Aïe

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Nabil s'est endormi au téléphone. Je ne manque pas de faire pareil quelques minutes après. Journée forte en émotions. J'ai hâte qu'il rentre, vendredi. Sur le trajet vers la gare, il m'a proposé un "resto en amoureux" dimanche soir. Le ton drôle sur lequel il l'a dit pour masquer sa gêne était très mignon. Je m'endors avec toutes ces douces pensées dans ma tête.

Le lendemain matin, en arrivant au travail, Yohan n'est pas là. C'est son jour de repos mais je n'oublierai pas pour autant de le bouffer dès que je le reverrai. 

Comparée à ma journée idyllique de la veille, la journée de travail est longue mais les messages que nous échangeons avec Nabil l'adoucissent. Nous passons les trois jours avant son retour à nous échanger des mots doux comme des adolescents. Comme il me l'avait annoncé sa semaine est chargée et c'est parfois tard que nous parlons au téléphone jusqu'à ce que nous nous endormions. Ça nous donne un peu l'impression d'être ensemble, côte à côte.

La veille de son retour, Nabil me dit qu'on ne pourra pas se voir avant dimanche car vendredi soir il doit se rendre au studio pour le travail direct après son arrivée sur Paris et samedi il est invité à un anniversaire. Je suis un peu déçue mais je ne dis rien. Je serai moi aussi occupée dans les préparatifs pour le mariage de Noria mais j'avais espéré que l'on aurait pu se voir un petit moment...

Nabil me demande alors à quelle heure nous pouvons nous voir dimanche soir. Nous fixons 20h. Samia à qui j'ai raconté dans les grandes lignes la journée londonnienne et qui est "plus que contente pour moi", me dit qu'elle me couvrira. Ses parents sont invités chez le futur mari de Noria. Ils vivent à presque 1h d'ici du coup ils ne rentreront pas tôt. Je ne suis plus une enfant mais je vis chez mes parents et sortir un dimanche soir et rentrer tard ça paraît tout de suite louche. Je préfère dire que je suis avec ma cousine.

Vendredi matin je me lève bien. Je sais que je ne verrai pas Nabil mais juste le fait de savoir qu'il rentre me rassure. Yohan qui était en fait en arrêt maladie me complimente sur mes cheveux. Je le connais, il me flatte pour noyer le poisson. Ça me fait rire mais je lui dis tout de même de ne plus recommencer. Je lui ai dit que j'étais avec ma cousine mais que c'était tout de même gênant. Il s'excuse et me taxe de "mito". Ce type grille tout.

Vers 17h, alors que je m'apprêtais à quitter le travail, j'attache ma ceinture quand j'entends un coup porté à ma voiture. J'ai à peine le temps de sortir de ma voiture que se plante face à moi l'objet du délit: la bimbo hystérique. Je n'en reviens pas de son culot de se pointer à mon travail et déjà comment sait-elle que je bosse ici? Elle ferme la portière de ma voiture comme si je comptais m'échapper. Sérieusement?

Elle s'approche de moi, bien trop proche. J'ai envie de la repousser mais je ne veux pas de scandale ici même si je suis garée juste assez loin de la pharmacie pour que mes collègues ne me voient pas mais surtout, je ne veux pas qu'elle pense que je la craint. Elle me dit d'un ton agressif:"Y a personne là, juste toi et moi! Alors j'vais être claire salope, Nabil est à moi!"

- Pousse-toi stp. Je ne suis ni ta soeur ni ta fille, bouge stp, dis-je en ne bougeant pas d'un pouce.

- Sinon quoi salope? Hein? dit-elle en me poussant l'épaule du bout du doigt.

- Me touche pas et dégage pauvre folle. Tu m'impressionnes pas, je touche pas les filles comme toi, dis-je d'un ton grave et en ouvrant ma portière.

Elle la claque, et alors que je m'apprête à l'ouvrir à nouveau, elle me porte un coup au visage en traître par derrière. Je n'ai rien vu venir. Elle part en courant vers sa voiture garée stratégiquement en perpendiculaire à la mienne et démarre en trombe. J'ai envie de la tuer. Je pose ma main sur ma pommette, je saigne. Un couple  ayant vu la scène mais arrivé trop tard pour intervenir me dit avoir tout vu et être prêt à témoigner si je porte plainte. Ils ont à peu près mon âge. La fille me tend un mouchoir et demande si je souhaite qu'on appelle les pompiers. Je refuse. Le couple me laisse ses coordonnées. Je leur dis que je les tiendrai au courant et les remercie. Je monte dans ma voiture. Je pleure de nerfs. Elle m'a fait mal et je saigne. Je ne peux même pas retourner à la pharmacie. Qu'est-ce que je raconterai à mes collègues? J'ai trop honte.

Je ne peux pas rentrer chez moi comme ça. Je ne sais pas quoi faire. Je suis paniquée. Je démarre pour ne pas  croiser un collègue et m'arrête un peu plus loin. J'appelle Samia. Elle ne répond pas. Je lui envoie un message:"Samia tu finis à quelle heure stp? Ne panique pas, rien de grave mais j'ai besoin de toi urgent".

Samia me réponds un quart d'heure après:"Y a quoi? Tu m'fais peur! T'es où?? Je finis dans pas longtemps mais j'peux partir dis-moi t'es où j'arrive!".

Je lui dis où je suis. Samia me rejoins 20 minutes après. Lorsqu'elle voit mon visage, elle porte sa main sur sa bouche et me dit:"Putain! Il s'est passé quoi???". Je lui explique la scène avec hystérique. Samia pète un plomb mais se calme face à mes larmes qui recommencent à couler sur mes joues. 
Je lui parle de Mouss que Nabil m'avait dit de contacter au cas où. Samia me dit:"Appelle-le direct Ness!!! Et Nabil tu l'as appelé???"

- Non il est dans le train. Il pourra rien faire, j'veux pas l'inquiéter, dis-je en essuyant mes larmes. Et mes parents Samia? J'vais dire quoi quand ils vont voir ça?

- Appelle-le! Et appelle ce Mouss avant! Ness! C'est ton mec il doit être au courant! Et pour tes parents on dira que quelqu'un t'as mis un coup sans faire exprès à la salle de sport

Samia me sauve. Avec la panique je n'avais aucune idée sur quoi dire à ma famille et elle, en une minute elle m'a trouvé toute une histoire.

J'appelle Mouss. Il décroche direct. Je me présente. Il entend à ma voix qu'il y a quelque chose car il me demande:"Tout va bien?". Je lui raconte, non sans m'excuser avant de le déranger et préciser que Nabil avait insister pour que je l'appelle si besoin.  Il me demande où je suis mais je lui dis que je vais à l'hôpital avec ma cousine. Mouss me dit que si j'ai besoin de quoi que ce soit je le rappelle.

L'appel avec Nabil n'a pas été aussi simple. Il ne comprenait rien car ça n'arrêtait pas de couper et on ne s'entendait pas. Je captais mal depuis l'hôpital. Je lui dis de m'appeler une fois arrivé à Paris mais Mouss ayant dû reussir à le contacter entre temps, je reçois plusieurs textos de Nabil d'affilés:"J't'appelle mais ça passe pas. J'vais la défoncer cette pute. T es à quel hôpital?", "J'arrive ds 10 minutes à Paris j'viens direct", "Ness?? Ça  m'inquiète dis-moi t'es où???". Je lui réponds et m'enfouit dans les bras de Samia. Un mal de crâne il ne manquait plus que ça.

PNL: Je n'attendais rien sauf le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant