j veux t'voir vite fait". Je lui réponds que je suis chez Samia et que nous allons passer la soirée ici. Je n'ai pas de réponse si ce nest un "descends stp j'suis là" 10 minutes plus tard. Je mets Samia dans la confidence. Elle me dit:"Oh c'est trop trop mignon!". Elle ne sait pas encore ce qu'il a fait de beaucoup moins "mignon" plus tôt dans la journée.

PNL: Je n'attendais rien sauf le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant