Je me réveille ce matin et j'entends Saliha tousser. Je vais la voir et trouve ma mère avec elle. Elle se prépare à aller chez le médecin. Malgré la fièvre et la toux, elle ne perd pas le nord et dès qu'on se retrouve toutes les deux, elle me demande de lui raconter comment s'est passée la soirée. Je lui raconte brièvement et garde le dossier sur l'autre dingue à plus tard. Ce n'est pas du tout le moment.
Je me prépare pour le travail. Je me coiffe, me maquille, je prends le temps de bien appliquer un trait de crayon au ras de mes cils. Se maquiller et se coiffer c'est un anti-déprime. Ça boost, ça donne confiance et toute fille connaît se sentiment de "je me sens belle" aujourd'hui, après une mise en beauté réussie. Je dis réussie parce que à l'inverse quand le mascara ça va pas, que le teint ça va pas et que les cheveux n'obéissent pas, ça peut clairement ruiner une journée. Oui, les "tracas" de la vie d'une femme. Nous seules pouvons comprendre.
Quand j'arrive au travail, j'aperçois un collègue qui revient de vacances. Trois semaines qu'il n'était pas là. Trois semaines de calme sans notre pile électrique. Yohan est gentil, Yohan parle BEAUCOUP. Il a un débit de parole impressionnant mais c'est comme ça qu'on l'aime. J'imagine pas la pharmacie sans Yohanisme. On le taquine souvent et il s'en fout. Je pense que c'est d'ailleurs pour cette raison que je l'apprécie. Mais surtout Yohan c'est un sens de l'humour aiguisé. Il me serre dans ses bras et vu le large sourire qu'il affiche, je sens que la journée va être truffée de tous les détails de son séjour. Et en effet, entre ce qu'il a vu, mangé, aimé, pas aimé, adoré, détesté, Yohan nous a vendu l'Australie comme jamais. Il m'a donné envie de partir en vacances. Il nous a rapporté des petites peluches kangourou trop mignonnes. J'accroche la mienne à mon rétroviseur intérieur lorsque je prends ma pause déjeuner.
Il est 12h45 quand on décolle pour aller au restaurant chinois dans lequel nous avons nos habitudes avec Fati et Yohan. Durant le trajet j'envoie un message à Nabil pour prendre de ses nouvelles. Quelques minutes après, il m'appelle...euh...en visio? Pas de souci, mec je suis prête aujourd'hui ! Enfin non vite, vite je remets un peu de blush et de rouge à lèvres. Je loupe son appel. Je le rappelle. Vu que je suis dans ma voiture, bien évidemment je sors l'excuse du "j'étais en train de conduire".
Lorsque je vois son visage sur l'écran, il me dit ne pas me voir encore. Problème de connexion. Quelques secondes après ma tête s'affiche et je le vois sourire d'un coup: comment est-il possible d'être malade et aussi beau? Moi quand j'étais malade, j'étais pas sexy! "Sérieux viens je te soigne moi Nabil!".
Non je ne lui ai pas dit ça. Faut pas abuser. Après les "ça va?" et autres "bien dormi?", je lui demande s'il a vu un médecin. Il me dit que oui et enchaîne sur un hors sujet:"T'es toute belle ma Ness". Continue mon petit. La grippe te deshinibe, continue donc. Je me sens l'âme d'une peste mais je lui ai déjà déballé des trucs sous la fièvre. Chacun son tour.
C'est alors que je me lance à lui dire pour le mariage de Noria lorsqu'il me demande:"Alors quoi de neuf?".
- Noria a du avancer son mariage, elle a eu un souci avec sa salle. C'est le 9 finalement...Tu seras dispo...? dis-je timidement.
- C'est dans deux semaines. On rentre le 1er. Normalement on a rien de prévu le 9, faut juste que j'vérifie.
- Cool, du coup quand Saïd te dira, fais genre que t'es pas au courant hein, dis-je en riant.
- T'inquiète ptite tête. Dis-moi, mon frère ne sera pas là lundi prochain, ça te dit de venir passer la journée ici avec moi? Enfin si tu taf pas, demande-t-il un peu gêné.
- Euh...ben je sais pas...
Je balbultie. Je ne m'attendais pas à ça. Voyant que je suis mal à l'aise, il enchaîne:"Tu travailles lundi prochain?"
- Oui mais je peux m'arranger...enfin j'sais pas. Tu me gênes là et ça se voit non? dis-je en riant.
Nabil sourit et me dit:"J'prends ça pour un oui. J't'envoie ton billet, balance ton mail par texto exploratrice".
- Non sérieux ça me gêne Nabil, dis-je l'air de plus en plus sérieux.
- Arrêtes tes bêtises, je réserve.
- Déjà? Mais nan attends je réserve moi-même! Pourquoi tu viens pas?
- On sera mieux ici, personne pour pister, parler. On va s'balader. Je kiffe ici. C'est réservé.
- J'suis gênée. Merci Nabil...dis-je en n'osant même plus regarder l'écran de mon portable.
- Avec plaisir. Eh souris Ness, dit-il en toussant. Me mets pas un plan hein!
Il sourit, ce qui me fait sourire aussi. Je le remercie encore et lui dit que je dois y aller car mes collègues m'attendent. Il me rappellera ce soir.
Je me sens mal. Je ne sais pas si c'est une bonne idée. Tout est si rapide...Aussi rapide que Yohan qui grille très vite que j'étais au téléphone "avec un homme la coquine" me dira-t-il. J'esquive le sujet. Je suis flattée de l'invitation de Nabil mais dans le fond, ça ne me ressemble pas. Cette sensation de laisser-aller à des comportements qui ne me ressemblent pas me dérange.
J'entends d'ici Samia qui va me dire:"Arrête de te torturer pour rien! Vas!". Oui je vais y aller, après tout c'est déjà réservé hein...
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PNL: Je n'attendais rien sauf le destin
FanfictionMoi, Nessma, 27 ans et une envie grandissante de dévorer le monde. "Le monde ou rien"... Je n'attendais rien de lui mais le destin en a décidé autrement. Une rencontre inattendue un dimanche matin et mon cœur se balade d'imprévus en imprévus...avec...