Remède

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Comment je peux en l'espace de si peu de temps passer auprès de Nabil pour une si grande fragile? En même temps quand on est malade on reste sous la couette. Je l'ai ma reponse. Ma sous-estimation de mon état de santé m'entraîne aux urgences. Paniqué Nabil m'y a conduit. J'ai bien essayé de l'en dissuader mais il ne voulait rien entendre. Nous voilà dans cette pièce, moi allongée sur le lit le teint à faire pâlir un fantôme et Nabil près de moi qui me regarde le même air inquiet qu'à notre arrivée. Nous attendons le médecin.

- Tu devrais partir. Tu vas rater ton train. Je vais mieux t'inquiète pas. Je vais appeler ma cousine elle viendra me chercher.

- Je bouge pas d'ici. Tant pis si j'rate le train. Rallonge toi, dit-il en m'aidant à me rallonger.

- Mais non ça me gêne. Je ne veux pas que tu rates ton voyage à cause de moi, dis-je.

- Oublie ça.

À cet instant, le médecin, entre dans la pièce. Il est jeune et très souriant. Il me dit que j'ai attrapé la grippe, griffouille une ordonnance qu'il tend à Nabil en lui disant:"Aujourd'hui pas de folies! Non, non, non! Repos strict au lit! Chouchoutez bien madame elle en a besoin! Hein ma jolie, faites lui faire la vaisselle, la lessive et tout le toutim!". Nabil le regard l'air ébahi ce qui me fait rire. Le médecin sort de la pièce nous indiquant la sortie. Nabil m'aide à mettre mes chaussures. Je me sens tellement nulle. Normalement les premiers rdv c'est le maquillage parfait, la tenue pensée la veille du rdv, les cheveux disciplinés et là cet homme ne me voit que dans des états pourris. Il va finir par croire que je fais exprès. Même moi si je ne me connaissais pas je n'en penserai pas moins.

"Tiens toi à moi". Nabil me tient par la taille. J'ai envie de prendre mes jambes à mon cou quand je réalise que n'importe qui peut nous voir. Je prie pour que l'on ne croise personne et surtout personne de ma famille. Déjà l'autre fou de Mourad qui est un étranger nous a vu et a créé des problèmes alors tontons, tatas, voisinage...À nous voir comme ça, on me balancerait direct dans les commérages comme "mariée et en plus on n'a pas été invités", "elle doit être enceinte", ou, au plus proche de la réalité "elle a un copain et elle s'affiche avec". On avance dans ce couloir qui me paraît sans fin.

Alors que nous arrivons à la voiture de Nabil, j'essaye de presser le pas. Nabil le remarque et me lance:"Tu vas pas tomber pour les gens. Ralentis."

- C'est surtout par rapport à mes parents... dis-je gênée qu'il ait compris.

- Tu diras que j'étais juste quelqu'un que tu connais qui t'a aidé, c'est tout, dit-il d'un air calme et rassurant.

- C'est vrai...

Je me sens un peu bête. Je serre le bras de Nabil, j'ai sommeil. Nabil m'aide à m'installer dans sa voiture. Il me baisse le siège. Il est prévenant et doux avec moi. J'aime...Dès qu'il me touche je me sens comme soulagée. L'amour et son effet placebo...

"J'ai pas envie de te laisser mais j'pense que tu dois rentrer dormir. À moins que tu veuilles venir te reposer chez moi?" me dis Nabil tout en mettant ma main sur la boîte de vitesse pour venir la recouvrir avec la sienne.

- T'as déjà assez fait pour moi là, je vais rentrer, dis-je tout en regardant l'heure sur le tableau de bord. 19h30??? Il est déjà 19h30? Mais ton train? Tu vas le rater! Je suis désolée!

J'étais complètement déconnectée. Je me suis endormie aux urgences et on a quand même attendu un moment mais quand même! J'ai honte qu'il rate son voyage à cause de moi et en même temps encore plus honte d'un autre côté d'être rassurée de l'avoir eu près de moi aux urgences. Nabil m'explique qu'il a annulé ce déplacement. "Fallait pas! Je suis vraiment vraiment désolée Nabil! Tout ça à cause de moi, vraiment désolée!" dis-je embarrassée par la situation. Le type va me prendre pour un boulet. Je ne peux pas m'empêcher de le lui dire. Ce à quoi il répond:"Ça me gêne pas de t'avoir pour boulet". Il éclate de rire et ajoute:"T'es ma petite fragile" en me pinçant la joue.

- Tu peux le dire, dis-je en riant à mon tour. Mais sérieux ça me met mal à l'aise.

- T'en fait pas pour ça. On va à la pharmacie, j'vais prendre tes médicaments.

J'acquiesce et nous voilà partis pour la pharmacie. Alors que Nabil y entre, je l'attends dans la voiture. J'ai sommeil comme si je n'avais pas dormi depuis une semaine. Je me sens moche et sale. J'ai envie d'une douche et de me glisser sous ma couette. Nabil revient assez vite. Il dépose le sachet de médicaments sur la banquette arrière. Je le remercie. Il démarre puis s'arrête quelques minutes après dans un parking vide à quelques minutes de là. "Je te dépose chez toi Cendrillon ou tu me laisses m'occuper encore un peu de toi? dit-il en carressant ma main.

- Merci pour tout vraiment, merci beaucoup. Je vais rentrer stp. C'est pas que je ne veux pas...C'est juste que j'aimerais que tu me vois autrement que dans cet état...et j'ai sommeil, dis-je en detournant le regard.

- Au moins ça prouve que j'apprecie exploratrice pour autre chose que son physique parce que là..., dit-il le regard en coin.

- Tu te moques hein, dis-je en souriant.

- Mais nan. Je constate! C'est tout! Parce que là ta coupe...dit-il en touchant et relâchant des mèches de cheveux qui me tombent sur le visage.

- Mais!!! dis-je en repoussant ses mains en les tapotant.

On rit comme des enfants. Il retiens mes mains. On se retrouve face à face. Son visage si près du mien que je sens son souffle sur mon visage. On se fixe. Gênée je baisse la tête. Nabil frôle mon nez au mien. Je ne peux, gogole que je suis, m'empêcher de penser:"Le pauvre je vais le contaminer, pousse toi meuf". Je ne le fais pas. Nabil frotte doucement son nez contre le mien. Il enveloppe mon visage avec ses grandes mains ce qui m'apaise instantanément. Je pose ma main au niveau de sa barbe que je caresse doucement. Nabil me chuchote:"T'es belle, même malade t'es belle". Je souris légèrement à ce que je prends clairement pour de la gentillesse et Nabil qui apparemment lis sur mon visage me chuchote à nouveau:"Oui entre le dans ta tête, tu m'plais. Doute pas de moi Ness".

- Me déçois pas silteplait, lui dis-je en chuchotant à mon tour.

- Tu peux t'appuyer sur moi Ness, je joue pas avec toi.

J'ai terriblement envie de l'embrasser mais je ne veux pas vivre notre premier baiser dans cette situation. J'enfonce ma tête dans le cou de Nabil qui m'embrasse la tempe longuement.
Je redresse ma tête et pose ma main sur son visage. Il caresse mes joues, cela me fait un bien fou. "Tes joues sont rouges et brûlantes. Je te ramène ma princesse fragile" dit-il en riant. Je ris à mon tour.

Arrivés en bas de chez moi Nabil me serre fort la main et me dit:"Soigne toi, j'veux vite te revoir". Ce à quoi je réponds pas un bisou furtif sur sa joue et laisse échapper:"Je vais déjà mieux grâce à toi". Je monte chez moi en repensant à cette phrase bateau mais tellement réelle. Nabil mon petit remède.

PNL: Je n'attendais rien sauf le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant