Just the two of us

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On passe une bonne partie de l'après-midi à se balader. Il est presque 17h. Quand Nabil s'en rend compte il me dit:"Ça te dit qu'on retourne à l'hôtel...J'ai envie qu'on se pose un peu tous les deux avant que tu partes". Aussitôt dit aussitôt regretté car face à l'expression dubitative que j'affiche sur mon visage, Nabil ajoute:"Y a rien t'inquiète pas. J'veux juste un moment seul avec toi".

- Ok...dis-je en hôchant la tête mais en pensant tout le contraire.

- T'as l'air convaincue...Allez viens J'vais pas te manger. Je l'aurais fait ce matin sinon, dit-il en me tendant son bras.

Il a un sourire qui me fait craquer. Je l'ai déjà dit mais je le redis. J'apprécie le fait qu'il prenne des pincettes avec moi, qu'il voit que je rougis pour un rien et qu'il essaye toujours de me rassurer. Il faut avouer que je m'étais tellement énervée pour le coup du joint que du coup je pense qu'il m'a un peu cerné. Je ne suis pas duppe. Je sais qu'il fume mais il a au moins eu la délicatesse de ne pas m'en faire partager les effluves dans sa chambre d'hôtel ce matin. Aucune odeur de joint fumé. Je n'aurais pas supporté. Ça me donne envie de vomir. Sans parler des crises d'asthme que cette saloperie me déclenche. Il n'a pas non plus fumé de cigarette. Il sait qu'elle et moi ne sommes pas copines non plus. Par moment je me dis qu'il doit me trouver lourde, chiante. Mais dès que je vois qu'il se retient de fumer par rapport à moi, je me dis qu'il me respecte, reloue ou pas.

Je ne me remets pas de la beauté de l'hôtel. J'aimerais être comme ces personnages de film qui vivent à l'hôtel. Comme Richard Gere dans "Pretty Woman". Pas de ménage, pas de meuble Ikéa chiants à monter, pas de...Une vision me sort de ma flânerie hollywoodienne. Nous attendons lascenseur et sur notre gauche, une mariée ou du moins une mannequin en robe de mariée pose pour un shooting photo au niveau d'un sublime piano à queue noir. Elle est tout simplement magnifique. Ses cheveux chatains remontés en un chignon effet coiffé-décoiffé, une robe coupe sirène qui met en valeur ses plus beaux atouts. Le photographe et elle parlent en espagnol. Beaucoup de clients de l'hôtel passant par là l'admire tant elle est belle, dont Nabil.

D'un coup je me sens moche et insignifiante. Cette superbe latine a réduit mon pourcentage de confiance en moi à zéro. L'ascenseur arrive, nous montons. Je suis silencieuse. Nabil m'interroge:"Ça va?"

- Oui! Et toi? dis-je en faisant la fille enjouée.

- On dirait pas pourtant! Y a un problème?

- Non du tout! C'est la fatigue t'inquiète!

L'ascenseur nous dépose, Nabil, mon égo ratatinné et moi au 10ème étage. On entre dans la suite que j'ai surnommé dans ma tête "suite de bâtard" pour quand j'en parlerai à Samia, et Nabil s'excuse car il doit passer un appel. Je l'appelle "président" pour rigoler. Il me dit:"Viens. Mets toi à l'aise. Faut que je regarde mes mails en même temps vite fait". Il s'assoit sur le lit. Un lit si grand qu'on pourrait se perdre dedans. Je m'asseois également tout en enlevant ma veste. Il passe son appel, j'en profite pour aller dans la salle de bain.  Je me lave les mains, essaye de redonner un peu de volume à mes cheveux en les frictionnant avec mes doigts mais j'abandonne l'idée de faire une retouche maquillage. Il a tenu tel du béton. Je suis choquée. Ou bien est-ce le miroir de cette salle de bain de rêve qui donne cette impression?

Je rejoins Nabil qui a retiré ses chaussures et s'est adossé à la tête de lit. Je fais pareil. Il me sourit. Je n'ose pas trop m'approcher de lui, je ne suis pas à l'aise. Vu qu'il a un sixième sens, il va le remarquer donc j'essaye de me donner un peu de contenance en regardant mon téléphone (décidément).

Je sens mes paupières lourdes. Je me suis quand même levée très tôt ce matin et nous avons beaucoup vadrouillé. Je refuse l'appel du sommeil en continuant de manipuler mon portable. Nabil raccroche, pose son téléphone sur la table de chevet et me dit que sa semaine va être chargée et que c'est tant mieux comme ça ça passera plus vite. Je n'ai rien trouvé d'autre à dire que:"Ah ouais grave c'est clair". Nabil le télépathe de l'année capte ma gêne. Il se rapproche et se penche vers moi, prend mon visage entre ses mains et viens m'embrasser. Je pose mes mains à plat sur son torse. Il décolle ses lèvres des miennes et me taquine:"Pas mal la technique de défense". Je lui réponds par un sourire voulant dire:"Télépathe que tu es".

Je lui demande de poser sa main sur la mienne, pour "faire la taille" comme quand on était petit. Ses mains me rassurent. Je lui dis que j'aime les mains car elles parlent beaucoup plus que notre propre bouche, elles ne mentent pas. Je lui montre l'egratinure qu'il porte encore sur le dos de sa main après sa bagarre avec Mourad et lui dis:"Tu vois ta main elle raconte que tu t'es battu".

- La tienne elle est douce, elle dit que tu veux qu'on en prenne soin, dit-il tout en la regardant. Et...c'est quoi ça? Tu t'es fait ça comment? C'est balaise!

Ça, c'est une cicatrice qui prends tout le long de mon annulaire et dont je n'ai pas du tout envie d'évoquer l'origine maintenant. Il ne l'avait jamais remarqué avant car elle est sur le côté de mon doigt. Je me contente de dire:"Un accident de vélo". Je lui mens. Il ne dit rien mais son regard sur moi lui ne ment pas, il sait que je ne dis pas la vérité. Le fait qu'il ne me questionne pas plus comme la plupart des gens qui veulent absolument savoir comment je me suis fait ça me fait lui dire:"J'te raconterai". Je lui fais un clin d'oeil. Il rigole, me disant que je ne sais pas les faire. Et on est là, dans cette chambre d'hôtel, sur ce lit gigantesque, à se taquiner comme en primaire. Et il faut croire que ça fatigue, car nous nous endormons comme des nourrissons.

PNL: Je n'attendais rien sauf le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant