Girls just wanna have fun

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Un jour, dans un élan de méchanceté car je venais de dire « bonjour, merci, au revoir » à un vendeur dans une boutique, l'autre m'a incendié dans tous les sens. Dispute. Cris. Il me fatigue. Je le lui dis. Il s'emballe encore plus et à un moment il me balance d'un ton sec et avec un air moqueur: « Tu crois que t'es qui toi? Redescends t'es pas mieux qu'une autre! J'te remplace en deux minutes! ». Je suis restée estomaquée par tant de brutalité, tant de bassesse en une seule et même personne: mon mec. Ce jour là je suis rentrée chez moi avec son venin qui coulait dans mes veines. C'est remonté jusqu'à mon cerveau et dès lors, j'ai commencé à y croire. Mon capital confiance en moi a été réduit à néant, ou presque.  Au point d'avoir toujours peur de ne pas être assez belle, pas assez intelligente, pas assez celle que l'on retient. Je n'étais pas celle pour qui on se bat, celle que l'on garde. J'ai développé cette idée comme quoi j'étais la fille banale. L'autre en a longtemps joué, il avait débusqué une faille. Je pensais aller mieux mais j'ai réalisé que les séquelles étaient plus importantes quand j'ai commencé à faire de nouvelles rencontres. Toujours cette appréhension qu'on me laisse, qu'on me malmène.

Samia sait tout ça. Elle a essuyé mes larmes plus d'une fois. Elle est assise en face de moi dans ce salon de thé où les anecdotes et rires résonnent tellement qu'ils couvrent le fond sonore mais pas assez pour assommer les inquiétudes qui me dévorent. Samia se penche vers moi et me lance: « Nessma, ma chérie, te mets pas dans cet état. Envoie lui un message. Je suis sûre qu'il a une explication ».

- Non mais t'inquiète! Ça va! Je laisse couler, on verra...dis-je l'air faussement convaincant.

- Ness, pas à moi. Je sais ce que tu penses là. Contacte le! Y a pas de honte! réplique-y-elle en relativisant tellement que j'ai presque envie d'exécuter son conseil.

- Il va me prendre pour un pot de colle...

- N'importe quoi! Vous êtes ensemble, je vois pas où est le problème que tu le contactes! T'es aussi en droit de lui demander pourquoi t'as pas de nouvelles!

Samia est beaucoup plus sûre d'elle que moi. Il n'y a pas photo. J'ai du mal à suivre son conseil. Je négocie avec moi-même mais je décide de ne rien faire.

Il est 18h30. Toute la petite troupe décide d'un endroit où manger et comme il est à l'autre bout de Paris, nous décidons de prendre la route maintenant. J'entre dans ma voiture. Je pose mon portable dans le vide poche et démarre. Nous avons choisis un restaurant indien.

Alors que Naïma parle, je vois la lumière de mon portable s'allumer pendant plusieurs secondes. Puis une autre fois durant plusieurs secondes également. On m'appelle. Nabil peut-être...? J'ai hâte de regarder qui essaye de me joindre et en même temps j'ai peur d'être déçue. J'attends les bouchons qui comme nous le sentions, nous bloquent un bon moment, pour consulter mon portable. C'est lui...Deux appels en absence et un message... « Ça va ma chérie? Désolé toujours un problème de chargeur. Tu fais quoi? ». Je suis soulagée mais c'est plus fort que moi, le doute s'invite dans ma tête. Il avait racheté un chargeur hier avec moi en sortant de la parfumerie...Qu'en est-il advenu...? Ces labyrinthes psychologiques me fatiguent. J'ai l'impression qu'il me ment et qu'il le fait en me prenant pour une bête. Ce n'est pas l'image que je veux avoir de lui mais c'est ce qu'il m'inspire là tout de suite.

Avec habilité et une bonne dose de faux semblants je lui réponds: « Ça va merci et toi? Je suis avec mes cousines sur Paris, on va manger là». Pas de petit surnom, j'ai ignoré le passage sur son excuse de chargeur et je ne lui demande pas ce que lui fait: n'importe quelle personne censée verrait le truc venir. Et c'est le cas. Il me réponds aussitôt: « Tu fais la tête? T'es froide comme la vendeuse mister freeze ». Ça me fait sourire, la comparaison est bien trouvée. J'écris: « Non c'est juste que j suis fatiguée ». Je regrette quasiment instantanément. Quelle hypocrisie. C'est le message le plus stupide que je lui ai envoyé. Fatiguée mais en ballade sur Paris mais pour écrire un mot doux à son mec, il n'y a plus personne! Le trafic reprend, je pose mon portable et un quart d'heure plus tard, nous voilà arrivées. Une place de choix juste en face du restaurant nous fait de l'œil. Je m'y gare. En prenant mon portable, je vois que Nabil m'a répondu: « C'est quoi cette excuse, y a un truc qui va pas ? ». J'ai comme un pincement au cœur. Je dis aux filles d'entrer dans le restaurant sans moi, que je passe un coup de fil et les rejoins. Je respire un bon coup et l'appelle: « Allô? ».

- Allô?

- Ça va? dis-je en forçant une voix enthousiaste.

- Moi ça va mais c'est toi qui a pas l'air d'aller, réponds-t-il l'air agacé. 

- Non je suis juste hyper fatiguée entre hier et aujourd'hui, ça a vraiment été la course, répliquai-je sans aucune conviction dans la voix.

- Bah viens te reposer avec moi. J'suis seul jusqu'à mardi.

- Je peux pas là je suis avec toutes mes cousines...dis-je doucement.

- Passe après, insiste-t-il.

- Je vais voir, j'te tiens au courant car je crois qu'elles voulaient sortir après.

- Ah ok. Sortir où? m'interroge-t-il visiblement irrité.

- Je sais pas mais prendre un dernier verre quoi...

- Ok ben amuse-toi bien, réplique Nabil que je sens agacé.

- Merci a tout à l'heure, dis-je du bout des lèvres.

- À taleur.

Je comprends sa réaction, mon attitude est totalement différente de d'habitude. Mais c'est plus fort que moi. Son excuse de chargeur me laisse interrogative et bien sûr, impossible pour moi de le lui dire.

Samia me voit entrer dans le restaurant le visage abattu comme elle le dit et me remet du « plomb dans la cervelle ». Elle m'encourage à le rejoindre une fois le repas terminé. Et tandis qu'elle essaye de me rassurer, Saliha qui regarde son portable nous annonce qu'une grève de la SNCF est annoncée dès demain 7h pour 48h. Avec le mariage nous étions tous déconnectés. Naima et les autres cousines du Sud prennent ça avec le sourire, contentes de rester un peu plus longtemps parmi nous. Et là je dois avouer que cela m'arrange aussi du coup je repense à la proposition de Nabil. Le problème c'est que j'ai pris Naïma, Saliha et Farah avec moi en voiture. Super Samia règle ça en un rien de temps: une « amie » viendra me chercher car je ne me sens pas bien et que je ne veux pas gâcher le reste le la soirée.

Il faut alors prévenir « l'amie » en question qui n'est autre que Nabil. Je lui explique la situation et alors que je mériterai qu'il m'envoie valser après mon attitude froide de tout à l'heure, il me répond : « Envoie moi l'adresse j'décolle dans une demi-heure ». Parfait, ça me laisse le temps de dîner avec tout le monde. Je suis tellement minée moralement que tout le monde croit que je ne suis vraiment pas bien.Cela me gêne mais n'empêche pas les suspicions et taquineries de toutes mes cousines sur l'identité de mon « amie » quand Nabil m'appelle pour me dire qu'il est là. Saliha qui comptait dormir chez Samia ne relève rien, trop occupée à rire avec Farah.

Il est là, garé dans ce coin de rue et je me sens comme une élève convoquée par la directrice. J'ouvre la portière de sa voiture comme si j'allais être punie et surprise, Nabil me sourit.

PNL: Je n'attendais rien sauf le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant