Je n'arrête pas de ressasser cette escapade londonienne dans ma tête et comme si Fati était de mèche avec Nabil, quand je lui demande si je peux changer de jour de repos la semaine prochaine pour prendre le lundi, elle me dit que ça l'arrange. Je vois ça comme un signe du destin. Du moins j'essaye de m'en convaincre, je savais très bien que Fati accepterait, le lundi est un jour calme pour nous. Ça c'est fait.
J'envoie un message à Nabil pour lui demander les horaires. Il me demande mon mail que je lui envoie :depart à 7h08 pour arriver à 8h32 heure locale et le retour à 19h01 pour arriver à Paris Nord à 22h17. Je ne compte pas mentir à mes parents. Enfin sur le fait que j'aille à Londres. Il nous arrive de temps en temps d'y aller avec Samia ou Linda pour faire les boutiques. Donc rien de bizarre.
Je pense déjà à la tenue que je vais porter. Fini la dégaine de malade, il ne m'a vu qu'une fois bien. Je veux lui plaire.
À la fin de la journée, tandis que je suis dans mes pensées en train de vider un carton dans la réserve, Yohan m'en sort en me lançant:"Hum y a eu du mouvement dans ta vie toi". Je rigole. Yohan a un sixième sens et également la provocation comme maître mot. Il s'approche de moi et me tends une boîte de pilules contraceptives et une boîte de preservatifs:"Tiens ça pourrait te servir! J'te veux pas avec un moufton maintenant!". J'éclate de rire et les lui relance. Ce type est dingue. J'aime sa folie. Elle met de la couleur dans nos journées. Fati rit avec nous tout en ajoutant son grain de sel, elle ajoute:"Regarde ses joues toutes rouges!". Je rougis donc à ce point?
Je quitte le travail le sourire aux lèvres. Il faut dire qu'après notre ancienne responsable, on respire enfin. Fati a été choisi pour reprendre son poste et depuis nos journées sont souvent identiques à celles d'aujourd'hui.
Samia m'a bel et bien dit de foncer pour Londres. Le contraire m'aurait étonné. Ce qui me rassure c'est que Nabil est un ami de longue date de son frère. Sinon quoi, jamais elle ne me pousserait comme ça. Elle aime bien Nabil.
J'ai parlé à Saliha au sujet de la dingue. Elle est bouché bée et me promets de ne rien répéter. Elle n'a pas cherché à savoir si je disais vrai concernant "l'ami" en lien avec cette fille. En même temps elle est malade et je pense qu'elle m'a vraiment cru.
J'étais gênée pour Londres mais je commence à être pressée. J'ai hâte de voir Nabil et en plus dans un tout autre contexte que malade dans sa voiture ou prise au dépourvu après une longue journée de travail.
On se parle beaucoup au téléphone mais dès qu'il va mieux et qu'il reprend le travail, ses journées se finissent très tard. Du coup on communique plus par message. Ceci étant, il m'appelle toujours au moins une fois par jour. Je me surprends à lui écrire des "bisous bisous" à la fin de mes textos. Il me dit qu'il "à hâte de me prendre dans ses bras". Mais uniquement à l'écrit. Lorsque l'on se parle de vive voix, Nabil est plus réservé, plus pudique. Mon coeur flotte entre ce qu'il m'écrit, nos fous rires au téléphone et les petits surnoms qu'il me donne "mes joues rouges", "ma ouf", "ma spéciale". Ça me fait repenser à nos premiers échanges. Il était beaucoup plus direct. Je lui en ai parlé. Sa réponse:"J'voulais que tu saches ce que j'voulais. Le temps passe vite. T'es une belle femme et intelligente, j'voulais pas regretter donc j'ai joué carte sur table et j'pense tout ce que j'dis".
Je découvre tous les jours un peu plus en lui un homme sensible à tout ce qui touche à l'art, à la nature, au monde. Il me décrit souvent la vue de sa chambre: un parc que j'ai l'impression de voir à travers ses mots et dans lequel je me promène avec lui dans nos conversations. Je lui dis de bien regarder cette fille assise sur un banc dans le parc. Que c'est moi et que je l'attends pour une balade nocturne. Le temps passe vite quand on discute.
On est déjà dimanche et j'analyse mon dressing pour établir la combinaison parfaite entre le beau et le pratique. Le but étant de ne pas en faire trop. J'aurais pu prévoir le bouton de fièvre qui vient de débarquer. Ben oui ça m'arrive toujours lorsqu'il ne faut pas, logique. C'est moche, on dirait que je me suis pris un coup mais bon.
Je me sens pressée comme une gamine et je sais que devant lui je n'en mènerai pas large. Derrière le téléphone c'est autre chose que de dire en face à face qu'il me plait. Car oui je le lui ai dit. Pas plus tard que tout à l'heure. Il se moquait de moi et me disait que moi aussi j'étais une carpe, que j'étais encore plus pudique que lui. J'ai alors dit, roulement de tambour:"C'est parce que tu me plais". Ouais, je l'ai lâché. Il m'a répondu:"Arrête j'vais rougir" et on a rit.Je vais dormir, demain je me lève tôt. Si je tarde je ne vais pas assumer le réveil. Déjà que je ne vais pas assumer mes propos...
J'ai dormi comme un bébé. Je me lève sans trop de peine et me prépare alors que tout le monde dort. Je change d'avis sur la tenue que je vais porter et trouve le match parfait au hasard des essayages. Je suis prête. Nabil voulait me réserver un Uber mais j'ai refusé. Faut pas exagérer. Je vais à gare du Nord en voiture et grâce aux bons plans de Linda, je connais un parking où je peux laisser ma voiture sans risque jusqu'à mon retour ce soir.
Je m'endors dans l'Eurostar mais me réveille juste à temps pour une petite retouche maquillage. L'arrivée à Londres St Pancreas résonne dans le train et les battements de mon coeur tambourine plus fort dans ma poitrine. Le train s'arrête. Je descends et me dirige vers le point de rdv fixé. Et là, je le vois...Il avance vers moi, il m'a vu avant que je ne l'aperçoive. Dans la foule bruyante de ce lundi matin dans cette gare, entre travailleurs et voyageurs pressés, nos regards se croisent. Nous arrivons face l'un de l'autre. Nabil me dit:"Ça va ma Ness?" tout en posant une main sur ma taille et en me faisant la bise. Enfin, une bise. Sur le front.
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PNL: Je n'attendais rien sauf le destin
Fiksi PenggemarMoi, Nessma, 27 ans et une envie grandissante de dévorer le monde. "Le monde ou rien"... Je n'attendais rien de lui mais le destin en a décidé autrement. Une rencontre inattendue un dimanche matin et mon cœur se balade d'imprévus en imprévus...avec...