PNL: Je n'attendais rien sauf le destin

Paperasse et rencontres

Trois semaines plus tard, Linda a déjà commencé sa valise. Moi je n'y arrive pas. Comme si quelque chose m'en dissuadait. Pourtant ce voyage on en rêvait il y a encore quelques temps. Mais je ne me l'explique pas à moi-même. Alors je repousse au lendemain encore et toujours avec un départ prévu dans un mois de toute façon il y a le temps.

Ce matin en me levant j'ai ressenti une sorte de boule au ventre. Je ne me rappelle pas de mon rêve avec exactitude mais je me souviens que la voisine du 3ème en faisait partie. Bizarre d'ailleurs ça fait au moins 2 mois que je ne l'ai pas croisé. Il est 6h, je vais prendre ma douche, la famille dort encore.
La journée va être longue et j'attends que quelque chose me la rende un peu plus douce...Jai le sentiment de quelque chose d'inachevé. En me maquillant ça me revient: Linda et son histoire de passeport.
Après la bonne nouvelle de ses congés acceptés, Linda s'est rendu compte que son passeport était périmé. On lui a donné un délais d'un mois maximum pour avoir le nouveau. Ça nous a mis un gros frein dans notre organisation. Réserver et prendre le risque qu'elle n'ait pas son passeport à temps? Ou attendre et partir en dernière minute?
On a opté pour la deuxième solution.

Un autre facteur est venu appuyer cette décision, Linda a rencontré un mec. A l'anniversaire d'une copine, grand brun confiant gérant du restaurant dans lequel se passait le dit anniversaire. Elle est tombée sous son charme comme on tombe dans un pot de Nutella un dimanche d'hiver. Je ne lui dis pas pour éviter tout malentendu mais je le trouve hautain et imbus de sa personne. Son fric, son affaire, sa voiture, son business ont fini de m'ennuyer au plus haut point quand t'as juste envie de boire ton verre tranquille, à parler de tout et de rien. Je sens que les vacances n'intéressent plus autant Linda. Ou alors plus de la même façon. Je la vois arriver à 100km avec sa proposition: que son nouveau mec vienne avec nous. N'ayant jamais vraiment aimé tenir la chandelle, je pense que ma valise ne roulera pas près de la sienne. Je ne dis rien. Elle a l'air si heureuse.
C'est dimanche et j'ai une flemme atroce de tout. La famille est allée rendre visite à une cousine qui vient d'accoucher. Linda part pour la journée à Cergy où son mec veut lui présenter sa famille. C'est rapide, très rapide mais une fois de plus je ne dis rien. Je suis contente de me retrouver seule car hier en allant voir ma cousine Samia, j'ai croisé quelqu'un en bas de chez elle qui m'a beaucoup intrigué et sachant que je dois retourner la voir aujourd'hui, j'ai hâte de voir si je vais le recroiser.
En effet, en allant chez elle hier soir, j'avais deux gros sacs à lui monter. Je tente tant bien que mal de garder une tête normale quand je passe dans l'allée avec ces deux sacs qui pèsent le poids d'un gamin. A un moment, j'entends un "Attendez je vais vous aider". Je me retourne, je vois un mec assez vieux pour ne pas avoir à me vouvoyer et assez jeune pour avoir à peu près mon âge. 

- Merci c'est gentil!

- Il n'y a pas de quoi. Tu...vous allez dans quelle entrée?

- On peut se tutoyer je pense dis-je en souriant. Je vais au 12b.

- Oui c'est clair dit-il en souriant à son tour. 

Le sac débordant de paquet de dragées et de tulle, apres avoir jeté un regard aux sac il ajoute :"Ah au 12b, je comprends mieux" dit-il en me montrant les sacs et en esquissant un léger sourire. "Tu es de la famille de Said?"

- Oui c'est mon cousin!

- Ah ok. Enfin elle se case Noria hein! Dit-il en rigolant

- Ouais grave! Dis-je en riant. Tu es un ami?

- Oui on se connaît depuis toujours, c'est la famille.

- Ah ok. On se croisera au mariage alors dis-je en regrettant aussitôt l'avoir dit.

- Oui ça c'est sûr! T'as d'autres choses à monter ?

- Oui enfin non j'ai pas tout apporté. On laisse du taf pour demain dis-je en rigolant.

Il sourit et me dit :"Ah et bien j'attendrai pour t'aider demain...Ça va aller dans l'ascenseur?"

Je rougis, je sens que je rougis ce qui me gêne encore plus et lui dit presque en begayant comme une gogole "Euh oui oui ça ira merci beaucoup!"

- OK je t'en prie. Salut

- Merci salut.

Pourquoi j'ai rajouté le "merci"? Pourquoi j'ai dit "Merci salut"??? Il doit me prendre pour une gogole ahhh la honte. J'ai déposé les sacs, embrassé tout le monde et dit à demain. Samia n'était pas encore rentrée du travail. J'attendais l'ascenseur en me demandant si j'allais le recroiser en bas.
Une fois au niveau du hall, personne. Un peu plus loin sur le parking un groupe de 4 ou 5 jeunes. Je n'ose pas regarder pour voir s'il est là.

"TOUT DONNER TOUT DONNER TU es tout..." ferme la!!! La honte autoradio de merde qui crache à fond un dossier. Oui je kiffe ce son de maître Gims mais bon ça pas besoin de l'étaler au grand jour. Je détale vite de là.
Quand je raconte ça à Samia un peu plus tard, elle se fout de moi:

- Tu sais qui c'est ?

- Non un mec qui traîne en bas de chez toi, eh je les regarde jamais moi quand j viens chez vous.

- Non mais il était comment alors ?

- Ni petit ni grand. Elle avait des cheveux assez longs attachés en lebssel.

On éclate de rire toutes les deux. D'une pour le "il" transformé en "elle" car je viens d'entendre mon frère arriver et de deux pour le "lebssel" en référence à la coupe.

- C'est Nabiiil!!! Me dit-elle d'une voix enjouée comme si elle avait gagné quelque chose.

- Nabiiila? Bila! Et???

On explose de rire comme deux vaches.

- Saïd viens de rentrer. Vas-y viens demain comme prévu pour le reste des préparatifs et on en parlera et tu le recroiseras j'en suis suuuuure! Mets toi au max!
On raccroche et je commence à faire un gros truc de gamine: je suis en train de réfléchir à comment passer bien un dimanche matin sans avoir l impression d'en avoir trop fait.